« Y a-t-il un pilote dans l’avion ? », « Top Secret ! », « Hot Shots ! »… Avec les frères David et Jerry Zucker, Jim Abrahams a donné un élan au cinéma comique dans les années 1980-1990. Le « A » de « ZAZ » est décédé à l’âge de 80 ans.
Par Samuel Douhaire
Publié le 27 novembre 2024 à 16h56
Mis à jour le 27 novembre 2024 à 17h07
«J.hé, as-tu déjà vu un homme nu ? Êtes-vous déjà allé dans une salle de sport ? […] Aimez-vous les films de gladiateurs? […] Avez-vous déjà visité une prison turque ? » Quiconque a pleuré de rire devant les scènes (politiquement très incorrectes aujourd’hui…) de Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (1980) au cours duquel Peter Graves, alias Commandant Oveur (Havoux en VF), discute de manière « équivoque » avec un petit passager, ne peut qu’être ému par l’annonce du décès, à 80 ans, de Jim Abrahams. Avec les frères David et Jerry Zucker, ses acolytes de « ZAZ » (il était le « A »), le scénariste et réalisateur a en effet donné un élan salvateur au cinéma comique américain des années 1980 et 1990.
Les trois fous, dont les pères respectifs étaient collègues de bureau, se connaissaient depuis l’enfance, ayant usé leurs pantalons dans le même lycée et la même synagogue de la petite ville de Shorewood, dans le Wisconsin. C’est à l’université d’État qu’ils fondent, en 1971, le Kentucky Fried Theatre, où ils alternent sketches improvisés sur scène et tournage de parodies de publicités et d’émissions de télévision. Le succès est tel que la ZAZ décide d’exporter la formule à Los Angeles où elle demande à un réalisateur aussi jeune qu’elle, un certain John Landis, de tourner son premier scénario. Le carton en 1977 de Le film Kentucky Fried (Sandwich au film hamburger en « bon » français) leur ouvre les portes d’Hollywood.
La « touche ZAZ »
Le studio Paramount, qui entend surfer sur la tendance des films catastrophes en haute altitude, accepte sa proposition de tourner un remake satirique de A zéro heure, une histoire obscure de 1957 dans laquelle, grâce à un scénario involontairement auto-parodique, Dana Andrews incarne un vétéran traumatisé par la guerre de Corée contraint de prendre les commandes d’un avion de ligne suite à l’intoxication alimentaire de la guerre de Corée. ‘équipage. Y a-t-il un pilote dans l’avion ? marque les débuts officiels du ZAZ touch, as defined by Stefano Darchino, programmer at the Cinémathèque française: “un mélange d’humour visuel sophistiqué et de comédie discrète” et « un taux de gags très élevé, combiné à une savante utilisation de la mise en scène ».
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Cet humour absurde et survolté donne toute sa mesure dans Top secret! (1984), officiellement réalisé par David Zucker seul mais bien écrit et tourné en symbiose par les trois ZAZ (Paramount étant réticente à signer trois contrats de production pour un seul film). Cette fois, ce sont les films de guerre qui prennent leur place, avec l’histoire d’une rock star (Val Kilmer jeune garçon) invitée à se produire derrière le rideau de fer. Le film est tellement fou que, cette fois, le public ne le suit pas.
Le succès revient en 1986 avec la comédie noire Y a-t-il quelqu’un pour tuer ma femme ?puis en 1988 grâce à Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? dans lequel Jim Abrahams et les frères Zucker s’adaptent Escouade de police, leur propre série policière a été diffusée en 1982 sur ABC – avec Leslie Nielsen dans le rôle du lieutenant Frank Drebin. Ce détective, aussi inutile et maladroit que l’inspecteur Clouseau, continuera de travailler dur pour tenter de sauver « le président » (en 1991) puis « Hollywood » (en 1994), sous les directions respectives de David Zucker et Peter Segal. Jim Abrahams, de son côté, réalisera deux dernières pépites comiques en solo avec Des coups chauds ! (1991) et Des coups chauds ! 2 (1993). Le premier ridiculise brillamment Top Gun et le second, à peine moins drôle, le Rambo…