Alors que la vie étudiante est toujours de plus en plus chère, de nombreux jeunes doivent débourser plusieurs centaines d’euros pour passer les vacances de fin d’année auprès de leurs proches. Pour certains étudiants, retourner dans leur ville à Noël devient mission impossible. Témoignages.
« Minimum 200 euros pour un aller-retour en train pour rentrer chez soi… » La période des vacances de fin d’année s’annonce compliquée pour Matthis, 22 ans. Cet étudiant rochelais (17) est originaire de Rouen (76), où vit sa famille. Pour passer Noël avec ses proches cette année, il n’a pour l’instant aucune solution : le coût du voyage est trop élevé. « Je ne sais pas si je pourrai y retourner », murmure-t-il. « Cela ne m’est jamais arrivé auparavant. Mais ne pas revenir pour les vacances, c’est vraiment chiant… Il n’y aura personne à La Rochelle. “
Pour rejoindre Rouen, il faut environ huit heures. Un long voyage dont le prix n’a fait qu’augmenter ces dernières années. « Avant, je pouvais m’en sortir pour 120 euros l’aller-retour », raconte Matthis. “Mais maintenant, c’est beaucoup trop cher.”
Fêter Noël… en février
Antoine, 24 ans, a également été victime des tarifs dissuasifs de la SNCF. Depuis trois ans, il ne peut pas passer les vacances avec sa famille. Etudiant en journalisme à Toulouse (31), il n’avait pas de solution abordable pour rentrer en Picardie – près de 18 heures de transport aller-retour, pour un minimum de 200 euros. «Ces trois Noëls loin de ma famille n’ont pas été faciles mentalement», raconte le jeune homme. Pour lui, les prix ont vraiment grimpé « depuis 2020 ». Avant, le voyage lui coûtait moitié moins.
En 2023, les prix des billets de train ont augmenté plus vite que l’inflation : en moyenne, ils étaiente 7% plus cher qu’en 2022selon l’Autorité de régulation des transports. Pour Ouigo, c’est même 10% de plus. L’évolution des tarifs SNCF reste cependant inférieure à l’inflation cumulée observée depuis 2019.
Pourtant, Antoine a tout tenté pour passer les vacances en famille : démarrer en septembre, surveiller les prix chaque semaine, prendre les Intercités plutôt que les TGV… Malgré sa carte de réduction, la seule alternative qui lui reste est de voir ses proches en février ou en mai « quand il y aura des ponts ».
Prix trop élevés malgré la carte de réduction
Matthis a lui aussi fait le choix stratégique de débourser 50 euros pour obtenir 30 % de réduction sur ses déplacements toute l’année. « Mais je me demande si j’ai eu raison de prendre la carte Jeunes… » Il ne l’a pas utilisée du tout. Malgré les réductions, il n’a jamais les moyens de prendre le train. « Cela me met vraiment en colère… En seulement trois ans, les prix ont plus que doublé », dit-il.
« Pour Noël, je vais essayer de rentrer chez moi en covoiturage ou en bus », explique Matthis. Une solution qui complique votre voyage : pour le moment, aucun covoiturage n’est disponible. « Les voyages sont souvent proposés à la dernière minute, deux semaines à l’avance. Donc c’est stressant, c’est une chose en plus à prévoir. C’est ennuyeux de ne pas pouvoir se dire qu’on peut prendre les trains à l’avance, à un prix raisonnable.»
Quant au trajet en bus, « c’est dommage, car il faut compter 12 heures aller-retour et 12 heures retour… Du coup, je perds une journée de vacances dans les transports ». Le billet est cependant moins cher – 80 euros l’aller simple. En tout cas, Matthis espère pouvoir compter sur l’aide de ses parents : “Ils essaient de me payer la moitié.”
Manque de visibilité sur les dates d’examens
Dorian, 22 ans, est étudiant en langues à Toulouse. Son défi : revenir du côté de Rennes (35) pour les vacances. « Déjà pour les vacances de la Toussaint, c’était impossible, explique-t-il. Le prix de l’aller simple a commencé à 200 euros et est passé à plus de 300 ! Et cela se faisait plus d’une semaine à l’avance, donc pas le jour du lendemain.
L’autre problème de Dorian, c’est qu’à la mi-novembre, il ne connaît toujours pas les dates et heures précises de ses examens, qui tombent la semaine du 16 décembre. « Du coup, j’ai du mal à prévoir. Les prix sont plus élevés le week-end. Donc, par exemple, si je n’ai pas d’examen vendredi et que je peux partir jeudi, c’est mieux…», calcule-t-il. Difficulté ultime : «Les prix bougent beaucoup, ils peuvent doubler très vite.» Alors plus il attend, plus il risque de se retrouver face à des sommes « exorbitantes ».
Sur le site de la SNCF, la majorité des trains au départ de Toulouse et à destination de Rennes sont déjà complets pour le week-end du 21-22 décembre. Il existe encore quelques allers simples à 150 euros… D’autres coûtent jusqu’à 270 euros. « Le train est un service public, donc je ne comprends pas pourquoi c’est si cher, se lamente Dorian. Je devrai peut-être envisager un autre moyen de rentrer chez moi, comme prendre l’avion… Ce que j’évite de faire.
Selon l’Ademe, pour un trajet de 300 km, l’avion émet 77,6 kg équivalent CO2 par personne. C’est 2,3 fois plus que le bus, 4,8 fois plus qu’un covoiturage de 4 personnes et 88 fois plus qu’un TGV.