Le père de Dany Boon prédisait qu’il finirait « clochard »

DTout Boon a fait du chemin… Ses débuts dans la comédie n’ont pas été couronnés de succès, d’autant que sa famille très modeste n’acceptait pas vraiment ses choix artistiques. Dans le spectacle Un dimanche à la campagnel’acteur est revenu sur ses souvenirs d’enfance qui ont décidé de son destin. La passion le saisit lorsqu’il visite un théâtre à Roubaix, à l’âge de 10 ans, lors d’un voyage scolaire : c’est décidé, il en fera son métier. Mais son père, ancien boxeur devenu chauffeur routier, s’y oppose fermement : il voit plutôt son fils devenir fonctionnaire de la SNCF ou des PTT, avec une sécurité d’emploi et un salaire garanti.

“Mon père est très strict, très dur avec moi”, confie la star de Bienvenue chez les Ch’tis. Plus sévère avec moi qu’avec les autres car je suis l’aîné : je dois donner l’exemple. Et, quand je lui dis que je veux être artiste, il me regarde et dit : « Jamais ! Tu vas être un clochard, c’est ça que tu veux ? » Avec le recul, Dany Boon comprend sa réaction : sa famille vit dans la précarité et n’a aucun lien ni réseau dans ce milieu. « Il a eu du mal, il a travaillé très jeune aussi, confie-t-il. C’est normal, le seul lien qu’on avait avec le monde artistique, c’était la télévision. Michel Drucker, le cinéma, le ciné-club… La télévision était la Source culturelle de la maison, elle était allumée tout le temps parce que c’était un bien social, donc il fallait qu’elle reste allumée. »

Pour rassurer ses parents tout en évitant les PTT, le jeune Dany prend une autre voie et s’inscrit dans une école d’arts graphiques, où il apprend le dessin, diplôme en plus. Mais ses rêves de comédie ne l’ont pas quitté, d’autant que ses professeurs l’ont encouragé dans cette voie. « Quand j’ai obtenu mon diplôme, on m’a dit : « Ne t’enferme pas dans une vie d’illustrateur, ne va pas travailler dans une agence de publicité, sois acteur, artiste, auteur… »

Pire que pauvre

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A la fin des années 80, il arrive avec son sac à Paris. Commencent les années de galère, les cours Simon qu’il arrive à peine à payer, les petits boulots, les dettes, l’interdiction bancaire… La prophétie du père n’est pas loin de se réaliser : il ne mange pas toujours à sa faim et, quand ses amis vont au un restaurant, il ne prend pas de repas et se contente de la corbeille de pain… « Honnêtement, c’était très dur », disait-il il y a dix ans dans Le Parisien. A cette époque, je faisais des spectacles de rue, du mime, du clown et je jouais de la guitare. C’était vraiment compliqué aussi parce que je n’avais pas de radis. J’étais pire que pauvre. »

On connaît la suite : les premières scènes, les one-man shows, les rôles décisifs dans Joyeux noël Alors La doublure et enfin ses films à succès avec La Maison du Bonheur et surtout Bienvenue chez les Ch’tis, qui a fait un raz-de-marée en salles en 2008 avec ses 20 millions d’entrées – le film aurait rapporté pas moins de 26 millions d’euros. Figure incontournable de la comédie française, il tourne depuis une quinzaine d’années en tant que réalisateur mais aussi producteur, même si son dernier opus, La vie pour de vraiétait moins attractif pour son public. Une carrière et une réussite que son père n’a pas pu voir : il est décédé quand Dany Boon avait 22 ans, l’une des grandes blessures de sa vie.