“Chaque jour, les gens m’envoient des messages de sympathie et de sentiment d’injustice”

“Chaque jour, les gens m’envoient des messages de sympathie et de sentiment d’injustice”
“Chaque jour, les gens m’envoient des messages de sympathie et de sentiment d’injustice”

Depuis que je suis impliqué en politique, j’ai toujours voulu donner une image intéressante de la politique. Malgré moi, je deviens un contre-exemple car il y a beaucoup de gens qui me disent qu’ils ne voteront plus.

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Avez-vous déjà pensé que vous auriez fait différemment avant les élections, pendant les négociations ?

Si j’avais connu le degré de possibilité de trahison parmi les gens d’aujourd’hui, oui, j’aurais peut-être agi différemment. Mais je me suis retrouvé face à trois partis qui, à mon avis, s’étaient déjà rassemblés avant les élections et voulaient nous expulser.

J’ai fait de la politique comme je pensais que je devrais le faire. C’est peut-être une erreur, mais je ne suis pas un calculateur. Quand je pense que ce que je fais est bien, je ne me dis pas que cela risque de me coûter des voix. Quand je m’attaque aux propriétaires de bidonvilles, je m’aliène un propriétaire et souvent toute une série de locataires car je n’ai pas forcément la capacité de reloger tous ces gens. Mais dois-je continuer à fermer les yeux et laisser les propriétaires malhonnêtes faire leur travail ?

Alors parfois, je suis un éléphant dans un magasin de porcelaine. Mais quand je pense que ce que je fais est bon pour la société, je m’en fiche si je repousse les gens. J’étais heureux de voir que mes publications fonctionnaient bien car j’avais obtenu un excellent score. Cela apporte beaucoup de réconfort au cœur. Je pense que si j’ai fait autant de bruit c’est aussi parce qu’on reconnaissait en moi quelqu’un d’ouvert.

Quelle image souhaiteriez-vous que les gens retiennent de vous en tant que maire ?

Que j’ai travaillé sérieusement. Que j’étais un maire proche du peuple. J’ai traité, je pense, plus de 70 000 courriels au cours de cette période. C’était 365 jours par an, jour et nuit, avec ma tablette qui me suivait partout. Vous devez aimer ce que vous faites pour cela.

J’ai beaucoup appris de la police. J’ai découvert les réalités en devenant maire. Surtout ce que j’ai pu découvrir en perdant mon petit frère : il y a une énorme part d’humanité chez de nombreux policiers. C’est un travail extrêmement difficile car il y a un manque de respect croissant de la part des citoyens. Le moment est venu de refinancer la justice. Lorsque les policiers doivent effectuer un travail dont ils savent qu’il ne mènera pas à des poursuites, la démotivation s’installe, ainsi qu’un sentiment d’impunité.

Il faut être prudent et ne rien faire avec les lois. Quand on dit en campagne électorale qu’on va nettoyer la rue Royale, c’est très simpliste. Il n’existe jamais de solution simple à des problèmes complexes. Ceux qui font croire le contraire sont des démagogues. Quand on dit qu’il faut embaucher des policiers, c’est une promesse électorale qui n’a ni queue ni tête : on ne trouve pas de policiers candidats.

L’autre découverte que j’ai faite lorsque j’étais chef de police, c’est l’immensité du phénomène de la drogue dans notre société. C’est catastrophique. Le problème est général. Je l’ai déjà répété à plusieurs reprises : nous avons besoin d’un plan Marshal européen pour lutter contre la drogue. Si nous n’affrontons pas cette situation de front, nous nous retrouverons droit dans le mur et laisserons complètement aller notre jeunesse.

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S’il y avait une réalisation dont vous seriez le plus fier, quelle serait-elle ?

De nombreux grands projets ont été réalisés : la rue Royale, la piscine, le commissariat, le Carré Janson. Mais je préfère souligner de très petites réalisations. La poupée positionnée dans le parc juste en face du CHwapi (en référence aux enfants victimes de la route), le gorille du parc Georges Brassens, des créations réalisées avec les écoles comme le pigeonnier du jardin de la Reine. Il y a aussi des graffitis avec Saint-Luc, le jardin des Justes avec l’école provinciale, un calvaire retravaillé dans un village. Je pense que toutes ces petites choses sont peut-être plus importantes que tous les autres grands projets.

Quel est l’état d’esprit des troupes socialistes avant de rejoindre les rangs de l’opposition ?

Ceux qui sont élus éprouvent tous un sentiment de trahison assez fort. Ils veulent vraiment aller au combat. Nous ne nous battons pas pour tout ou quoi que ce soit, mais nous avons des valeurs et nous les ferons respecter. Il est évident que s’il y a des incohérences, et je crois qu’il y en aura dans ce collège qui unit Madame Nucléaire et les écologistes, je peux compter sur eux pour les signaler. En termes d’incohérence, ce n’est pas moi qui ai dit qu’on utiliserait un Kärcher pour nettoyer la rue Royale. Alors, je suis curieux de savoir qui va laver le sol ?

Votre avenir professionnel sera-t-il à la tête de Wapi PS ?

Contrairement à une idée reçue, je n’ai pas de parachute doré. Le secrétaire fédéral avait démissionné et voulait ne pas le faire savoir pour ne pas créer d’éventuelles tensions lors des élections. Être secrétaire fédéral du Parti socialiste, c’est beaucoup de pression, des conflits personnels à gérer, etc. Une commission fédérale m’a nommé il y a deux semaines, estimant que j’avais encore une certaine expérience et que j’avais peut-être le fort caractère pour pouvoir faire face à ce type de mission, avec la volonté de faire revivre le Parti Socialiste, d’avoir une stratégie à toute la région. Je rencontrerai des militants de différentes sections pour prendre le pouls de la situation.

Si j’avais l’opportunité d’enseigner quelques heures, je le ferais aussi. J’aime. Au cours de mes six années de maire, j’ai contacté systématiquement toutes les écoles que j’ai rencontrées ici, dans la salle du conseil municipal, pour leur expliquer ce qu’était une commune. Je suis diplômée de Sciences Po, j’ai déjà donné des cours de promotion sociale.

Que répondez-vous à ceux qui disent qu’une alternance n’est pas si mal ?

C’est vrai que dans un système démocratique on peut dire que ce n’est pas si mal. Mais quand on parle de nécessité d’alternance, c’est comme si Paul-Olivier Delannois était là depuis 48 ans. Je suis désolé, mais tu ne peux pas dire que je suis ici depuis toujours. Nous faisons des comparaisons avec des périodes totalement obsolètes. J’ai l’impression d’avoir beaucoup évolué. Il n’y a pas de système socialiste à Tournai. Je n’ai jamais passé un seul examen pour un poste administratif. J’ai toujours laissé l’administration faire et j’ai toujours pris la première place. Vous ne pouvez pas m’attaquer pour ça.

 
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