Jeudi 21 novembre au soir, après deux semaines de campagne politique dans les vingt centres universitaires de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, les résultats des élections aux conseils centraux ont été annoncés. Le Poing levé a obtenu 15 % des suffrages exprimés. Plus de 1 500 étudiants ont choisi une liste anticapitaliste et révolutionnaire, intransigeante face à la précarité, au génocide à Gaza et à la lutte contre l’extrême droite. Ce score historique pour l’extrême gauche dans cette université permet au Poing levé de maintenir ses élus dans les conseils centraux de l’université tout en doublant son nombre d’électeurs par rapport aux dernières élections de 2022.
Pour remporter un nombre de voix sans précédent pour l’extrême gauche dans une université comme Paris 1, les militants du Poing Levé se sont déployés chaque jour dans près d’une dizaine de campus Panthéon-Sorbonne, tout en participant activement à la mobilisation pour la Palestine à Tolbiac.
“Obtenir 1 500 voix pour une organisation révolutionnaire n’est pas anodin à l’heure où le nouveau ministre ESR Patrick Hetzel mène une offensive répressive sans précédent contre le soutien à la Palestine dans les universités, cherchant à faire taire les jeunes qui réclament la fin des partenariats de leurs universités avec des entreprises et des universités complices du génocide » explique Adrien, élu suppléant au Conseil d’Administration. Le 10 novembre, Hetzel a publié un article dans le JDD de Bolloré appelant à davantage de répression contre ceux qui osent voter des motions visant à rompre les accords avec Israël dans les conseils centraux. Quelques mois plus tôt, il était également l’auteur d’un rapport incriminant contre Le Poing Levé et d’autres organisations étudiantes solidaires du peuple palestinien.
C’est sur ce contexte d’offensive contre les opposants politiques au régime que La Cocarde, petit groupe d’extrême droite candidat aux élections à Paris 1, a tenté de surfer. Licencié du centre PMF-Tolbiac la semaine dernière par les étudiants mobilisés contre le génocide, ce dernier avait directement appelé le gouvernement à exiger la dissolution du collectif Le Poing Levé, s’appuyant sur une campagne de fausses nouvelles relayé par la sphère fasciste selon laquelle leurs militants auraient été “attaqué avec un couteau” par les étudiants et Le Poing Levé. Mais cette fausse campagne n’a pas réussi à attirer largement les étudiants, malgré une situation particulièrement réactionnaire propice à la montée de l’extrême droite sur les campus. En effet, malgré une participation en hausse record – 25 % cette année contre 18 % il y a deux ans – La Cockarde a recueilli moins de 400 voix. De son côté, l’UNI, l’organisation d’extrême droite préférée de Patrick Hetzel, a obtenu 600 voix.
La Fédé (fédération des associations du secteur), qui se fait appeler “apolitique” mais proche du macronisme et à ce titre accompagné des dernières grandes attaques contre l’université publique, il a subi un net revers avec 1.700 voix contre 2.300 il y a deux ans. Alors que la Fédé s’est développée dans les années 2000 avec pour objectif de dépolitiser le mouvement étudiant, ces scores témoignent du rejet croissant du corporatisme de la part des étudiants et de leur conscience que leurs études et leurs conditions de vie sont des combats éminemment politiques.
Dans l’ensemble, les élections de Paris 1 ont montré une politisation importante de la part de la gauche étudiante. Au total, les cinq listes de gauche ont obtenu environ 7 000 voix lors des élections, soit les deux tiers des suffrages exprimés. Plus précisément, alors que les deux listes de l’UNEF – produites d’une scission récente entre la branche majoritaire au niveau national et la branche « Renouveau syndical » – subissaient un revers important dans leur position en perdant près de 1 000 voix et en passant de première organisation à troisièmement, Le Poing Levé et SAP1, antenne locale du Syndicat étudiant, sont les seules listes à avoir progressé par rapport à 2022.
Ainsi, la progression significative du SAP1 qui se substitue à la 1ère organisation étudiante avec plus de 3 000 voix, reflète une recomposition des forces politiques disposées à cogérer les universités avec les présidences et le ministère, tandis que le Syndicat des étudiants est devenu la première organisation. au CNESER en 2023.
Autrement dit, l’effondrement de l’UNEF dans son bastion historique – qui avait vu naître des cadres du Parti socialiste comme Manuel Valls – fait suite au déclin national de cette union, conséquence des trahisons du mandat de Hollande et de la politique qui l’accompagne. de la casse de l’université publique. Un chiffre d’affaires en faveur de SAP1 qui ne sera néanmoins pas sans contradictions pour un parti politique se réclamant “régionalisme” et à “indépendance”dans un contexte d’attaques historiques à venir contre l’enseignement supérieur.
De ce point de vue, le score Poing levé témoigne aussi du choix de nombreux étudiants de se doter d’élus combattants pour les conseils centraux, capables de tenir tête aux réformes de la présidence et du gouvernement, refusant de négocier une régression sociale. Mais plus largement, il s’agit aussi d’un soutien croissant au projet universitaire et de société que défend le Poing levé, par opposition à celui du gouvernement et de l’extrême droite, et qui se construira nécessairement en mettant notre énergie dans la mobilisation, le les rues et l’alliance avec les travailleurs.