Beauvais. Contre les cortèges de mariage qui dégénèrent, la ville veut une caution

Beauvais. Contre les cortèges de mariage qui dégénèrent, la ville veut une caution
Beauvais. Contre les cortèges de mariage qui dégénèrent, la ville veut une caution
Illustration de débordements lors d’un cortège de mariage, ici à Pont-Saint-Maxence. (Photo : Twitter/Arnaud Dumontier)

Autre sujet de débat lors de la conseil municipal de Beauvais Mardi 26 novembre au soir : le vote d’un vœu à poser une caution pour les couples qui se marient à la préfecture de la ville. Cette caution, qui devrait être comprise entre 500 et 1 000 €, est censée prévenir les comportements dangereux lors cortèges de mariage. Il aurait pu faire l’objet d’un décret mais le maire Franck Pia a décidé de le soumettre au vote du conseil, sous forme de vœu. Cela a été perçu à gauche comme une provocation politique.

Pour défendre leur souhait, la majorité souligne les risques et dérives récentes constatées dans les cortèges de mariage à Beauvais. Selon le maire, la charte actuellement en vigueur, et que signent tous les mariés, ne suffit plus à garantir le respect du code de la route par le cortège. Et “la vidéoprotection ne peut pas tout faire». «Nous pouvons klaxonner, montrer notre joie», se défend encore Franck Pia.

“Je ne voulais pas paraître trop autoritaire”, affirme le maire de Beauvais

C’est Mohrad Laghrari qui s’est exprimé le premier au nom de l’opposition. “Nous condamnons les actes et comportements dangereux“, a-t-il précisé. Avant de demander au maire pourquoi il avait choisi d’en faire un vœu. “Pourquoi ne pas simplement prendre un arrêté municipal ? Vous savez comment le faire quand vous en avez besoin. Vous l’avez fait avec l’école Foëx», rappelle le conseiller.

Mohrad Laghrari ajoute que dans la charte que signent les mariés, la commune peut intenter une action en justice en cas de trouble à l’ordre public. Et ce problème de cortèges de mariage débordants remonte à des années. Pour lui, il s’agit d’un vote à des fins électorales. “C’est un changement pour moi, de vouloir flatter les idéologies qui se cachent derrière ce souhait», a-t-il déclaré en faisant référence à l’extrême droite. Il prévient le maire : «tu nourris une bête que tu ne contrôleras pas».

Franck Pia s’est défendu. “Cette charte ne fonctionne pasinsiste l’édile. Il prévoit des dispositions qui ne permettent pas de sanctionner les auteurs car on ne peut pas les reconnaître. Nous devons élever la voix.» Il ne précise cependant pas comment, si les auteurs ne peuvent être confondus, la caution des mariés peut être utilisée. Quant au souhait plutôt qu’au décret : «Je ne voulais pas paraître trop autoritaire.», a-t-il expliqué.

Une caution qui ne change rien pour les mariages et leurs cortèges ?

Mais cette explication n’a pas convaincu Gregory Narzis (PRG). “Il faut un décret. Le conseil municipal ne peut, c’est illégal, demander aux mariés de verser une caution dans la charte signée à moins que vous n’ayez pris un arrêté dans le cadre de vos pouvoirs de police.», a-t-il assuré. Pourtant, de nombreuses communes en ont voté aujourd’hui la mise en place d’une caution pour les couples mariés. La différence est que, selon la presse locale, ces cautions visent à éviter des retards ou des dommages à la mairie. Aucun ne semble sanctionner les cortèges de mariage.

Dans un article The Dispatch from Évreux remet même en question la validité juridique d’une telle mesure. Selon l’avocat interrogé, même si les mariés refusent de verser une caution, la ville n’aurait pas le pouvoir de refuser de les marier. Du moins pas pour cette raison. Dans ce flou, difficile de garantir que la caution évite des excès lors des futurs cortèges nuptiaux.

Créer un groupe de travail qui existe déjà

Grégory Narzis est ensuite revenu sur une proposition de Leïla Dagdad de créer un groupe de travail transpartisan sur les rodéos urbains. “Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? Nous vous demandons de créer ce groupe de travail transpartisan», plaide-t-il. Problème : “Ce groupe transpartisan est déjà créé et s’est réuni une fois», répond Sandra Plomion, adjointe chargée de la sécurité.

Ce que confirme aussitôt Leïla Dagdad. Qui ajoute : «Je suis déçu car nous n’étions que 4 ou 5. Nous sommes 45 dans cette assemblée et je pense que nous pourrions nous intéresser un peu plus à cette problématique.» Elle se dit aussi «surpris par ce souhait car c’est quelque chose qui a été évoqué lors du groupe de travail et j’ai pensé que ce serait le fruit du travail de ce groupe.» Mais non, ce mardi soir il a été clairement présenté comme le fruit du travail du maire. Grégory Narzis a assuré qu’il n’avait jamais reçu le mail l’invitant à travailler sur des rodéos urbains et qu’il y aurait volontiers participé.

La discussion s’est ensuite déplacée vers la politique politique supposée de chaque parti. Afin de récolter des voix pour les élections municipales de 2026. Finalement le vœu a été retenu. Les deux groupes de gauche qui s’y étaient opposés n’ont pas pris part au vote.

 
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