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Les commerçants ce mercredi, les agriculteurs l’an dernier ou bientôt même les VTC… C’est souvent en bloquant le périphérique toulousain ou en y réalisant des opérations escargots que les mouvements sociaux espèrent se faire entendre. Et les automobilistes se sentent piégés dans une lutte qui ne les concerne pas.
Le slogan n’est pas passé inaperçu. Mardi, Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole de France, a menacé de “paralyser et affamer Toulouse”. La Ville rose est souvent l’épicentre des contestations du monde paysan. Ce fut le cas en février 2018, lorsque la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, opposés à un projet de réforme de la carte des zones agricoles défavorisées, ont bloqué le périphérique.
Cela a également été le cas l’année dernière, lors du mouvement de colère agricole qui a débuté dans le Sud-Ouest. Mais les éleveurs ou les céréaliers ne sont pas les seuls à penser que bloquer le périphérique toulousain est un des moyens de marquer les esprits.
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La semaine dernière, les VTC ont traversé le périphérique, dans une opération escargot pour demander notamment une augmentation du prix du trajet. Ce mercredi, c’était au tour des commerçants du marché de la place du Capitole, qui ont également décidé de se faire connaître sur leurs conditions de travail dans le centre-ville, ce qui a provoqué des dizaines de kilomètres de bouchons apparus aux heures de pointe depuis le du centre à l’aéroport.
Mais l’objet de leur colère n’était pas les Toulousains coincés dans leur voiture et pris en otages dans une rixe qui ne les concernait pas. Mais plutôt les autorités municipales qui leur laissent moins de place au Capitole en raison de la mise en place du marché de Noël. « Il est toujours interdit de manifester au Capitole », explique Bernard Brouquisse, l’un des représentants des commerçants. “Nous savons qu’ils ne nous laisseront pas passer.” Cela fait donc partie du périphérique qu’ils ont bloqué. « Nous avons choisi les heures de pointe pour avoir un impact maximum. »
“Notre objectif est d’exprimer notre mécontentement, pas d’embêter les gens”
De nombreux automobilistes toulousains se sont donc retrouvés bloqués pendant plusieurs minutes. Alors que chaque année, ils perdent déjà en moyenne 159 heures dans les embouteillages, selon les résultats de l’étude européenne TomTom publiée en 2024. Et, selon l’endroit où ils habitent dans l’agglomération, ce temps perdu dans les embouteillages est souvent multiplié. C’est le cas par exemple des habitants de Pibrac qui à 8 heures du matin mettent 96 % de plus pour rejoindre le centre de Toulouse en raison du trafic routier, selon une étude de l’Agence de l’urbanisme et du développement de Toulouse.
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Ajouté à tout cela les travaux réguliers, les usagers du périphérique, notamment ceux du nord-est de Toulouse, en ont marre d’être “pris en otage”, déplorent certains automobilistes sur les réseaux sociaux. Les dirigeants de la protestation sont conscients des critiques. Faissal, l’un des organisateurs du mouvement de contestation des chauffeurs VTC, assure : « Notre objectif est de manifester notre mécontentement, pas d’agacer les gens qui vont travailler. Mais notre point de rendez-vous est le parking de Sesquières, et en sortant vers la gare ou vers le siège d’Uber, nous passons forcément par le périphérique, et notre cortège peut être gênant…”.
Ce dernier, comme ses confrères, pourrait se retrouver à nouveau à la rue la semaine prochaine. « Depuis notre mobilisation début novembre, nous n’avons rien obtenu d’Uber. Nos demandes de prix ont été rejetées. Nous évaluons d’autres mesures, comme la déconnexion massive de l’application en manifestant dans les prochains jours…», dit-il. Et depuis lundi, c’est aussi le cas pour les commerçants du Campidoglio… Le périphérique n’est pas terminé.
Le coût des événements
Les manifestations ont un impact sur la circulation. Et un coût. Tout d’abord pour le conducteur, qui passe plus de temps dans sa voiture à brûler du carburant. Selon l’étude publiée en début d’année par le système de navigation TomTom, le surcoût des embouteillages à Toulouse est estimé en moyenne à 1 275 euros par an. Il y a aussi une facture écologique, les émissions de gaz des voitures bloquées sont loin d’être négligeables, surtout durant l’hiver où les concentrations de particules fines sont élevées.
L’autre coût est supporté par les exploitants des routes concernées qui le supportent lorsque des dégâts surviennent lors de ces manifestations. Cela s’est produit à plusieurs reprises en marge des mobilisations paysannes. L’année dernière la métropole de Toulouse avait estimé un coût total à 90 700 euros, mais il s’agissait de la collecte des déchets dans la ville. En 2018, lors de grandes manifestations contre la nouvelle carte des zones défavorisées, le groupe Vinci Autoroutes, concessionnaire de plusieurs autoroutes concernées, avait estimé les dégâts à 7 millions d’euros… une paille.