En Mongolie, des élections législatives sur fond de corruption et d’inflation – .

En Mongolie, des élections législatives sur fond de corruption et d’inflation – .
En Mongolie, des élections législatives sur fond de corruption et d’inflation – .

Les Mongols votent vendredi 28 juin des élections législatives à l’issue desquelles le parti au pouvoir devrait conserver sa majorité, malgré la lassitude face au sentiment de corruption et à la situation économique. Les bureaux de vote de la capitale Oulan-Bator fermeront à 22h00 (14h00 GMT). Malgré l’immensité du pays – trois fois la France – les résultats préliminaires devraient être connus assez rapidement, dans la nuit, grâce au système de vote électronique.

Les électeurs de cet Etat peu peuplé (3,4 millions d’habitants) par rapport à ses voisins chinois et russes, mais riche en ressources naturelles, élisent 126 membres au Parlement national, le Grand Khural d’Etat. Le Parti populaire mongol (PPM) au pouvoir, dirigé par le Premier ministre Luvsannamsrain Oyun-Erdene, devrait conserver la majorité dont il jouit depuis 2016 et rester au pouvoir pendant encore quatre ans.

Le Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene (3e à droite) attend pour voter devant un bureau de vote à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, le 28 juin 2024 – Byambasuren BYAMBA-OCHIR – Oulan-Bator (AFP)

Pouvoir d’achat. Mais l’inquiétude demeure quant à la baisse du pouvoir d’achat, due à l’inflation (7%) et au sentiment de corruption généralisée chez de nombreux Mongols. Dans un bureau de vote de la banlieue d’Oulan-Bator, Tsagaantsooj Dulamsuren, une caissière de 36 ans enceinte de son quatrième enfant, a déclaré à l’AFP qu’elle attendait des responsables politiques qu’ils “développent davantage les infrastructures” et qu’ils “créent davantage d’emplois industriels pour les jeunes”.

La vente d’alcool dans la capitale est interdite jusqu’à samedi, pour ne pas perturber le bon déroulement des élections. Dans un bureau de vote de la région rurale de Sergelen, une circonscription administrative située à plus d’une heure de route de la capitale, un responsable de 45 ans, Batsaikan Battseren, regrette la faible participation des jeunes. « Les jeunes de 18 à 30 ans ne vont pas voter », constate cet ancien éleveur, habillé de la tête aux pieds en tenue traditionnelle mongole.

Dans les rues d’Oulan-Bator, où vit la moitié de la population mongole, les innombrables affiches de propagande électorale représentent l’ensemble du spectre politique, des libéraux aux nationalistes, en passant par les hommes d’affaires populistes et les écologistes. Dans un monde politique mongol largement dominé par les hommes, les partis sont tenus par la loi de veiller à ce que 30 % de leurs candidats soient des femmes.

Petites fêtes. La campagne s’est terminée mercredi avec un rassemblement triomphal du PPM dans la petite ville de Zuunmod, où il a promis aux électeurs qu’il remporterait « la victoire du peuple ». L’incapacité du principal mouvement d’opposition, le Parti démocrate, à proposer une alternative crédible a alimenté la montée de petits partis.

Parmi eux se trouve le parti de centre-droit anti-corruption HUN, qui devrait augmenter son nombre de députés. Ses candidats, à l’aise avec les réseaux sociaux, bénéficient d’un fort soutien au sein des classes moyennes urbaines. Lors du rassemblement de mercredi, le Premier ministre Luvsannamsrain Oyun-Erdene a accusé ses opposants politiques de faire de la Mongolie un « pays de dirigeants corrompus » et a appelé à un retour à la « discipline ».

Depuis qu’il est au pouvoir, le pays a toutefois enregistré une chute vertigineuse dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Les détracteurs du gouvernement affirment que la liberté de la presse et l’état de droit ont également reculé ces dernières années. À tel point que, selon la Fondation Sant Maral, principal institut de sondage indépendant du pays, plus d’un tiers des Mongols estiment désormais que le pays « se transforme en dictature ».

“Référendum ». « Je décrirais cette élection comme un référendum pour ou contre (…) le Premier ministre Oyun-Erdene » et pour ou contre « une réécriture du contrat social de la Mongolie », explique à l’AFP l’analyste politique Bayarlkhagva Munkhnaran. « Ce (nouveau) contrat social vise à transformer la Mongolie en une véritable autocratie électorale. Alors qu’il y a dix ans à peine, la Mongolie était respectée comme une démocratie libérale », explique-t-il.

Considéré comme le successeur du Parti communiste qui a gouverné le pays d’une main de fer pendant près de 70 ans, le PPM reste néanmoins populaire, notamment dans les campagnes et auprès des seniors. “Leur pouvoir d’attraction est de dire : ‘regardez, nous avons bien fait notre travail, nous avons tout bien géré'”, explique à l’AFP Julian Dierkes, professeur à l’Université de Colombie-Britannique (Canada) et spécialiste de la politique mongole.

Du côté de l’opposition, “tout le monde dit : ‘nous voulons apporter quelque chose de nouveau, nous voulons remplacer (ceux qui sont au pouvoir)’, et la corruption y joue un grand rôle”, mais “c’est ce que disent tous les autres partis”, souligne-t-il. “Nous saurons ce soir dans quelle mesure cela a affecté les électeurs”, ajoute-t-il.

Oliver HOTHAM et Khaliun BAYARTSOGT

© Agence France-Presse

 
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