Deux jours après la découverte du corps sans vie d’Odile Malfray, une Blésoise de 81 ans, sa voisine de 35 ans a été déférée au parquet de Blois. Ce dimanche 24 novembre, une information judiciaire a été ouverte du chef de meurtre sur personne vulnérable. L’homme, qui sortait de garde à vue, a été mis en examen par le juge d’instruction et placé en détention provisoire.
Un comportement « surprenant »
On en sait plus sur cet homme décrit comme « inconfortable » avec ses deux voisins, par la jeune femme habitant au rez-de-chaussée, la victime habitant au premier étage et la voisine du dernier étage. Et c’est le cas depuis plusieurs années puisqu’ils se côtoyaient tous dans leur immeuble de l’avenue Wilson à Blois. S’il n’avait pas de casier judiciaire, le parquet de Blois précise que le trentenaire aurait effectué un séjour en hôpital psychiatrique en 2009 selon sa famille et était hors de prise en charge. Ce qui correspond parfaitement à ce que savaient les deux voisins, même si “Ces éléments devront être déterminés plus précisément grâce à des vérifications continues.”
Son comportement depuis la disparition d’Odile Malfray, une “adorable petite mamie » que croisaient quotidiennement les commerçants du quartier, est également très surprenant. Lorsque la disparition a été annoncée le 19 novembre, la victime n’ayant pas répondu au téléphone ni été vue depuis la veille, lundi 18 novembre vers 16 heures, la police a tenté de contacter le voisin. Le dernier témoin, la femme de ménage de la victime, ayant immédiatement indiqué, comme le voisin, qu’une dispute existait entre le trentenaire et la victime, les policiers se sont rendus à son appartement puis « vide de tout occupant ».
L’homme est introuvable. Les premières investigations au domicile de la victime ont révélé la présence “petites traces d’éclaboussures de sang, notamment sur le mur derrière le canapé du salon”alors que tout semble être en ordre. Une enquête pour homicide volontaire a alors été ouverte et la division délinquance organisée et spécialisée de Tours a été saisie du dossier par le parquet de Blois. Le domicile du voisin a été perquisitionné, puis placé sous scellés, ce dernier activement recherché, tandis que son téléphone a été coupé à partir du mercredi 20 novembre.
“Le corps transporté à pied dans la forêt, dans la nuit du 18 au 19 novembre”
L’enquête se poursuit. La police technique procède à des observations complémentaires sur la victime. Et révélera des faits inquiétants : « De grandes mares de sang avaient été nettoyées sur le sol de l’appartement de la victime, des traces de sang ayant également été découvertes dans l’escalier entre le logement de la victime et celui de son voisin. » Un escalier commun, relativement exigu, dessert les trois niveaux et les trois appartements. « Là aussi le voisin était en conflit avec Odile pour ouvrir la porte sur la rue », a confié le voisin, samedi peu après avoir appris la terrible nouvelle.
C’est vendredi 22 novembre que tout se jouera. A 9h15, l’homme recherché s’est présenté spontanément au commissariat de Blois pour en savoir plus sur les scellés placés à son domicile. Il a été immédiatement placé en garde à vue, où il a nié toute implication dans la disparition de son voisin. A 17h30, un promeneur alerte la police : son chien s’était dirigé vers un sac de voyage à roulettes, caché en bordure d’un chemin forestier entre Blois et Saint-Gervais-la-Forêt.
« Au même moment, au commissariat de Blois, la personne gardée à vue déclare avoir découvert sa voisine décédée chez elle, nettoyé le domicile de toute trace de sang et transporté son corps jusqu’en forêt à l’aide d’un sac. » A 3 km de l’immeuble Wilson Avenue et probablement à pied. L’ouverture du sac en présence d’un médecin légiste révélera l’horreur des derniers jours : le corps de l’octogénaire est replié sur lui-même. « le buste caché par les jambes relevées en tailleur ; le visage, enveloppé dans une serviette, défiguré par d’importantes traces de violences, probablement commises avec un objet pointu ; le cou présentant des blessures compatibles avec un objet pointu ».
Autopsie ce lundi à Tours
Le voisin est alors à nouveau entendu et confronté à cette macabre découverte. Il conteste alors « toute implication dans le meurtre, réitérant avoir nettoyé la scène du crime et transporté le corps à pied à l’aide d’un sac, dans la nuit du 18 au 19 novembre, par crainte de représailles de la part du meurtrier dont il ne connaissait rien », précise le parquet. Selon cette version, Odile Malfray aurait été assassinée lundi 18 novembre au soir et transportée immédiatement dans la forêt. L’attitude de ces derniers jours, tout comme les déclarations de l’accusé, témoignent d’une personnalité pour le moins perturbée. Les investigations se poursuivront dans le cadre de l’information judiciaire sur le meurtre d’une personne vulnérable. Ce lundi 25 novembre, l’autopsie de la victime devrait avoir lieu à Tours.