Enedis, qui renforce les contrôles, estime qu’au moins 100 000 Français possèdent un compteur Linky frauduleux.
Les trafiquants proposent leurs services sur les réseaux sociaux.
L’un d’eux témoigne anonymement devant les caméras de “Sept à Huit Life”.
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De sept à huit
Le compteur Linky était présenté comme inviolable. Mais à partir de 2022 et de la crise énergétique, ce ne sera finalement plus autant. Alors que le gestionnaire du réseau Enedis estime que les vols d’électricité ont augmenté de 2 TWh depuis, l’entreprise affirme avoir détecté plus de 100 000 compteurs falsifiés à travers la France. Sur Snapchat ou Telegram, des dizaines de comptes proposent de trafiquer Linky chez soi, en quelques minutes seulement. L’un de ses trafiquants a accepté de témoigner anonymement devant les caméras de “Sep à Huit Life”, une interview que vous pouvez retrouver dans le reportage en début de cet article, diffusé sur TF1 le week-end dernier.
Cet homme demande 350 euros pour son intervention, 600 euros s’il est un professionnel. Devant la caméra de “Sept à Huit Life”, qui l’a simplement dédommagé du déplacement, il montre un compteur chez un particulier indiquant une consommation de 2500 voltampères (VA). “Vous le verrez après le montage”il anticipe en mettant ses gants “pour se protéger”. Il ouvre alors le Linky et au bout de six minutes et 15 secondes l’opération, dont évidemment notre rapport ne montre pas les différentes phases, est déjà terminée. A l’écran la consommation est désormais de 750 VA. 70 % de l’électricité ne transite plus par le compteur et n’est donc pas facturée.
C’est très simple, même un adolescent pourrait le faire.
Un comptoir Linky
Le trafiquant ajoute même un nouveau sceau “qui certifie qu’Enedis a fermé” le cas. L’homme affirme l’avoir acheté facilement sur Internet. “C’est très simple, même un adolescent pourrait le faire”assure de son intervention. “Je n’ai absolument aucune formation d’électricien, si on sait se servir de ses dix doigts, ça marche très bien.”
Il explique qu’il fait ces opérations en plus de travailler comme mécanicien, ce qui est tout à fait légal et qu’il paie plus de 3 000 euros net par mois. « Je cherchais un complément de revenus. Sur Snapchat, j’ai trouvé quelqu’un qui s’entraînait dans le sud. Nous avons pris rendez-vous, je suis allé le voir et il m’a formé. Pour moi, c’était fantastique. Coût 1500 euros »révèle-t-il, alors qu’il exerce cette activité parallèle depuis six mois. « Cela représente entre 2 000 et 3 000 euros par mois, c’est certainement mieux qu’un. SMIC . Pour deux à trois clients par semaine, avec le temps de trajet… en six heures, tout est résolu. Six heures par semaine”.
“On a toujours peur, à un moment donné, d’être découvert”
L’un de ses clients, qui a bénéficié de cette opération il y a cinq mois, justifie cette démarche. « J’ai reçu un mail d’EDF pour m’indiquer qu’il restait un augmentation des prix de l’électricité . Et puis je me suis dit “mais c’est quoi cette augmentation au fait ?” Il y en a assez, ils sont partout”souviens-toi de ce père. « Le mois suivant, j’ai reçu la personne qui est venue, qui a fait l’opération, et vite ! Je gagnais environ 200 euros par mois. Et maintenant, aujourd’hui, je suis à environ 80 euros par mois. C’est parfait.”il se félicite.
« Il y a toujours la peur, à un moment donné, de se faire prendre, en faisant des choix comme celui-là. Mais je ne pense pas qu’ils vont réprimander la personne qui a fait quelque chose. Le risque a été pris et le risque a été pleinement assumé.ajoute-t-il. Or, selon Enedis, tous les escrocs ont déjà été identifiés par l’un de ses services dédiés.
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« Il faut savoir que lorsqu’on ouvre un compteur Linky, il y a une alarme qui se déclenche sur notre système d’information, on peut donc le voir directement »explique Nora Diouri, responsable du projet numérique de la cellule antifraude d’Enedis, dans le rapport « Sept à Huit Life ». Après l’ouverture, une baisse brutale de la consommation est systématiquement suspecte. Ainsi, depuis le mois dernier, l’entreprise a multiplié les avertissements par lettre recommandée. Les escrocs disposent alors de dix jours pour rembourser l’électricité impayée, sous peine de coupure de courant.