Mon véhicule a subi des dommages, ce qui n’était jamais arrivé depuis 20 ans. Très souvent, quand j’allais au travail, je voyais toujours le même homme, dans la même voiture, qui me suivait. Quel que soit le chemin que j’empruntais, il me suivait. Je n’ai jamais su qui il était. J’avais peur de signaler ça à la police
a-t-elle confié.
Ma famille m’a finalement dit : soit tu déménages, soit tu cesses de t’impliquer. Je crois que nous devons nous lever et faire partie de la solution, c’est pourquoi j’ai choisi de déménager.
La nouvelle résidence de Mme Ali est également équipée de plusieurs caméras de surveillance. Cela lui donne un sentiment de sécurité, dit-elle.
Celui qui a aidé à fonder la coalition Justice pour Abdirahman Abdi
a dit malgré tout ce qu’il ressentait mobilisation communautaire
.
Le Canadien de 38 ans, d’origine somalienne, est décédé au lendemain d’une arrestation musclée par la police.
Nous avons rapidement obtenu du soutien de partout au Canada. Nous n’avons pas pu sauver la vie d’Abdirahman, mais nous voulons en sauver d’autres
elle a témoigné avec conviction.
En défense dès la première heure
Depuis le quatrième étage de son appartement, Nimao Ali a filmé pendant quelques minutes une partie de l’intervention de la police ainsi que l’attente des ambulanciers le 24 juillet 2016. Cette vidéo a été présentée au procès. (nouvelle fenêtre) du policier Daniel Montsion, déclaré non coupable (nouvelle fenêtre).
Lors du tournage de la vidéo, Mme Ali a rapidement reconnu Abdirahman Abdi puisqu’il habitait dans le même immeuble.
C’était une personne calme, gentille et silencieuse. Il ne parlait pas beaucoup, mais il disait toujours bonjour. Je ne l’ai jamais vu être le moins du monde agressif
elle se souvient de son voisin.
Quand j’ai arrêté le tournage, je suis descendu voir ses proches. Ils étaient consternés
a poursuivi celui qui a proposé d’accompagner les parents et les frères et sœurs de M. Abdi à l’hôpital pour jouer le rôle d’interprète entre la famille et le personnel médical.
La famille était certaine qu’il était déjà mort. Alors elle voulait prier, mais la police ne voulait pas. Je me suis disputé avec eux. Ils ont finalement accepté de laisser la famille prier
elle se souvient.
Un travail loin d’être terminé
Nimao Ali a montré plusieurs signes d’émotion lors de son discours. L’avocat de l’enquête publique, Alessandra Hollandslui a suggéré à plusieurs reprises de prendre une minute pour rassembler ses pensées. À chaque fois, le témoin a refusé.
Je veux juste terminer mon témoignage. […] Parfois, je pense que j’ai raison, mais ce n’est pas le cas. Savoir que j’allais témoigner aujourd’hui m’a privé de sommeil ces derniers jours. Cela fait plus de huit ans. Je n’arrive pas à sortir ces images de ma tête
a-t-elle ajouté, précisant que ses deux enfants avaient observé la scène avec elle lors de cette chaude journée d’été.
Mon fils avait 5 ans. Il en faisait des cauchemars. J’ai essayé de le rassurer, de lui dire que tout va bien. Ma fille avait 18 ans. Elle a tout vu. Elle a tout compris. On ne nous a jamais proposé de soutien pour traverser tout ce processus, tout ce procès… Jamais
elle a déploré.
Selon elle, le cas d’Abdirahman Abdi est un exemple concret des relations tendues entre la communauté somalienne d’Ottawa et la police de la capitale nationale. Au fil des années, elle a assisté à quelques réunions entre la police et la famille.
J’ai déjà abordé la question du racisme systématique, mais il n’a jamais été reconnu par la police.
a-t-elle répondu lorsqu’un représentant de Comité de défense de l’action noire lui a posé la question.
Elle a réitéré quelques recommandations possibles qu’elle souhaiterait sans doute que les cinq membres du jury de l’enquête du coroner retiennent.
La police doit recruter des musulmans noirs. Il doit y en avoir à tous les niveaux de la hiérarchie. […] Aussi, il s’agirait de laisser des personnes qui ressemblent aux victimes faire des présentations à leur communauté pour mieux comprendre le contexte et la foi. Ce serait un plus grand succès.
Nimao Ali était le sixième témoin à l’enquête publique du coroner, dont l’ordre du jour a été légèrement modifié lundi. Initialement, elle devait être le neuvième témoin à comparaître.