« Je suis tatoué, vacciné SUA«
Serge Gayraud : C’est à Pont-du-Casse que j’ai passé ma première licence et qu’est née cette passion du rugby. J’y ai appris les bases du rugby, puis j’ai déménagé à Agen en juniors. Le SUA, c’est toute ma vie. J’y ai tout appris, que ce soit sur le plan technique ou humain. Je suis tatoué, vacciné SUA (rires). Il y a plein de souvenirs mémorables ! Mais ce qui me reste, c’est cette camaraderie, ces amis, et puis côtoyer de grands noms. Ce qui m’a le plus marqué durant mes années en bleu et blanc, c’est avant tout ce sentiment d’appartenance à une grande famille.
Vivez l’expérience d’une finale de championnat de France
SG : J’étais dans le groupe du SUA lors de la finale 1986 contre Toulouse (défaite 16-6). Ce fut une expérience extraordinaire ! J’avais à peine plus de 20 ans à l’époque… Être au Parc des Princes pour une finale, c’était un rêve devenu réalité. Je peux dire que n’importe quel jeune de l’époque aurait trouvé un prétexte pour suivre les gars à Paris, ne serait-ce que pour porter le sac du maillot (rires). C’était une découverte du haut niveau, de la stratégie, des hommes qui dirigent un vestiaire dans les grands moments. Ce jour-là, j’ai été émerveillé et j’ai beaucoup appris. Cette finale, même si elle ne s’est pas terminée comme nous l’espérions, m’a beaucoup appris sur la gestion du stress et la nécessité de rester soudé face à l’adversité.
Atterrir à Oyonnax, une chose en entraînant une autre
SG : Pour diverses raisons, j’ai quitté le SUA à la fin de cette saison 1986. J’ai ensuite joué à Valence d’Agen, Montchanin et Bergerac. Malheureusement, ma carrière de joueur s’est terminée plus tôt que prévu en raison d’une blessure au cou. Mais je n’ai jamais envisagé de quitter le rugby. J’ai complété mon diplôme d’entraîneur et j’ai commencé à entraîner à 30 ans. Cela a commencé avec Dijon, dans le groupe A, à l’époque où le rugby professionnel prenait son essor. Puis, en 1999, Oyonnax m’a offert une opportunité inattendue. C’était un défi, car l’équipe était en difficulté en Fédérale 1, mais j’ai accepté. Je suis arrivé à mi-saison et on a vite trouvé un équilibre en s’appuyant sur l’identité forte du club : la bagarre, la solidarité et le travail. C’est le début d’une belle aventure qui nous fait rapidement monter en division.
« Le SUA n’est pas du tout calme »
SG : Vendredi soir, ce sera un match compétitif contre Oyonnax. Agen est une bête blessée après plusieurs défaites à domicile et l’équipe n’a pas l’air sereine. Cela peut être tendu, mais l’important sera l’état d’esprit. Agen devra imposer son jeu d’entrée pour rendre la tâche difficile à Oyonnax. Ce sera un match intense.
Pour battre Oyonnax, de quoi Agen a-t-il besoin ?
SG : Tout d’abord, d’une grande valeur morale. Car, connaissant ce club, Oyonnax restera fidèle à ses valeurs : un jeu physique, un esprit de persévérance. Dans ce type de match, l’état d’esprit fera la différence. C’est une équipe qui a longtemps été basée sur le combat. Ils ont su maintenir cela, même s’ils sont aujourd’hui capables de développer leur jeu. La première étape est de ne pas mettre la charrue avant les boeufs et de les prendre devant, tout en restant serein. Chaque détail comptera et l’engagement doit être total. Agen devra s’imposer un gros défi physique. Dès les 15 premières minutes, Oyonnax doit sentir que s’imposer à Armandie sera une mission quasiment impossible. C’est un match sous pression pour les deux clubs et, dans ces moments-là, c’est avec du caractère qu’on en ressort. Il faut maintenant retrouver ce personnage. J’ose espérer qu’Agen va gagner. Compte tenu de la confiance actuelle de l’équipe, je vois un petit score.
