Nous sommes au centre de Berlin, [le 17 novembre 2024]. Une jeune femme marche devant, derrière les véhicules de police, agitant un grand drapeau blanc, bleu et blanc. Les passants sont perplexes. À quel pays appartient ce drapeau ? Qui proteste ? Pour ça ? Contre quoi ?
Les pancartes et banderoles brandies par les manifestants donnent quelques indications : « Pas Poutine. “Pas de guerre” (« Pas de Poutine. Pas de guerre »), lit-on sur une grande banderole rouge. « Sauvons l’Ukraine ! » « Liberté pour les prisonniers politiques ! » proclament les signes. “Mais il n’y a pas que les Ukrainiens qui manifestent ici.” commente un touriste à l’œil averti.
Il a raison : ce sont les Russes qui défilent sur la Potsdamer Platz et dans les rues de Berlin-Mitte, en ce dimanche après-midi froid, pour exiger la fin de la guerre d’agression russe. Les manifestants ont renoncé au drapeau blanc, bleu et rouge de leur pays, à deux exceptions notables près. De nombreux opposants au Kremlin ne soutiennent plus leur drapeau, car il symbolise un régime criminel. Ils défilent ensuite avec sur les épaules le drapeau blanc, bleu, blanc d’une Russie libre et pacifique. On voit aussi quelques drapeaux ukrainiens ici et là.
A partir de 2022, 300 000 citoyens russes en Allemagne
Le cortège est petit mais bruyant. Un porte-parole de la police a estimé plus tard qu’il y avait environ 1 800 personnes, soit moins que les 3 000 attendues. La manifestation était organisée sous la direction de trois personnalités de l’opposition russe. Ioulia Navalnaïa, la veuve d’Alexeï Navalny, l’opposant probablement assassiné en prison, Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza. Ces deux derniers étaient eux-mêmes des prisonniers politiques et ont été libérés en août à la suite d’un vaste échange de prisonniers.
Les trois organisateurs défilent ensemble derrière le porte-étendard. Un groupe de photographes et de journalistes se déplace devant eux. Les organisateurs prendront ensuite brièvement la parole à la fin du défilé. La foule s’échauffe en criant « Non à la guerre ! » et « La Russie sera libre ! » Nous pensons que beaucoup doivent protester contre les crimes du régime. C’est un privilège dont n’ont plus les opposants à la guerre en Russie – à moins qu’ils ne souhaitent être arrêtés.
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