que sait-on des moyens dont dispose l’Ukraine pour frapper sur le sol russe ?

que sait-on des moyens dont dispose l’Ukraine pour frapper sur le sol russe ?
que sait-on des moyens dont dispose l’Ukraine pour frapper sur le sol russe ?

Les États-Unis devraient enfin permettre à l’Ukraine de frapper la Russie avec des missiles américains à longue portée.

Ce changement majeur dans la doctrine stratégique marquera-t-il un tournant dans le conflit ?

La fournit également des missiles à longue portée à l’Ukraine et affirme que frapper le sol russe reste une option.

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Guerre en Ukraine : un conflit sans fin

Il s’agit d’un changement de doctrine majeur de la part de Joe Biden, qu’il opère alors qu’il s’apprête à quitter la Maison Blanche dans deux mois. Le président américain a choisi d’autoriser l’armée ukrainienne à utiliser ses missiles longue portée ATACMS pour des frappes sur le territoire russe, ce qu’il avait refusé jusqu’ici. Moscou a condamné ce lundi cette décision, toujours officieuse, que réclamait le président ukrainien depuis plus d’un an.

Pour les forces ukrainiennes, il s’agit de pouvoir frapper la Russie en profondeur, d’atteindre les bases d’où les Russes lancent leurs attaques. Des missiles américains permettraient également d’intervenir dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes ont pris pied lors d’une offensive en août dernier. Joe Biden a longtemps refusé d’utiliser ainsi ses missiles, par crainte d’une escalade avec Moscou. Cette autorisation pourrait aussi ouvrir la voie à celles d’autres pays alliés qui ont fourni des missiles à l’Ukraine, et qui étaient jusqu’ici alignés sur Washington.

225 cibles répertoriées en août

En août dernier, l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) a établi une carte de quelque 225 sites (nouvelle fenêtre) L’armée russe pourrait être atteinte par les missiles américains ATACMS tirés depuis l’Ukraine, avec une portée de 300 kilomètres. Casernes, bases aériennes, entrepôts font partie de la longue liste de cibles qui pourraient aider l’Ukraine à freiner les opérations lancées depuis l’ouest de la Russie.

Les États-Unis ont livré à Kiev plusieurs centaines de missiles ATACMS, que l’armée ukrainienne utilise depuis octobre 2023. ATACMS est l’acronyme de « Army Tactical Missile System » (« Système de missile militaire tactique » en français). Un nom qui se prononce « Attaquez-les » par l’armée américaine, c’est-à-dire «Attaquez-les» en français. Il s’agit d’un missile sol-sol, de type MGM-140, en service dans l’arsenal américain depuis 1991. Il a été progressivement remplacé par le « Missile de frappe de précision », depuis décembre dernier, dont la portée passe à 500 kilomètres.

On ne sait pas combien de missiles ATACMS l’Ukraine possède encore après un an d’utilisation à l’intérieur de ses frontières, quelques dizaines tout au plus selon les estimations des experts. Les forces ukrainiennes devront donc être très économes dans le choix de leurs frappes, surtout avec l’arrivée d’une nouvelle administration américaine en janvier prochain, qui pourrait mettre un terme aux approvisionnements en armes. On ne sait pas non plus, en l’absence d’annonce officielle, si l’autorisation consiste à laisser le libre choix des cibles à Kiev, ou si le feu vert de Washington sera accordé au cas par cas.

LCI vous répond : les missiles longue portée, un tournant pour Kyiv ?Source : Infos TF1

L’armée ukrainienne dispose d’autres missiles fournis par les alliés, qui pourraient également décider de lever les restrictions après la décision de Washington. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réaffirmé ce lundi que les tirs de missiles français sur le sol russe restaient “une option”comme l’a formulé Emmanuel Macron en mai dernier. Une option qu’il a ensuite limitée aux seules frappes sur des cibles militaires susceptibles de déclencher des offensives sur l’Ukraine.

Les missiles Scalp ont une portée légèrement inférieure à celle des ATACMS, et le nombre d’exemplaires livrés par la France courant 2023 est estimé à une quarantaine. Le Scalp est le fruit d’une collaboration franco-britannique-italienne, et la Grande-Bretagne et l’Italie ont également livré leurs propres exemplaires (appelés « Storm Shadows » dans leur version britannique). Là aussi, certains missiles ont déjà été utilisés au sol, à l’intérieur des frontières ukrainiennes, selon le commandement ukrainien, notamment en Crimée et en mer Noire.

Si Londres et Paris ont déjà exprimé par le passé leur souhait que les forces ukrainiennes puissent utiliser leurs armes sur le sol russe, et pourraient rapidement s’aligner sur la décision de Washington, la situation est tout autre pour l’Allemagne. Deuxième fournisseur d’aide militaire de l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, Berlin refuse toujours de livrer ses missiles Taurus, demandés par Kiev. L’Allemagne lui fournira en revanche 4 000 drones tactiques HX-2 Karma, contrôlés par l’intelligence artificielle, surnommés mini-Taurus. Comparaison toutefois exagérée, selon le ministère allemand de la Défense, les engins étant limités à une portée d’une quarantaine de kilomètres. (nouvelle fenêtre).

Même avec le feu vert de Washington, la situation sur le terrain a changé depuis août. La carte alors établie par l’ISW est probablement déjà obsolète, l’autorisation de Washington étant anticipée. Moscou aurait retiré ses armes les plus sensibles, comme ses bombardiers, de cette zone de 300 kilomètres. En septembre dernier, le porte-parole du Pentagone estimait déjà que de toute façon 90 % des bases d’où partent les avions russes transportant des bombes planantes étaient situées hors de portée des ATACMS. Il faut aussi réévaluer la portée supposée de 300 kilomètres, quand on sait que l’Ukraine mettrait en danger son maigre arsenal en positionnant ses lanceurs trop près de la ligne de front.

L’annonce spectaculaire de Washington est-elle une imposture ? Stephen Biddle, professeur d’affaires internationales à l’Université de Columbia aux États-Unis “Je ne pense pas que cela soit décisif au cours de la guerre”. Comme plusieurs experts qui réagissent au feu vert encore vague de Joe Biden, il estime que les attaques en profondeur d’ATACMS ne peuvent pas avoir les effets que l’on aurait pu espérer il y a quelques mois. Ce dernier acte de la présidence semble avoir un autre objectif.

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Si les missiles américains restent menaçants dans la limite des 300 kilomètres, c’est pour les milliers de soldats nord-coréens que Pyongyang vient d’y déployer. Le signal est alors clair pour l’allié nord-coréen de Moscou, invité à ne pas engager davantage de moyens humains dans le secteur de Koursk, où les troupes ukrainiennes ont pris pied en août dernier. C’est aussi et surtout le moyen de protéger l’un des seuls atouts dont disposerait Kiev, l’occupation de cette région russe, si l’arrivée de Donald Trump à la présidence accélérait l’instauration des négociations avec Vladimir Poutine.


Frédéric SENNEVILLE avec AFP

 
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