La commission d’enquête du Sénat exige que l’Etat entre au capital de TotalEnergies au nom de la souveraineté

La commission d’enquête du Sénat exige que l’Etat entre au capital de TotalEnergies au nom de la souveraineté
La commission d’enquête du Sénat exige que l’Etat entre au capital de TotalEnergies au nom de la souveraineté

Pointer du doigt TotalEnergies pour son impact délétère sur le climat, ou chouchouter l’entreprise pour qu’elle reste française ? C’est la question difficile que devaient se poser les sénateurs, dans le cadre de la commission d’enquête consacrée à l’action climatique du groupe et dont les conclusions ont été rendues publiques ce mercredi.

Car si, à l’origine, cela devait concerner la politique environnementale de TotalEnergies et le rôle de l’Etat dans ce dossier, l’annonce le 26 avril par son PDG, Patrick Pouyanné, d’une éventuelle cotation principale à la Bourse de New York, a parasité l’exercice. Et fait du maintien de la major en France une priorité absolue… quitte à lui montrer de l’attachement.

Initiée en décembre par le groupe écologiste, la commission d’enquête révèle comme principale recommandation l’entrée de l’État au capital de TotalEnergies, par l’acquisition d’une action spécifique (ou part d’or). L’objectif: “ permettre à l’État de s’opposer si quelqu’un souhaite transférer la cotation principale à New York ou transformer le groupe en société américaine », a souligné mercredi son président, le sénateur LR Roger Karoutchi. Il n’a d’ailleurs pas manqué d’ajouter que « TotalEnergies est un fleuron qui doit le rester et qui doit contribuer à la souveraineté de la France « . Et pour cause : l’hypothèse de le voir délocaliser son listing principal « un fait réagir le Sénat », a confirmé l’écologiste Yannick Jadot, rapporteur du texte, lors d’une conférence de presse ce mercredi.

Climat : TotalEnergies visé par un rapport du Sénat

Un ton clément

Néanmoins : l’entrée de l’Etat dans le capital pourrait aussi permettre de « accompagner la major dans ses efforts de transition énergétique », peut-on lire dans le rapport, adopté à l’unanimité. Mais sur le sujet, il se montre effectivement plutôt indulgent avec le groupe. Même si Yannick Jadot a initialement justifié le lancement de la commission d’enquête par le fait que « Les investissements pétroliers et gaziers de TotalEnergies sont en totale contradiction avec les objectifs climatiques de la France et l’accord de Paris », le ton a globalement changé.

Décrit dès le départ comme « encore une fois une entreprise stratégique pour garantir notre souveraineté énergétique durable », TotalEnergies est en effet salué pour son « les efforts déployés pour la transition énergétique “, OMS ” sont supérieurs à ceux réalisés par d’autres majors pétrolières, notamment anglo-saxonnes « . ” Il existe un écart entre les commentaires formulés en public et le contenu du rapport. », estime une source anonyme proche du dossier.

Donc, même s’il faut changer » rythme ” et de ” méthode » pour que le groupe « devenir véritablement un leader des énergies renouvelables et de la mobilité propre », le rapport ne blâme pas l’entreprise française en tant que telle. Parce qu’être ” complètement privé “, Elle ” ne peut sans doute pas initier seul un changement de modèle qui fragilise sa rentabilité et réaliser ce changement à un rythme conforme aux attentes de la société », peut-on lire dans le document. Résultat : sur 33 propositions réparties en 4 axes (« Rrenforcer notre souveraineté », « Affirmer le leadership international après l’Accord de Paris », « Promouvoir la gouvernance climatique des entreprises » et « Lutte contre les conflits d’intérêts »seuls cinq ou six concernent directement TotalEnergies.

Sanctionner les importations russes de GNL

Il faut dire que ceux-ci sont le fruit d’un « compromis », ont rappelé Yannick Jadot et Roger Karoutchi. « C’est un rapport équilibré, qui ne correspond pas tout à fait à ce que j’aurais écrit dans ma contribution, mais dont le Sénat peut être fier. », a précisé le rapporteur écologiste.

Malgré la clémence affichée et le fait que les recommandations ne soient pas du tout suffisantes, avoir ce rapport est une bonne chose. Il permet de retracer ce qui a été dit lors de la quarantaine d’audiences menées ces dernières semaines. Notamment celles des scientifiques, qui ont rappelé qu’il faut sortir des énergies fossiles et que TotalEnergies n’est pas sur la bonne trajectoire climatique », commente Edina Ifticene, responsable de campagne Fossiles chez GreenPeace.

L’association salue également une autre recommandation : celle de « élever la France dans une position de pionnier par rapport aux autres pays européens, en proposant l’inclusion du gaz naturel liquéfié (GNL) russe dans les produits énergétiques sous sanctions européennes et en donnant l’exemple en arrêtant au plus vite les importations de GNL russe en France « .

TotalEnergies doit cesser d’importer du GNL de Russie. La France doit donc inscrire dans son paquet de sanctions la fin du GNL russe, plus rapidement que la fin des importations de gaz russe en général. », a justifié Yannick Jadot, rappelant qu’au 1er trimestre 2024, la France a importé 600 millions d’euros de GNL russe.

En effet, deux ans après l’invasion de l’Ukraine, TotalEnergies continue de faire entreprise dans le pays dirigé par Vladimir Poutine, en vendant plus de 4 millions de tonnes de GNL par an via son contrat long terme avec Yamal LNG… principalement destiné au Vieux Continent. Depuis cet immense complexe industriel comprenant 200 puits, trois trains de liquéfaction de gaz, un aéroport, un port et une flotte de bateaux brise-glace, la major française charge le fameux hydrocarbure avant qu’il ne transite par bateau vers les côtes européennes… y compris d’ailleurs vers la France, le principal client du GNL russe sur le Vieux Continent. Un contrat qui ne peut être rompu en l’absence de sanctions, c’est à direCette usine n’est concernée par aucune représaille commerciale en provenance d’Europe.

Pourquoi TotalEnergies ne vend pas ses actifs en Russie

 
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