Les musulmans entre inquiétude et résignation face au RN

Les musulmans entre inquiétude et résignation face au RN
Les musulmans entre inquiétude et résignation face au RN

Comme tous les vendredis vers 14 heures, lors de la prière la plus importante de la semaine, la mosquée d’Evry-Courcouronnes, l’une des plus grandes de France, est bondée. En ce 21 juin, Khalil Merroun, le recteur de cette institution appartenant à l’islam malékite, courant sunnite majoritaire en France, n’évite pas le contexte politique. “Je m’inquiète du vivre ensemble et de l’humanisme”, dit-il dans son discours d’introduction, devant quelque 1.500 fidèles. Refusant de donner des instructions de vote, il prévient son auditoire : « L’abstention est le pire ennemi de la France. Si vous ne votez pas, vous ne pourrez pas dire après : je ne pouvais rien faire ! »

En passant, ce septuagénaire d’origine marocaine, arrivé à Evry en 1972, tient à préciser qu’il est « Devenu français avant même Bardella [Jordan Bardella, président du Rassemblement national, RN] être né “. Alors qu’une forte majorité de musulmans aurait boycotté les scrutins lors des élections européennes (59%, selon l’Institut français de l’opinion publique), Khalil Merroun assure vouloir « étouffer l’abstention dans l’œuf ».

S’il refuse de cibler uniquement le RN (car “il y a aussi une minorité violente à l’extrême gauche”), le recteur confie avoir « Peur que les extrêmes arrivent au pouvoir, non seulement pour les musulmans, mais pour la France ». « Pointer du doigt l’Islam ou tenir des discours antisémites semble à certains la seule voie vers le pouvoir… Qu’est-ce que cela dit sur leur capacité à défendre les Français ? Sur leurs compétences économiques ? De leur projet social ?il demande.

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A la sortie de la mosquée, tout le monde ne semble pourtant pas prêt à répondre à l’appel du recteur : « La politique ne m’intéresse pas », “de toute façon, ils sont tous pareils, c’est l’argent qui gouverne”, “Bardella ou pas, on verra ce qui va changer”», glissent quelques fidèles pressés, refusant de s’exprimer. Beaucoup affichent une distance par rapport à la situation politique, malgré la possible victoire d’une extrême droite qui menace depuis longtemps d’intervenir dans la vie des musulmans, au nom de la lutte contre l’islam radical.

« Ils ne nous pousseront jamais à renoncer à notre foi »

« La foi nous rend optimiste, quelle que soit la situation. Et puis nous sommes des millions en France, ils ne pourront pas tous nous jeter dehors.»relativise Amir Ben Majed, pas particulièrement inquiet. « De toute façon, nous sommes habitués aux discours anti-musulmans »renchérit cet avocat de 36 ans, qui avoue néanmoins craindre de voir ces idées “gagner de la publicité”. « Aujourd’hui, c’est déjà moins facile de s’appeler Mohamed que François pour postuler à certains postes. Cela risque d’empirer… », il admet. Mais il déplore déjà « toute l’énergie et le temps que nous consacrons à critiquer l’islam dans le débat public. La France est en déclin, perdant de son influence d’année en année. Au lieu d’unir tous les cerveaux et tous les talents pour changer cela, nous préférons nous diviser. ».

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