Par
Vincenzo Guerrier
Publié le
28 novembre 2024 17h36
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HA 92 et 93 ansRolande et Georges Fleury ont célébré leurs noces de platine Pin-la-Garenne (Orné). Une vie d’union qui remonte donc à 70 ans. Nous sommes à la fin des années 40, après la Seconde Guerre mondiale. Georges a débuté sa vie professionnelle dans une ferme du Perche.
Il n’a même pas 20 ans, mais pour ce jeune homme né en 1931, la guerre et l’occupation ont forcément accéléré sa croissance. Il se souvient par cœur du défilé allemand, des expéditions nocturnes pour produire de la farine, ou encore de l’emplacement de la Kommandantur à Mortagne-au-Perche. Dans sa mémoire, c’était hier et ne partira jamais.
Rencontre à la ferme
Quelques années plus tard, il fut embauché pour aider à la ferme. La fille du fermier s’appelle Rolande. Elle a un an de moins que lui. « Elle était belle et très petite », raconte aujourd’hui la fille de Rolande et Georges, qui elle-même s’appelle Rolande Fleury. « C’est vrai qu’elle était belle », murmure Georges.
Pourquoi les deux s’aimaient-ils autant ? Il ne peut pas l’expliquer, plus de 70 ans plus tard. Ou plutôt, ils gardent pour eux ces secrets intimes.
Quatre ans de clandestinité
Ce qui est sûr, c’est qu’à ce moment-là Georges ne pouvait pas trop montrer ses sentiments. Leur amour est discret, modeste. Et pour cause, le père de Rolande ne veut pas de cette union. Trop tôt. « Le père voulait que j’aie ma propre ferme avant de me prendre la main », explique Georges avec son accent percheron presque intact.
Il faut donc s’embrasser à l’abri des regards et s’aimer sans trop le montrer. Vient ensuite le service militaire. Georges doit rentrer en Allemagne en 1951. Il y passe 18 mois, loin de son Perche natal. Abonné à son hebdomadaire local bien-aimé qu’il reçoit à l’étranger, il suit l’actualité à plus de 1 000 kilomètres du Perche.
Mais ce n’est pas le seul plaisir que lui procurera La Poste.
J’ai écrit des lettres à Rolande pour lui donner de mes nouvelles. Et pour que ton père ne les voie pas, je les ai envoyés via Restaine Post.
Alors Rolande se rendait régulièrement et secrètement à la poste pour demander s’il y avait des lettres pour eux. « Et quand je l’ai eu, je lui ai répondu, bien sûr », se souvient Rolande en souriant. « Nous avons fini par nous voir en secret pendant quatre ans. »
Trois enfants
Rolande, la fille, parle avec plaisir d’un couple « très soudé, très uni et toujours bienveillant l’un envers l’autre. » Le secret de la longévité ? « Quand on a vécu la guerre, la mentalité était forcément différente de celle d’aujourd’hui. C’était une autre époque », estime celle qui est aujourd’hui elle-même grand-mère.
A son retour d’Allemagne, Georges souhaite épouser Rolande. Il décide alors de s’installer avec elle dans une ferme. « J’ai commencé avec une seule vache », se souvient-il en riant. Par la suite il produira du lait et livrera également son cidre, fruit de ses vergers de pommiers, aux restaurants de Mortagne.
Le mariage a lieu le 23 novembre 1954 à la mairie du Parfondival. Le repas sera servi à Mortagne-au-Perche. Rolande et Georges auront plus tard trois enfants : Aline, Rolande et Jean-Pierre.
Ce dimanche 24 novembre, toute la famille s’est retrouvée pour célébrer ces noces de platine. Un événement rare à ne pas manquer.
À la maison de retraite Pellonière, où ils sont arrivés il y a seulement quelques années, ils disposent désormais chacun de leur chambre. « Non, on ne couche plus ensemble, c’est comme ça », dit simplement Rolande. Mais le couple se retrouve dans la journée. Pour lire, discuter et parler du temps qui passe. À deux, ça coule toujours mieux.
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