« Que se passe-t-il dans la tête d’un policier qui travaille le week-end et qui se fait insulter ? A qui l’on dit : «Je sais où habitent votre femme et vos enfants» ? » La question du procureur adjoint est purement rhétorique, et le gendarme n’est pas présent ce mardi 12 novembre 2024 pour tenter d’apporter une réponse. Sur le quai, une Indienne de 38 ans, vêtue d’un pull rose et menottée aux poignets, écoute fébrilement le résumé des faits. Devant le tribunal de Châteauroux, le président revient sur la journée du dimanche 10 novembre.
« Ce gendarme commence à avoir peur. Je le dis très clairement »
Cette femme hurle dans un immeuble et tente de pénétrer dans un appartement pour obtenir des explications suite à une dispute. La police est appelée et la colère de cette trentenaire ivre se dirige vers l’un d’entre eux, qu’elle connaît pour l’avoir croisé sur d’autres interventions. “Bâtard de tes morts!” Fils de pute. Vous êtes mort. Je sais où tu habites. » Placée en garde à vue, son alcoolémie affichait un taux de 0,92 mg d’alcool par litre d’air expiré (2,1 g par litre de sang).
« Moi aussi, je me suis trompé d’appartementregrette-t-elle au bar. […] Je sais que je ne devrais pas réagir comme ça, je suis impulsif. » Ce gendarme l’aurait, selon elle, provoqué. « Il arrive devant moi et il gonfle le torse. Cela signifie « Ah tu es là ! Ça y est, tu vas y retourner (en prison). » La caméra piéton du gendarme a été activée, et selon la description donnée par le procureur adjoint à « A aucun moment il n’intervient. Il laisse faire son collègue. »
“Ce gendarme commence à avoir peur, je le dis très clairement”continue-t-elle. Pour l’avocat de la défense, M.e Jérôme Dubois-Dinant, she let herself « accablé par une situation bien plus large que la lecture qui est faite des faits ». Cet indien “est fondamentalement seul”souligne-t-il. Elle s’occupe de son fils de 19 ans “qui lui fait voir”. Elle lutte depuis plusieurs années contre le cancer et ses rechutes.
“Cette phrase tient compte de votre situation médicale”
Pour le procureur de la République, “La maladie n’excuse pas tout”, et la première condamnation pour outrage remonte à 2015. Elle sera suivie de trois autres affaires similaires. Le ministère a requis huit mois de prison et la révocation de quatre mois de probation (un an au total). Elle a été condamnée à six mois de prison. Deux mois de peine avec sursis ont été révoqués. Une phrase adaptable à la maison grâce à un bracelet électronique. « Cette phrase tient compte de votre situation médicale, insiste le président de l’audience. Cela aurait été totalement différent dans un autre contexte, il faut avoir cela en tête. »