Le gestionnaire de capacités de stockage de gaz Storengy a souligné, lors de sa conférence de presse annuelle du 19 novembre, le rôle stratégique de ses actifs pour assurer la sécurité d’approvisionnement de la France. Mais aussi dans le cadre de la transition énergétique, avec l’adaptation de ses sites au stockage d’hydrogène.
Près de 130 TWh de capacité de stockage
Pour stocker du gaz naturel en grande quantité, la France utilise diverses structures géologiques souterraines existantes ou aménagées : aquifères, gisements d’hydrocarbures appauvris et cavités salines.(1).
La France dispose aujourd’hui de l’équivalent de 130 TWh de capacité de stockage de gaz, ce qui correspond à environ un tiers de sa consommation annuelle.
Sur ce total, 100 TWh sont exploités par Storengy, filiale d’Engie qui dispose de 14 sites de stockage de gaz en France (et 7 autres en Allemagne et au Royaume-Uni, ce qui en fait le 1est opérateur de stockage souterrain en Europe).
Un rôle « crucial » lors des pics de consommation
Storengy rappelle que ses capacités de stockage sont « cruciales » pour assurer la sécurité d’approvisionnement des 10,5 millions de consommateurs de gaz naturel en France (compte tenu de la production très limitée sur le territoire national).
« Avoir ce volume accessible localement, c’est se prémunir contre les facteurs externes influençant les prix. » et anticiper les problèmes d’approvisionnement, comme l’a souligné la crise énergétique suite à la guerre en Ukraine.
L’Union européenne impose donc aux États membres d’atteindre un niveau de remplissage de 90 % de leurs capacités de stockage de gaz d’ici 1est novembre (un niveau atteint le 5 septembre dernier par la France(2)).
En hiver, les sites de stockage assurent « plus de 50% de la consommation de gaz lors des pointes », souligne Storengy. Par exemple, le 10 janvier 2024, 1 706 GWh de gaz avaient été soutirés des sites de stockage français, ce qui correspondait à 65 % de la consommation ce jour-là.
L’hiver 2024-2025 est ainsi considéré comme « sécurisé », avec un système « robuste » nous permettant d’aider les pays voisins si nécessaire.
Quel est l’impact du stockage sur vos factures de gaz ? (coût du gaz ATS).
Une transformation majeure à venir
Si la situation actuelle des acteurs du stockage de gaz est « confortable » Pour l’hiver prochain, le secteur sera confronté à de grands bouleversements à l’avenir. La consommation française de gaz est en effet en baisse : elle s’élève à 381 TWh en 2023, passant ainsi sous la barre annuelle des 400 TWh.
Storengy souligne cependant que l’électrification du système énergétique ne peut être totale et prépare ainsi ses sites à stocker du gaz « renouvelable », à savoir le biométhane (dont le développement a dépassé les objectifs de la PPE).(3)) et encore plus d’hydrogène.
A ce titre, Storengy travaille actuellement sur 3 projets dédiés au stockage d’hydrogène en France : HyPSTER (premier démonstrateur de stockage souterrain d’hydrogène renouvelable dans l’Ain(4)), Storgrhyn (développement de capacités supplémentaires de stockage dans les salines de la région Grand-Est) et GéoH2 (démonstrateur de stockage d’hydrogène dans les salines de Manosque).
Storengy précise que les cavités actuellement utilisées pour stocker le gaz naturel pourront être utilisées pour stocker de l’hydrogène dans le futur mais que les installations de surface devront évoluer (notamment compte tenu de la petite taille de la molécule d’hydrogène nécessitant une étanchéité différente).
Dans cette perspective, le gestionnaire français attend que des objectifs clairs de développement du stockage de l’hydrogène soient fixés pour « dérisquer » les investissements associés. ” Si début août 2024, le paquet législatif européen sur la décarbonation de l’hydrogène et du gaz est entré en vigueur, il s’agit désormais pour tous les États membres disposant de stockage d’établir rapidement un cadre réglementaire à mettre en place avant 2033. »