La trêve à laquelle travaillent les Etats-Unis et la France depuis des semaines devait débuter à 3 heures du matin (heure française) ce mercredi matin.
« Si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer, nous attaquerons. »
« Ce soir, je présenterai au conseil des ministres pour approbation un projet de cessez-le-feu au Liban », dont la « durée » […] Cela dépend de ce qui se passe au Liban », avait déclaré peu auparavant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « En plein accord avec les États-Unis, nous maintenons une totale liberté d’action militaire » au Liban, a-t-il ajouté : « Si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer, nous attaquerons. »
«Plus d’excuses»
Une trêve au Liban permettra à Israël de « se concentrer sur la menace iranienne » et d’« intensifier » sa pression sur le Hamas palestinien, contre lequel il mène une offensive meurtrière dans la bande de Gaza en représailles à son attaque sans précédent sur le sol israélien en octobre. Le 7 janvier 2023, a-t-il déclaré, à l’issue d’une réunion du cabinet de sécurité.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé la communauté internationale à « agir rapidement » pour « la mise en œuvre immédiate d’un cessez-le-feu » suite à cette annonce.
Israël subit la pression internationale pour accepter un accord. Le G7 a appelé mardi à un « cessez-le-feu immédiat », tandis que le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a jugé que le gouvernement israélien n’avait « plus d’excuses » pour le refuser.
Une trêve de 60 jours
Selon le site d’information américain Axios, le projet américain négocié ces derniers jours prévoit une trêve de 60 jours durant laquelle le Hezbollah et l’armée israélienne se retireraient du sud Liban pour permettre à l’armée libanaise de s’y déployer. Le plan comprend la création d’un comité international chargé de surveiller sa mise en œuvre, a ajouté Axios, précisant que les États-Unis auraient donné l’assurance de leur soutien à une action militaire israélienne en cas d’actes hostiles du Hezbollah.
La diplomatie internationale s’est appuyée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et qui stipule que seules l’armée libanaise et les soldats de maintien de la paix peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.
Figure parmi les alliés d’extrême droite du gouvernement Netanyahu, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a estimé lundi qu’un cessez-le-feu serait « une grosse erreur ».
60 000 habitants du nord d’Israël déplacés
La guerre qui fait rage depuis octobre 2023 dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas s’est étendue au Liban après un an d’échanges de tirs de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise. Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah au sud du Liban, qui a ouvert un front contre lui le 8 octobre 2023 en soutien au Hamas, pour permettre le retour de quelque 60 000 habitants du nord chassés par ses tirs.
Selon le ministère libanais de la Santé, près de 3 800 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, la plupart depuis septembre. Les hostilités ont provoqué le déplacement de quelque 900 000 personnes, selon l’ONU. Du côté israélien, 82 soldats et 47 civils ont été tués en 13 mois.
Plus tôt dans la journée, des habitants du nord d’Israël interrogés se sont déclarés opposés à un cessez-le-feu : “ce serait une grave erreur jusqu’à ce que le Hezbollah soit complètement éliminé”, a jugé Maryam Younnes, une étudiante de 29 ans.
D’autres tirs des deux côtés mardi
La trêve intervient alors qu’Israël a bombardé mardi le centre de Beyrouth et sa banlieue sud, fief du Hezbollah, comme jamais auparavant depuis qu’il a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs visant le mouvement dans le pays voisin, puis là-bas. a commencé ses opérations terrestres dans le sud le 30 septembre. Peu après la déclaration de Netanyahu, une autre frappe a visé un immeuble du quartier commerçant de Hamra, au cœur de Beyrouth. Les frappes israéliennes ont également visé deux postes frontières entre la Syrie et le Liban.
Selon l’armée israélienne, plus de 20 projectiles ont également été tirés depuis le Liban contre Israël dans la journée. Et l’armée a de nouveau fait état de tirs de projectiles visant le territoire national depuis le Liban, mardi soir, après la déclaration télévisée de Benjamin Netanyahu. Alors que de multiples sirènes de raid aérien retentissaient dans le nord et le centre du pays, l’armée a indiqué avoir intercepté trois projectiles tirés depuis le Liban.