otages d’un conflit franco-algérien ?

otages d’un conflit franco-algérien ?
otages d’un conflit franco-algérien ?

L’une des principales causes de ce regain de turbulences est la décision de la de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet dernier. Une annonce qui a provoqué l’indignation du régime algérien, exprimant un « grand regret et leur profonde désapprobation» face à cette décision, la qualifiant de «inattendu, inapproprié et contre-productif».

Le 26 juillet 2024, le ministère algérien des Affaires étrangères publie un communiqué, dans lequel se cachent des menaces à peine voilées : « Le gouvernement algérien tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française et dont le gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité. »

Des tensions croissantes

Quelques jours plus tard, la France apprenait le « retrait avec effet immédiat» de l’ambassadeur d’Algérie en France. Le 9 octobre 2024, ActuaLitté annonce l’exclusion de Gallimard du Salon du livre d’Alger. ” Nous venons de recevoir une lettre qui ne fournit aucune explication quant aux raisons ou raisons justifiant cette décision.», nous a confié Antoine Gallimard. Mais, en coulisses, des rumeurs faisaient état de la publication d’un ouvrage particulier : Houris de Kamel Daoud.

Avant même de recevoir le prix Goncourt, ce roman était déjà au cœur de polémiques. Et pour cause, il relate les répercussions de la guerre civile algérienne des années 1990, période cachée dans l’histoire officielle du pays. En effet, l’article 46 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale interdit toute mention publique de cette guerre, sous peine de sanctions.

Extrait de l’article 46 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale

Une polémique très médiatisée s’ajoute à ces tensions : l’Algérien Saâda Arbane accuse Kamel Daoud d’avoir utilisé son récit sans consentement, via des informations transmises par son épouse psychiatre, en violation du secret médical.

Kamel Daoud victime de » campagnes diffamatoires

Si elle déclare avoir porté plainte en août dernier, lors de la sortie du livre, c’est le 16 novembre 2024 que ces accusations deviennent publiques et officielles. Ce jour-là, Saâda Arbane et son mari accordaient une interview à la chaîne algérienne Une télé,dans lequel elle affirme que le roman raconte sa propre histoire. Rescapée d’une tentative d’égorgement par des islamistes, elle reconnaît sa canule, ses cicatrices, ses tatouages ​​et son salon de coiffure.

Son éditeur Gallimard avait alors dénoncé le « de violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont la nature est bien connue», envers l’écrivain depuis la parution du roman.

Une mobilisation internationale sans précédent

Si Kamel Daoud n’a pas répondu à ces accusations, il a pris position le 21 novembre dans une tribune adressée au Figaro dans lequel il soutient l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté quelques jours plus tôt à l’aéroport d’Alger.

Ce 23 novembre, toute la sphère littéraire s’est agitée dans une tribune relayée par Le Point . Les prix Nobel Annie Ernaux, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, ainsi que Salman Rushdie, Peter Sloterdijk, Andreï Kourkov, Roberto Saviano, Giuliano da Empoli et Alaa el Aswany, ont demandé la divulgation de son texte, dans un communiqué. texte écrit par Kamel Daoud : « Nous ne pouvons pas rester silencieux. La liberté, le droit à la culture et nos vies d’écrivains visés par cette terreur sont en jeu. Je lance un appel urgent à la solidarité internationale : exigez la libération immédiate de Boualem Sansal et de tous les écrivains emprisonnés pour leurs idées ».

Hédi Kaddour et Boualem Sansal – Académie française /ActuaLitté CC-By-SA 2.0

Le 21 novembre 2024, une pétition en ligne intitulée « Free Boualem Sansal! » a également été lancé sur change.org par Vivre LAREP, et a obtenu, à ce jour, 14 246 signatures.

Un écrivain menacé depuis des années

Boualem Sansal n’est pas un inconnu des autorités algériennes. Son travail, souvent critique à l’égard du régime, explore les thèmes de la corruption, de l’autoritarisme et des excès religieux. Déjà en 2006, dans une tribune publiée parLe Figaro il a dénoncé le contrôle du régime sur la société : « L’Algérie est devenue un laboratoire du totalitarisme, où la peur règne en maître. » Depuis, il est régulièrement accusé de nuire à l’image de son pays.

Malgré cette pression constante, Boualem Sansal continue d’écrire et de s’exprimer librement, devenant une figure emblématique de la résistance intellectuelle. SelonLe mondeson arrestation pourrait être liée à ses déclarations aux médias d’extrême droiteFrontièresoù il soutient la thèse marocaine affirmant que le territoire marocain aurait été amputé au profit de l’Algérie sous la colonisation française. Le quotidien précise qu’un tel poste constituerait un «ligne rouge» pour Alger, susceptible d’aboutir à des accusations «atteinte à l’intégrité nationale» contre l’écrivain.

Toujours pas de nouvelles de Boualem Sansal ?

L’entourage du président Emmanuel Macron a exprimé, ce jeudi 21 novembre, son «grave préoccupation» face à sa disparition, précisant que «Les services de l’Etat sont mobilisés pour clarifier sa situation« . Et, quelques jours plus tard, dimanche 24 novembre, Gallimard annonçait avoir confié la défense de l’écrivain à Maître François Zimeray, du cabinet Zimeray & Finelle Avocats, expert en droits de l’homme.

Ce dernier, invité surRTLce lundi 25 novembre, a donné, pour la première fois, des nouvelles de la situation de l’auteur : «La défense algérienne de Boualem Sansal n’est pas constituée»,a-t-il déclaré. Et continue« Il sera présenté au parquet cet après-midi. […] Il est très important qu’il soit désigné par un avocat algérien, et si possible un avocat de son choix.»

« Il faut rester très vigilant »

Il précise toutefois qu’il n’a pas «aucune information précise» sur les conditions de détention ou la localisation actuelle de l’écrivain. “Il est essentiel de rester extrêmement vigilant quant au respect des droits fondamentaux, conformément aux engagements internationaux ratifiés par l’Algérie.»

À LIRE – L’Algérie a-t-elle enfermé Boualem Sansal ?

Même s’il ignore le fondement juridique de l’arrestation et de l’incarcération, l’avocat est convaincu que celle-ci est liée « à latout son travail« . Il mentionne «sa liberté de ton, son indépendance d’esprit et, bien sûr, les critiques qu’il a exprimées grâce à cette liberté».

Crédits image : A gauche Kamel Daoud, à droite Boualem Sansal / ActuaLitté, CC BY-SA 2.0

Par Louella Boulland
Contact : [email protected]

 
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