L’ancien ministre israélien de la Défense Moshe Yaalon a déclaré samedi que l’armée israélienne procédait à un « nettoyage ethnique » dans la bande de Gaza, provoquant un tollé au sein de la classe politique.
“La voie sur laquelle nous sommes conduits est la conquête, l’annexion et le nettoyage ethnique”, a déclaré M. Yaalon dans une interview à la chaîne privée DemocratTV.
Relancé par le journaliste qui lui demandait s’il pensait qu’Israël se dirigeait vers un « nettoyage ethnique », M. Yaalon a répondu : « Que se passe-t-il là-bas ? Il n’y a plus de Beit Lahia, plus de Beit Hanoun, l’armée intervient à Jabalia et en réalité les Arabes sont chassés », en référence à plusieurs villes de la bande de Gaza bombardées par l’armée israélienne.
Les réactions ont été nombreuses, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qualifiant de « honte » qu’Israël ait « un tel caractère de chef de l’armée et de ministre de la Défense ».
Le Likoud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a réagi dans un communiqué fustigeant M. Yaalon « dont (…) les propos mensongers sont un cadeau à la CPI et au camp des ennemis d’Israël ».
Le 21 novembre, la Cour pénale internationale (CPI) a notamment émis un mandat d’arrêt contre M. Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Moshe Yaalon, 74 ans, était le chef de l’armée israélienne entre 2002 et 2005, juste avant le retrait unilatéral d’Israël de la bande de Gaza.
M. Yaalon a été ministre de la Défense et vice-Premier ministre, avant de démissionner en 2016, suite à des différends avec M. Netanyahu, alors Premier ministre.
Considéré comme un faucon lors de sa carrière politique au sein du Likoud, il s’est allié en 2019 avec l’actuel chef de l’opposition Yaïr Lapid avant de se retirer de la vie politique en 2021.
Habitué des phrases choquantes, il avait récemment soutenu les soldats qui avaient menacé de ne pas se présenter à l’armée comme réservistes, affirmant que s’il « avait été officier dans l’armée de Hitler », il aurait refusé de faire certaines choses, tout en ajoutant qu’il « n’est pas comparable » à la situation en Israël.
La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque surprise du Hamas qui a entraîné la mort de 1.207 personnes côté israélien, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages. morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.
La campagne militaire de représailles lancée par Israël a tué 44 382 personnes dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU.