Face à la menace d’effondrement du gouvernement, l’euro perd 1% face au dollar

L’incertitude politique pèse à nouveau sur l’activité. L’euro s’enfonce ce lundi, plombé par la perspective d’une chute du gouvernement français, visé par une motion de censure après que le Premier ministre a pris la responsabilité du budget critiqué de la Sécurité sociale. Vers 15h10 GMT (16h10 à Paris), la monnaie européenne reculait de 1,01% face au billet vert, à 1,0470 dollar, et de 0,21% face à la monnaie britannique, à 82,87 pence pour un euro. Lundi, le Premier ministre Michel Barnier a utilisé l’article 49.3 pour faire adopter sans vote le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), ce qui a conduit à la présentation annoncée d’une motion de censure par le parti La France Insoumise. La présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée, Marine Le Pen, a indiqué qu’elle présenterait sa propre motion de censure et que ses adjoints voteraient sur toutes les motions, y compris celle de gauche.

M. Barnier avait accepté lundi une des revendications du RN auprès du PLFSS, s’engageant à ne pas retirer les médicaments de la liste en 2025, mais le parti d’extrême droite souhaitait qu’il renonce également à la désindexation des retraites. Si le gouvernement s’effondre, « Cela pourrait conduire à des coupes budgétaires et à d’autres mesures d’austérité qui pourraient nuire à la croissance économique »explique Kathleen Brooks de XTB. Par ailleurs, si le RN arrivait au pouvoir après de nouvelles élections, l’analyste doute qu’il soit en mesure de réduire le déficit public français, actuellement supérieur à 6% du PIB. « Des données économiques décevantes et la perspective d’une baisse significative des taux par la Banque centrale européenne (BCE) l’année prochaine exercent également une pression croissante » sur l’euro, ajoute Brooks.

Le dollar gagne également 0,85% face à la devise britannique, à 1,2627 dollars pour une livre, soutenu par les récentes déclarations de Donald Trump sur son réseau Truth Social. Le président élu a menacé d’imposer des droits de douane samedi “100%” aux neuf pays BRICS, dont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, qui réfléchissent à la possibilité de créer leur propre monnaie commune pour se passer du dollar, monnaie de référence actuelle du commerce mondial. “Cela signifie qu’à partir d’aujourd’hui, la domination du dollar n’est plus volontaire, mais imposée par les Etats-Unis”estime Ulrich Leuchtmann, analyste chez Commerzbank. La semaine dernière, Donald Trump avait déjà déclaré son intention d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits importés du Mexique et du Canada. Autre facteur de hausse du dollar, l’activité manufacturière aux Etats-Unis s’est encore dégradée en novembre, mais moins que prévu, et les perspectives s’améliorent pour les entreprises américaines après les incertitudes de l’élection présidentielle.