Ces sifflets en forme de crâne auraient notamment été utilisés pour renforcer les effets mystiques des rituels religieux et sacrificiels des Aztèques. Et selon une étude récente, ils produisent encore des sensations désagréables chez l’homme, plus de 500 ans après la disparition de ce peuple amérindien. Nous allons vous l’expliquer.
La civilisation aztèque a toujours eu une dimension mystique dans l’imaginaire collectif, et de nombreux fantasmes alimentent encore aujourd’hui la fascination pour ce peuple. À tel point que 500 ans plus tard, les scientifiques tentent toujours d’en percer les mystères. C’est le cas de quatre chercheurs et d’un chercheur en neurosciences de l’Université de Zurich, en Suisse, qui se sont intéressés aux fameux « sifflements de la mort ». »
Dans leur étude publiée le 11 novembre 2024 dans la revue Psychologie de la communicationils étudient les effets du sifflement produit par ces objets étranges sur le cerveau humain. Et leurs résultats pourraient bien dissiper certains mythes concernant ces artefacts.
Un son digne des plus grands films d’horreur
Les « sifflets de la mort » remontent au XIIIe sièclee siècle au 16èmee siècle, âge d’or de la civilisation aztèque. Ce peuple, situé dans la vallée de Mexico, et ses traditions ont disparu face à la colonisation espagnole, après la défaite militaire de 1521 face au conquistador Hernán Cortés. Mais ce n’est que bien plus tard, à la fin des années 1990, que les sifflets crâniens ont été découverts.
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Lors de fouilles dans un temple aztèque de Mexico, des archéologues découvrent le squelette sans tête d’un homme sacrifié, tenant dans sa main un petit objet en forme de crâne. Une technologie ultra avancée permet au sifflet d’émettre des sons aigus entre voix et cri, les rendant effrayants et « plutôt unique et inhabituel par rapport aux instruments de musique historiques et contemporains » écrivent les scientifiques de l’étude. Depuis, cet objet en argile aux sons dignes des plus grands films d’horreur ne cesse d’alimenter des théories qui font froid dans le dos.
Plusieurs hypothèses scientifiques
Plusieurs hypothèses sont rappelées dans l’étude de l’Université de Zurich. Premièrement, on les appelle « sifflets de la mort » puisque la théorie les associe à des instruments de peur face à l’ennemi, sur le champ de bataille. Ensuite, selon les neuroscientifiques, la forme du crâne pourrait “représentent Mictlantecuhtli, le seigneur aztèque des enfers, et peuvent fournir un lien avec les cultes sacrificiels aztèques.”
Le sifflement, quant à lui, “révèle une association possible avec Ehecatl, le dieu aztèque du vent, qui a voyagé aux enfers pour obtenir les ossements des âges du monde précédents afin de créer l’humanité”souligne l’étude. C’est “ l’hypothèse du symbolisme de la divinité ». Et à la vue des lieux où ont été découverts des sifflets, souvent des sépultures avec sacrifices humains, une troisième théorie surgit : celle « symbolisme rituel ». En effet, de nombreux instruments aztèques ont été conçus pour imiter les sons de l’environnement (vent), des animaux (cris d’oiseaux) ou des humains (cris) lors de multiples rituels.
Des effets étranges sur les humains
Pour déterminer quelle hypothèse est la plus probable, les chercheurs ont réalisé des analyses psychoacoustiques et neuroscientifiques sur 70 volontaires pour comprendre comment le son du sifflet était perçu par les humains. Première conclusion : malgré leurs 500 ans, ces objets donnent encore la chair de poule à notre époque.
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“Les sifflets crâniens produisent un son dur et perçant” et “Les auditeurs humains participant à nos expériences ont évalué les sons du sifflement crânien comme étant très négatifs”, peut-on lire dans le rapport, mais aussi « effrayant », « aversif » et “non naturel”. Ainsi, la nature « hybride naturel-artificiel de sons » est ambigu pour notre cerveau, et nous laisse alors une sensation inquiétante. L’hypothèse d’un symbolisme rituel apparaît alors bien plus probable que celle de la guerre. Et la peur que suscitent encore ces sifflets a encore de beaux jours devant nous dans nos plus grands cauchemars et films d’horreur.