Voir son fils suivre ses traces au SUA
SG : C’est une immense fierté. Voir Valentin jouer à un haut niveau dans ce club, où j’ai moi-même grandi, est un vrai bonheur. Il a travaillé dur pour y arriver. Le rugby d’aujourd’hui est bien plus exigeant physiquement que celui de mon époque, et il a su s’adapter. Il a su évoluer dans un environnement aujourd’hui professionnellement compliqué. Je ressens beaucoup de fierté de le voir s’épanouir chez les « pros », et ce qui me touche aussi c’est qu’il affrontera Oyonnax, d’où sont originaires sa mère et ses grands-parents. Toute la famille sera là vendredi, et c’est un rendez-vous plein de symboles. Ce sera un moment fort pour nous tous. Je pense qu’il va vouloir faire un grand match.
Joueur, entraîneur et désormais conseiller privilégié ?
SG : En tant qu’ancien troisième ligne, je partage beaucoup de conseils sur la lecture du jeu, le positionnement et l’anticipation. Mais Valentin s’est aussi entouré de spécialistes : préparateurs mentaux, coachs d’athlétisme pour améliorer ses courses… Il a compris que pour réussir, il faut investir dans tous les aspects du sport. Je suis là pour le soutenir, mais il doit tracer sa propre voie, et cela me rend fier. Quoi qu’il en soit, en fin de compte, c’est la loi du pays qui compte.
Le petit questionnaire
Une semaine : Est-ce qu’un joueur en particulier s’est démarqué au SUA, pendant votre période en tant que joueur, ainsi que dans l’équipe actuelle ?
SG : Parmi mes ex-coéquipiers, je dirais Daniel Dubroca, parce qu’il était à la fois le leader des hommes, il avait l’intelligence du jeu, il dirigeait le vestiaire et je me souviens d’une petite anecdote : à mon début, je pouvais je ne trouve jamais de place dans le bus. On me bousculait un peu ici et là et puis c’est Daniel Dubroca qui m’a dit : « Jeune, viens ici ». Alors il m’a mis à l’arrière du bus, contre la vitre et petit à petit j’ai trouvé ma place dans l’équipe. Il m’avait toujours entre les mains. J’ai beaucoup appris en le regardant travailler, jouer, diriger les hommes. C’est quelqu’un qui ne le sait peut-être pas, mais qui a laissé beaucoup de traces sur moi. Il avait du charisme, il avait tout pour mettre en confiance et tirer le meilleur de son équipe.
QH : Quant à Pont-du-Casse, comment se déroule cette saison en Fédérale 3 ? Quels sont vos objectifs ?
SG : C’est notre troisième saison dans cette division. Après avoir lutté pendant deux ans pour le maintien, aujourd’hui, ce que nous visons, c’est la qualification. Cela se passe relativement bien puisque nous sommes troisièmes du groupe. L’hiver arrive et nous savons très bien qu’il sera plus difficile pour nous à cette période de la saison. Mais nous sommes tous confiants. Je pense que cette année, nous pourrons nous qualifier et aller un peu plus loin dans la saison.
QH : En dehors du rugby, vous dirigez également une entreprise familiale. Pouvez-vous nous en parler ?
SG : L’entreprise Gayraud est une entreprise familiale spécialisée dans l’isolation thermique extérieure, fondée par mon oncle il y a plus de 50 ans. Je l’ai repris il y a 18 ans. Nous travaillons sur des projets de rénovation et la gestion des catastrophes liées à la sécheresse. Aujourd’hui, nous avons plus de deux ans de commandes à l’avance, ce qui est rare. C’est une preuve de la confiance de nos clients et de la qualité de notre savoir-faire. Cela me permet de gérer cette entreprise sereinement et, en même temps, de poursuivre mon travail avec COP XV.