A la recherche de la morille de feu, le trésor qui dort sous les cendres – .

A la recherche de la morille de feu, le trésor qui dort sous les cendres – .
A la recherche de la morille de feu, le trésor qui dort sous les cendres – .

Son cri s’est fait entendre au loin, au beau milieu de la forêt boréale. Claire Benoit, une cueilleuse partie à l’aventure à des dizaines de kilomètres au nord de Sept-Îles, là où les incendies avaient tout brûlé, venait de trouver sa première morille.

C’était une mission qui se tramait depuis un an. Depuis qu’une saison historique d’incendies a ravagé des dizaines de milliers d’hectares de forêt sur la Côte-Nord. Claire Benoit l’a immédiatement sentie, loin sous les panaches de fumée, au pied des troncs noirs dénudés par les flammes, enfouis sous un sol calcifié : une opportunité, la morille de feu.

Il s’agit d’un champignon rare et prisé qui pousse dans les cendres des feux de forêt, et l’entrepreneuse s’est mise en quête d’en trouver. Selon elle, aucune exploration de ce genre n’avait encore été faite dans la région, et de toute façon, l’incertitude fait partie intégrante du métier. Il y a de bonnes années et d’autres moins bonnes. La possibilité de ne pas trouver de morilles du tout était présente dès le début..

Avec le recul, Claire Benoit raconte son parcours avec discernement et fierté : le risque en valait la peine, assure-t-elle, même si elle et ses compagnons d’aventure sont partis 16 jours dans une terre inhospitalière.

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Une dizaine de personnes sont venues en aide à Claire Benoit (au centre), la plupart au sol, près de la rivière Moisie.

Photo : Charlotte B.-Domingue

C’était un gros défi logistique, car il fallait penser à tout : l’hébergement, la protection contre les mouches, contre les réactions allergiques, les premiers secours…

Une citation de Claire Benoit, owner of Trésor des bois.

L’isolement des cueilleurs était presque absolu. Le territoire de la côte nord est sauvage, en grande partie inaccessible par la route et sans réseau cellulaire. Ils sont donc partis en train le 3 juin, trois d’entre eux plus un chien, avec près de mille kilos de bagages. D’autres les rejoindraient; en tout, dix personnes ont participé à la recherche sur le terrain, un terrain identifié bien à l’avance, à environ deux heures de train à l’intérieur des terres.

Restez dans les décombres des incendies de forêt

C’est parmi les décombres de l’incendie 172, celui-là même qui a forcé l’évacuation de Sept-Îles et de Maliotenam l’an dernier, que Claire Benoit installe son campement principal. Le feu n’a laissé derrière lui que des souches et deux rivières, la Nipissis et la Moisie. C’est en traversant ce dernier cours d’eau mythique que l’équipe commence à prospecter.

hectares à couvrir dans ce premier secteur”,,”text”:”Il y avait environ 140 hectares à couvrir dans ce premier secteur”}}”>Il y avait environ 140 hectares à parcourir dans ce premier secteur.raconte le propriétaire de Trésor des bois. D’autres zones avaient aussi été identifiées, et durant les jours qui ont suivi, Claire Benoit et son équipe ont marché, marché, marché. Parfois jusqu’à dix kilomètres par jour.

Dévorés par les mouches et sous une chaleur dépassant parfois les 30 degrés Celsius, les cueilleurs traversent en quelque sorte le désert. Le champignon est introuvable : sous le soleil de plomb, entre les pins gris brûlés qu’ils croisent par milliers, sur le sol sablonneux qu’ils foulent, aucune morille ne pousse encore. Qu’attend-elle ?

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Plusieurs endroits avaient été identifiés comme susceptibles de voir pousser des morilles, notamment en fonction de l’intensité de l’incendie qui a rasé la forêt en 2023.

Photo : Charlotte B.-Domingue

Un gros dormeur

On connaît encore très peu de choses sur la morille de feu, prévient d’emblée Jean-François Bourdon. L’ingénieur forestier, qui a connu Claire Benoit lorsqu’ils étaient collègues au ministère des Ressources naturelles et des Forêts, a rédigé son mémoire de maîtrise sur ledit champignon.

C’est donc tout naturellement vers lui que la cueilleuse s’est tournée lorsque l’idée de son expédition lui est venue, trois ans après avoir repris l’entreprise de cueillette Trésors des bois. C’est M. Bourdon qui lui a indiqué où chercher, notamment en fonction de l’intensité des incendies.

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L’ingénieur forestier Jean-François Bourdon a aidé Claire Benoit en lui indiquant les emplacements propices aux morilles de feu le long de la voie ferrée entre Sept-Îles et Schefferville, en noir sur la carte.

Photo: Jean-François Bourdon

Car son nom dit tout : c’est là où les arbres ont brûlé que la morille de feu donne ses fruits. Et c’est bien le fruit de la morille qui intéresse les cueilleurs, alors que la partie la plus importante du champignon, le mycélium, reste sous terre. C’est là, à travers un réseau parfois immense de filaments microscopiques, que le champignon vit, se nourrit, et même se reproduit.

