Le gouvernement pourrait utiliser le 49,3 à partir de lundi et s’exposer cette semaine à une motion de censure qui pourrait avoir de graves conséquences. Mais Michel Barnier a encore d’autres options. Un petit aperçu du calendrier politique frénétique à venir.
C’est une semaine dangereuse pour le gouvernement. Le sort de l’exécutif pourrait basculer dès ce lundi, tandis que le Premier ministre Michel Barnier pourrait recourir au 49,3 à l’occasion de la présentation du texte de loi sur la sécurité sociale, première partie du budget.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale doit être examiné à partir de 15 heures. Et “sauf miracle”, le RN votera en faveur de la censure, a promis lundi sur RTL le président du parti d’extrême droite Jordan Bardella.
En clair, les débats devraient débuter ce lundi à 15 heures et le gouvernement pourrait démarrer le 49.3 après les discussions vers 18 heures. Dans ce cas, le RN voterait une motion de censure avec les oppositions de gauche : « Le gouvernement ne peut pas tomber aujourd’hui, il le ferait mercredi. », explique ce lundi sur CMR et Histoire du CMR Benjamin Morel, politologue et professeur de droit public à Paris II Panthéon-Assas.
« Il faut 48 heures pour débattre d’une motion de censure, ce serait donc mercredi, mais aujourd’hui on saura très probablement si le gouvernement va tomber. Nous aurons le bout de l’histoire mercredi», insiste-t-il.
Suivez notre diffusion en direct >>> Budget : Bardella assure que le RN votera la censure du gouvernement Barnier “sauf miracle”
Et au lendemain du vote de la motion de censure, le gouvernement tomberait « à ce moment précis » : « Ce n’est pas comme le mois de juillet. où il a fallu attendre qu’Emmanuel Macron accepte la démission du gouvernement. Avec la motion de censure, ce n’est pas le cas, le gouvernement démissionne immédiatement et continue de s’occuper des affaires courantes. On aurait un gouvernement un peu mort et vivant et il faudrait rapidement nommer quelqu’un pour avoir le budget d’ici le 31 décembre», prévient Benjamin Morel.
Le gouvernement qui devrait suivre pourrait être un “gouvernement technique”, sans membres de partis politiques apparents, sans hauts fonctionnaires, sans personnalités qui ne divisent pas “et dont personne n’aura à assumer la responsabilité”. «Pour les groupes, c’est moins problématique», explique Benjamin Morel.
L’invité du jour : Benjamin Morel – 02/12
Vers la démission d’Emmanuel Macron ?
Et “si le gouvernement de Michel Barnier tombe, je pense que la question qui se posera sera celle de la démission du président de la République”, De son côté, le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard anticipe sur Europe1/CNews/LesEchos.
Cette option pourrait “rebattre certaines cartes mais ne résoudrait pas les problèmes à court terme”, prévient Benjamin Morel. « Nous avons besoin d’un budget avant le 31 décembre et le moment d’organiser les élections sera en janvier. Par ailleurs, en théorie, un président de la République ne peut pas dissoudre l’Assemblée nationale, même s’il démissionne, avant juillet. Ce serait anticonstitutionnel», dit-il.
Il ne reste qu’une seule option à Michel Barnier, celle de se passer du 49.3 et de tenter de faire voter démocratiquement son budget à l’Assemblée nationale : « Cela pourrait être une démarche intelligente. On voterait le budget et il serait rejeté et on reviendrait sur le texte du Sénat et après 50 jours de débat, on pourrait appliquer ce budget par ordonnance et cela se fera cette semaine”, prévient Benjamin Morel.
Aux alentours du jeudi 5 ou du vendredi 6 décembre, le Premier ministre Michel Barnier pourrait donc se passer du vote : « Mais l’opposition risque de ne pas être comptée. Il n’y a pas besoin de 49,3 pour une motion de censure, il suffit que 58 députés en présentent une”, explique le constitutionnaliste.
L’exécutif tente de négocier jusqu’au bout. Le gouvernement reste “ouvert au dialogue”, assure lundi sa porte-parole Maud Bregeon, qui prévient : “Le meilleur intérêt du pays est que ce pays ait un budget et ne sombre pas dans l’incertitude” et que “chaque député” vote pour le Les censeurs de gauche ou du RN « devront rendre des comptes dans sa circonscription ». Rendez-vous ce lundi à 15h pour le début des hostilités.
Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC