la grotte de Bruniquel est orpheline

l’essentiel
Michel Soulier, l’explorateur qui a séjourné le plus longtemps dans la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne), est décédé subitement à l’âge de 74 ans. Une grande perte pour la spéléologie. Retour sur le voyage d’un aventurier dans le « plus que noir ».

La grotte « Soulier » de Bruniquel (Tarn-et-Garonne), disait-on parfois, tant Michel Soulier était associé à l’aménagement de ce site extraordinaire, qui n’est rien de moins que la plus ancienne trace de l’homme préhistorique sous terre (-176 000 ans). ).

Lundi après-midi, veille de son décès, Michel Soulier, 74 ans, explorait encore une cavité près de Cazals, et à la fin du mois, il devait tenir une réunion publique à la salle des fêtes de Bruniquel pour présenter les activités de la Mangrove, son club de spéléologie, et les dernières campagnes de fouilles dans les fouilles du Tarn-et-Garonne.

Il fallait un regard clair pour pénétrer dans les ténèbres les plus profondes
DDM – Manuel Massip

Dans toute l’histoire de la grotte de Bruniquel, Michel Soulier fut l’explorateur qui y passa le plus de temps. Son décès mardi suite à une crise cardiaque laisse tous ses amis de Mangrove « stupéfaits », d’autant que l’homme leur semblait en bonne forme physique. Il laisse une épouse, Denise, et trois enfants dont Rémi, également spéléologue. Michel et Denise Soulier ont tous deux été membres de l’équipe de recherche et ont donné de nombreuses conférences en duo, avec un souci de pédagogie qui mettait la préhistoire à la portée du public, et une envie de transmettre qui imposait le respect.

Denise and Michel Soulier, inseparable
DDM – Jean-Marc Barloy

« La simplicité et l’humour en prime », se souvient un ami, qui parle « d’une perte pour la spéléologie et pour le village de Bruniquel lui-même, puisque Michel travaillait sur un projet de mise en valeur de la grotte du château ».

D’abord une histoire de Caussad

Né le 28 avril 1950 à Montbazens (Aveyron), il fut lycéen à Rodez, puis à Montauban, sa famille s’étant installée à Caussade en 1966. Il fut étudiant à Paris, puis à Toulouse. Il épouse en 1975 Denise, une « personne passionnée comme lui, capable dans sa jeunesse de se donner à fond pour explorer le sous-sol ! « . Entre 1981 et 2010, il a été professeur de technologie au collège Pierre-Darasse, d’où ce côté « bricoleur », « soudeur d’outils improbables », qui a été utilisé dans tant d’expéditions.

Il découvre la spéléologie en 1962 dans l’Aveyron, grâce à Roland Pélissier. En 1967, il crée la société de spéléologie archéologique de Caussade qu’il préside pendant 40 ans. En 1974, il obtient son diplôme d’instructeur.

Dès le début de l’association, l’activité fut intense avec de belles découvertes, notamment la continuation de la grotte de la Dame Blanche. Le rayon s’étend des causses du Quercy jusqu’aux Pyrénées. Michel Soulier participe à des expéditions à l’étranger, faisant des découvertes considérées comme majeures, notamment avec son grand ami François Rouzaud, conservateur au service régional d’archéologie.

Néandertal réhabilité ?

Bruniquel est apparu, pour ainsi dire, dans les années 90. La découverte est venue des membres du club Caussade. Michel Soulier y descendit parmi les premiers. Le petit groupe découvert des accumulations de concrétions circulaires à plus de trois cents mètres de l’entrée. Un plan précis des locaux est établi. Mais la mort du préhistorien François Rouzaud permet à la grotte de retomber dans un profond sommeil. Il faudra attendre 2013 pour qu’une nouvelle équipe reprenne le flambeau, avec des résultats retentissants. Non seulement la grotte a été rénovée : des tonnes de matériaux ont été déplacés, un système d’éclairage a été conçu, mais elle date de 176 000 ans, soit de l’époque des Néandertaliens, que l’on croyait jusqu’alors, sans vouloir manquer de respect, comme une grotte primitive. Quasimodo brutal.

Lors du forum de l’association à Caussade, avec son club La Mangrove et son secrétaire Johan Gesrel
DDM – Jean-Marc Barloy

Michel Soulier, qui prendra progressivement des responsabilités nationales à la Fédération Française de Spéléologie, s’efforcera de donner le plus de relief possible à cette découverte, en dirigeant les études avec Jacques Jaubert et Sophie Verheyden, tout en poursuivant inlassablement ses explorations de la spéléologie traditionnelle, le Go -Caméra Pro fixée au casque. Il avait créé un nouveau club à Bruniquel en 2021, La Mangrove, dont il était président.

Les obsèques de Michel Soulier auront lieu mardi à 10h30 à l’église de Caussade.

Hommages attristés

Gérard Hébrard, mayor of Caussade : « C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès soudain de Michel Soulier, passionné de spéléologie et figure marquante de notre territoire. Explorateur infatigable, il a consacré sa vie à percer les mystères du monde souterrain, que ce soit dans le Bas-Quercy, à la grotte de Bruniquel, ou au-delà de nos frontières Michel était bien plus qu’un spéléologue : professeur au collège Pierre Darasse et fondateur du section locale de spéléologie, il partage sa passion. avec des générations de jeunes et d’adultes, en les invitant à découvrir la richesse scientifique et culturelle de notre patrimoine naturel. Nous adressons nos pensées les plus sincères à son épouse Denise et à sa famille, dans ces moments douloureux Michel Soulier laisse derrière lui un héritage. durable et précieux pour Caussade et bien au-delà ».

La grotte de Bruniquel l'occupait des centaines d'heures par an
La grotte de Bruniquel l’occupait des centaines d’heures par an
DDM – Manuel Massip

David Bianzani, président de la Fédération Française de Spéléologie : “C’est avec une profonde tristesse que nous apprenons le décès de Michel Soulier, notre camarade, trésorier adjoint puis vice-président de la FFS au début des années 90, très actif au sein du comité régional Midi-Pyrénées et président du club La Spéléologie Mangrove et patrimoine karstique Nos sincères condoléances à ses proches, amis et famille.

On rappellera ici les responsabilités bénévoles de Michel Soulier dans cette fédération : président du comité départemental de spéléologie durant les années 1970, responsable des secours dans les mêmes années, responsable technique de l’école française de spéléologie, président du comité régional de spéléologie Midi-Pyrénées pour 8 ans durant les années 1980, membre du comité directeur de la Fédération avec les postes successifs de trésorier adjoint, trésorier et président adjoint. Responsable du magazine régional Spéléoc au début des années 2000.

 
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