Par
Aurélien Delavaud
Publié le
24 novembre 2024 à 22h02
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C’est une petite victoire pour Alma Dufour, la députée de la 4e circonscription de Seine-Maritime. Le mercredi 20 novembre 2024, le comité des finances de laAssemblée nationale a adopté le projet de loi dont elle est rapporteure et qui vise à réguler les prix de l’énergie.
Le jeudi 28 novembre 2024, ce texte sera débattu par les députés, dans l’hémicycle. Alma Dufour (OBF/LFI) décrypte les principaux éléments et enjeux.
Dans quel contexte ce projet de loi s’inscrit-il pour les ménages français ?
Sur leélectriciténous sommes dans un contexte où les factures ont augmenté de 45 % en trois ans, de 60 % depuis 2019 et de plus de 100 % depuis 2017. Nous sommes vraiment à la veille de produit essentiel qui a le plus augmenté ces dernières années.
Sur le gazon reste à des niveaux qui sont ceux de la crise : il a presque doublé depuis 2020 et maintenant il stagne. Sur leessencec’est un peu mieux. Nous avons atteint un sommet bien plus élevé en 2022.
Ceux-ci restent toutefois structurellement bien supérieurs à ceux de l’essence au moment de la crise des Gilets jaunes. Ces produits énergétiques augmentent à chaque crise, mais après ils ne redescendent pas !
Les prix du marché, lorsqu’ils augmentent, sont répercutés directement sur le consommateur, mais lorsque les prix du marché baissent, on ne voit pas les prix baisser autant sur les factures ou à la pompe.
Votre projet de loi consiste donc à plafonner les prix de l’énergie ?
Fondamentalement, le projet consiste àcontrôler ces prixavec des méthodes différentes selon le type d’énergie. Par exemple, pour le gaz et le pétrole que nous importons, nous disposons d’une marge de manœuvre sur les prix du marché.
Pour l’électricité, nous pouvons aller plus loin, car nous en produisons beaucoup et nous sommes en position de force sur ce sujet au niveau européen. Nous proposons entièrement de retour au coût de productionavec une petite marge de capital normale pour EDF.
Quels sont les prix conseillés dans cette facture ?
Dans l’article 1, nous proposons au gouvernement un gel temporaire du prix de l’essence. C’est un blocage très fort sur l’économie, mais temporaire, car on ne peut pas imposer pendant dix ans aux compagnies pétrolières de vendre de l’essence à des prix élevés. 1,49 € le litre.
Des prix indicatifs ont été proposés, par décret. Sur l’électricité, nous sommes en mesure de donner un prix permanent. Le coût de production, en France, est de 70 € par Mégawattheure (MWh), marge comprise. En incluant les taxes, auxquelles nous ne touchons pas, cela ferait un prix total final de 141 € le mégawattheure, contre 251 aujourd’hui.
Pourquoi cette validation du texte par la commission des Finances est-elle une première victoire ?
Parce que c’est censé présupposer des votes en séance. Mais je mets néanmoins en garde contre le fait qu’il y a eu des divisions dommageables au sein du NFP, car le Parti socialiste a décidé de s’abstenir. Evidemment, ce que nous proposons est contraire au droit européen, ce n’est pas un mystère. Mais je vais être très clair : on s’en fiche !
Nous ne voulons pas arrêter d’exporter de l’électricité vers nos voisins, nous ne proposons pas de sortir du marché, mais nous proposons qu’il y ait un prix pour les Français et un autre pour l’exportation. Si cela les amuse de continuer à payer l’électricité trois fois son prix de production, tant pis pour eux.
Dans ce cas, la France prendrait-elle des sanctions ?
Potentiellement, on pourrait aller jusqu’à une sanction. Mais il resterait faible par rapport au montant des bénéfices. La Cour des comptes estime que le bouclier tarifaire a été un désastre. Ce n’est pas aux Français de payer pour ça !
J’appelle donc le Parti socialiste à s’éloigner des considérations très juridiques et à prendre la mesure des enjeux politiques qui se présentent à nous. Il faut se donner les moyens de protéger les Français.
Quelles sont les chances de passer l’étape de l’Assemblée nationale pour ce projet de loi ?
Il y a de réelles chances, car je fais confiance au PFN, qui comprendra les enjeux et suivra notre voie. Pour agrandir ? Le Rassemblement National est pour. Mathématiquement, nous sommes majoritaires.
Après, il ne faut pas donner de faux espoirs : ce sera plus difficile au Sénat, de plus en plus libéral à droite et qui n’y comprend rien à ce sujet !
Vous craignez donc que le Sénat vide le texte de sa substance ?
Cela va et vient… Si l’Assemblée nationale a le dernier mot en troisième lecture, je ne m’inquiète pas : ça passe. Si ce n’est pas le cas, parce que nous n’avons pas de gouvernement, cela pourrait durer éternellement !
Si ce projet était adopté tel quel, quand pourrait-on voir ces prix appliqués ?
S’il y avait une adoption conforme au Sénat et que tout le monde tirait dans le même sens, je dirais que cela pourrait être adopté en février. Si l’on prend le malheureux calendrier imposé à Philippe Brun (député de l’Eure, déjà sur une question de coûts énergétiques, NDLR), je dirais un an, pour l’hiver prochain.
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