Le soutien de l’Europe à l’Ukraine doit rester sans limites et inclure la possibilité de déployer des troupes à l’avenir, a déclaré dimanche 1er décembre la chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Kaja Kallas, à plusieurs médias. Selon elle, cette approche permettrait de préserver une ambiguïté stratégique essentielle vis-à-vis de la Russie.
L’ancien Premier ministre estonien Kaja Kallas a pris ses fonctions de haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ce dimanche 1er décembre, succédant à Josep Borrell.
Célèbre pour ses positions fermes à l’égard de la Russie, pays frontalier de l’Estonie, elle a réaffirmé ses convictions sur ce sujet lors de son audition de confirmation au Parlement européen le mois dernier.
Au cours du premier jour de leur mandat, Kaja Kallas, le président du Conseil européen António Costa et la commissaire à l’élargissement Marta Kos se sont rendus en Ukraine pour exprimer leur soutien au pays en guerre contre l’envahisseur russe.
Envoyez des troupes en Ukraine
À bord du train de nuit vers l’Ukraine, Kaja Kallas a déclaré que l’Union européenne ne devrait exclure aucune option, y compris l’envoi de troupes européennes, pour aider à faire respecter un éventuel cessez-le-feu à l’avenir.
En effet, la haute représentante de l’UE a souligné que l’Europe devrait “Jouer un rôle” si un cessez-le-feu était conclu et qu’il fallait envoyer des troupes pour vérifier qu’il était respecté.
« Quoi qu’il en soit, le choix reste entre les mains de l’Ukraine »remarqua-t-elle.
«Jusqu’à présent, les discussions se sont concentrées sur les pays qui seraient disposés à envoyer des soldats en Ukraine et ceux qui ne le feraient pas. Je pense que rien ne doit être exclu »continua-t-elle.
« Nous devons maintenir une ambiguïté stratégique sur ce sujet. »
Le 29 novembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a semblé changer de position sur d’éventuels pourparlers de cessez-le-feu, appelant l’OTAN à offrir une protection partielle du territoire ukrainien. Il propose de « placé sous l’égide de l’OTAN » les territoires contrôlés par Kyiv afin de «mettre fin à la phase chaude de la guerre».
« Si nous parlons d’un cessez-le-feu [nous avons besoin] garantit que [Vladimir] Poutine ne reviendra pas. » a-t-il déclaré à Sky News dans une interview.
Interrogée sur ce récent changement de position ukrainienne, Kaja Kallas a souligné que « la meilleure garantie de sécurité est l’adhésion à l’OTAN ».
« Nous devons absolument en discuter : si l’Ukraine décide de fixer une limite quelque part, comment pouvons-nous garantir la paix afin que [Vladimir] Poutine ne va pas plus loin.»dit-elle.
Cependant, les diplomates de l’OTAN préviennent depuis des mois qu’il y avait peu de chances que l’Ukraine reçoive une invitation à rejoindre l’alliance militaire. Plusieurs membres de l’alliance, dont les États-Unis et l’Allemagne, ont insisté sur le fait qu’ils ne voulaient pas se laisser entraîner dans une éventuelle guerre avec la Russie.
Kaja Kallas a également déclaré que l’UE chercherait à « construire des ponts » et utiliserait un « langage transactionnel » pour tenter de convaincre l’administration américaine de Donald Trump qu’il est dans l’intérêt de Washington de soutenir Kiev.
« L’aide à l’Ukraine n’est pas de la charité »a-t-elle souligné. « Une victoire pour une Russie enhardie[rait] certainement la Chine, l’Iran et la Corée du Nord, qui opèrent déjà ensemble. »
“Mais quand j’entends les histoires des États membres [de l’UE] qui ont eu des discussions avec l’administration Trump […] eh bien, ils ne disent plus que c’est si facile de mettre fin à cette guerre.a reconnu l’homme politique estonien.
Kaja Kallas a également mis en garde contre les dangers d’un cessez-le-feu trop précoce pour mettre fin à la guerre, citant la décennie d’agression russe en Ukraine depuis l’annexion de la Crimée en 2014.
« Entre 2014 et 2022, nous avons eu plusieurs cessez-le-feu, et ce que nous avons vu, c’est que la Russie ne respecte pas les termes de ces cessez-le-feu, et nous avons eu davantage de guerres »dit-elle.
Le chef de la diplomatie européenne a déclaré que l’UE continuerait à chercher à placer l’Ukraine dans la position “le plus fort” possible en vue d’éventuelles négociations avec Moscou — si et quand Kiev le souhaite.
Interrogé par Euractiv sur ce que l’UE pourrait faire de plus pour soutenir matériellement l’Ukraine, Kaja Kallas a admis qu’il devenait “de plus en plus difficile” parvenir à l’unité sur cette question au sein du bloc.
« Cette guerre dure depuis un certain temps et il est de plus en plus difficile de l’expliquer à nos concitoyens »dit-elle.
Emmanuel Macron n’exclut pas d’envoyer des troupes en Ukraine
27 chefs d’État et de gouvernement réunis à Paris pour une conférence de soutien à l’Ukraine se sont déclarés prêts à acheter des munitions produites dans des pays tiers. Emmanuel Macron a précisé que l’envoi de troupes en Ukraine ne pouvait être exclu.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]