Nous sommes encore dans le domaine des spéculations quant à l’étendue de la morille de feu, mais je ne serais pas surpris qu’elle soit réellement présente partout dans la forêt boréale.

Une citation de Jean-François Bourdon, ingénieur forestier.

Ici, la morille de feu ne fait pas exception. Ce qui la distingue, selon M. Bourdon, c’est sa patience. On pense que le champignon resterait en dormance dans le sol pendant des années et des années.jusqu’au moment idéal. Claire Benoit espérait que ces conditions seraient réunies ce printemps, mais elles sont nombreuses.

Le premier est la mort massive des arbres. Contrairement à de nombreux champignons, dits mycorhiziens, qui vivent en symbiose avec les arbres, la morille de feu fait partie de ceux qui se nourrissent de plantes en décomposition, appelées saprophytes. Lorsqu’un incendie s’abat sur une forêt, comme ce fut le cas lors de l’incendie 172, des millions d’arbres meurent et rendent soudain disponibles de grandes quantités de nutriments.

Mais l’arbre n’est pas la seule chose que le feu doit détruire. L’humus, cette couche organique recouvrant le sol minéral, doit aussi être détruit, sinon la morille de feu n’aura plus de place pour pousser. Or, là aussi, tout indique que le feu 172 a été suffisamment intense pour venir à bout de cette carapace.

Enfin, une autre condition doit être remplie pour que la morille de feu apparaisse : comme beaucoup d’autres champignons, elle a besoin de pluie.

Mais sous les pas de Claire Benoit et de son équipe, la mousse de caribou craque. Les cueilleurs luttent contre la déshydratation.

Contourner la mère nature

C’est peut-être ces températures qui ont tué un peu dans l’œuf la morille.acquiesce Mme Benoit. Alors que le jour du départ approche, et qu’il n’y a toujours pas de morilles en vue, une idée vient à l’entrepreneure : arroser elle-même la forêt.

Ce n’est pas une blague s’exclame-t-elle. : « Eh bien, que nous reste-t-il à faire ??\””,”text”:”On a vu le temps passer et il n’y avait pas de pluie à l’horizon, alors on s’est dit : \”Bon, qu’est-ce qu’il nous reste à faire ?\””}}”>On a vu le temps passer et il n’y avait pas de pluie à l’horizon, alors on s’est dit : « Bon, qu’est-ce qu’il nous reste à faire ? » Elle et ses compagnons puisent de l’eau dans la rivière Moisie et gravissent un talus avec 92 litres d’eau.

C’est là-haut, sur un plateau de pins gris et dénudés, que quelques jours plus tard, Claire Benoit poussa un cri. !\” Puis finalement les gens qui étaient restés au camp de base, de l’autre côté de la rivièreMoisie, j’ai entendu.”,”text”:”C’était assez exceptionnel. Être en haut d’une pente et crier à mon partenaire qui est en bas : « J’ai trouvé une morille ! » Puis finalement les gens qui étaient restés au camp de base, de l’autre côté de la rivière Moisie, ont entendu.”}}”>C’était assez exceptionnel. Être en haut d’une pente et crier à mon partenaire qui était en bas : « J’ai trouvé une morille ! » Puis finalement les gens qui étaient restés au camp de base, de l’autre côté de la rivière Moisie, ont entendu.

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Claire Benoit et ses compagnons ont beaucoup marché, jusqu’à dix kilomètres par jour. Cela n’aurait pas été le cas s’il y avait eu beaucoup de cueillette à faire…

Photo : Charlotte B.-Domingue

Toute cette joie pour une seule morille n’est pas disproportionnée, insiste-t-elle ; la découverte d’une petite chose peut en révéler une bien plus grande. Je dirais que celui que nous avons trouvé, même s’il était très petit, a fait toute la différence, explique-t-elle. Il confirme que le mycélium était présent.

De retour à Sept-Îles, Claire Benoit, renforcée par cette découverte, est déjà optimiste quant à de nouvelles aventures. En attendant, de nombreuses récoltes s’enchaînent et la tiennent occupée. Dès mon retour, il y avait des bourgeons de marguerites, maintenant c’est du persil de mer, des pousses d’épinette noire et des fraises des bois.

D’autres champignons, plus fiables, commenceront à pousser fin juillet. Les morilles poussent-elles à l’automne ? Peut-être ira-t-elle vérifier. Où ? Claire Benoit reste muette sur ce point. Un cueilleur ne révèle jamais ses lieux de récolte.

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La seule morille que Claire Benoit a pu trouver, elle l’a cherchée longtemps et même provoquée. Mais malgré sa petite taille, la cueilleuse assure qu’elle est de bon augure.

Photo : Charlotte B.-Domingue

 
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