Qu’est-ce que je vous sers ? J’ai du sirop, du café, de la vodka ou de la bière. Pas de doute, nous sommes dans une maison d’étudiant, comme le confirme l’enseigne de chantier qui décore la pièce principale, faisant office de salon, cuisine et chambre. Son studio de 25 m2 en centre ville de Niort, pour 325 € de loyer hors charges, Gabriel en est content. Il faut dire que l’étudiant s’est presque retrouvé sans toit au moment d’entamer sa deuxième année d’études de premier cycle à l’Université catholique de l’Ouest (UCO), en septembre 2024.
« Pour 380 euros par mois, vous disposez d’un débarras de 15 m2 »
« Mon père n’était plus assez « pauvre » pour que je puisse bénéficier d’un logement du Crous comme l’année précédente, mais je ne l’ai découvert que durant l’été, il se souvient. Ce qui veut dire que lorsque j’ai commencé à chercher un appartement, début août, il ne restait plus grand-chose qui correspondait à mon budget.à savoir : 400 € par mois maximum, toutes charges comprises.
Selon Adil, dont les données sur le sujet restent à consolider, le loyer moyen d’un studio à Niort serait de 352 €, contre 446 € pour un T2. Le budget moyen des étudiants niortais oscille entre 450 € et 500 € par mois, contre 350 € il y a quelques années. Et pour cause.
Passé de 2 500 à 3 500 entre 2020 et 2024, le nombre d’étudiants à Niort pourrait dépasser les 5 000 en 2028selon la municipalité, qui l’a fait « une priorité du mandat ». Avec le risque, si l’offre de location ne suit pas, d’éveiller le désir des marchands de sommeil, ces propriétaires louant des logements indignes, voire insalubres, aux plus précaires, en mal d’alternative.
Gabriel et son père l’ont vécu en août dernier. « Pour 380 € par mois, vous disposez d’un débarras de 15 m²2 avec un coin salle de bain qui fait la moitié de la taille d’un lit et une fenêtre qui donne 30 centimètres au-dessus du trottoir »témoigne le jeune homme de 19 ans en faisant défiler l’historique de ses recherches sur Le bon endroit. Découragé par la perspective de payer des frais d’agence, c’est via une offre individuelle qu’il a finalement trouvé la perle rare : «J’ai eu de la chance. Le plus souvent, dès que vous recherchez plus de 25 m2 au centre, les prix s’envolent jusqu’à environ 600 € ».
724 logements en 2026
Consciente de ces difficultés, Niort Agglo a fait de l’accueil de ses étudiants présents et futurs une de ses priorités. Son Plan local de logement (PLH) prévoit une offre de 724 logements étudiants d’ici 2026. L’achèvement fin 2025 de la résidence Venezia, en construction à proximité de l’Institut de formation en soins infirmiers, ajoutera 221 appartements à l’offre actuelle.
Comptez 420 à 450 € pour le loyer minimum d’un studio, en ligne avec les tarifs pratiqués par la résidence étudiante Cap West, inaugurée avenue de Nantes, en octobre 2023. Certes, ces prix sont sans commune mesure avec l’époque où Niort passait encore sous le radar des promoteurs, avant 2020. Ceux-ci démontrent cependant une attractivité retrouvée pour la capitale des Deux-Sèvres, liée en partie à son offre étudiante croissante. Une sorte de rançon de la gloire, en somme.
Le combat des alternants
En alternance à la MAIF, en parallèle de ses études, Kévin paie 700 € de loyer chaque mois, répartis entre la chambre dans une maison de quartier qu’il occupe à Niort, deux fois par semaine, et la maison qu’il partage avec quatre colocataires. , à Poitiers.
Si le jeune de 24 ans a peur de vivre « 100% à Niort »de mars à septembre 2025, c’est parce qu’il sait que les propriétaires sont réticents à louer « à un alternant qui ne restera que quelques mois ». De ce constat, un dilemme se pose : « Soit je joue honnêtement, au risque que cela les ralentisse, soit je mens, pour être sûr de trouver un logement. » Il lui reste quelques mois pour décider de la stratégie à adopter.