Recyclage, intelligence artificielle, prix… Pourquoi il ne faut pas (trop) s’alarmer de l’épuisement des mines de cuivre

Recyclage, intelligence artificielle, prix… Pourquoi il ne faut pas (trop) s’alarmer de l’épuisement des mines de cuivre
Recyclage, intelligence artificielle, prix… Pourquoi il ne faut pas (trop) s’alarmer de l’épuisement des mines de cuivre

Un constat inquiétant, qui a incité “épuisement des réserves minérales» se classe quatrième dans le top 10 des préoccupations des dirigeants miniers mondiaux pour 2025. Car dans le même temps, la demande de cuivre – le roi des métaux conducteurs d’électricité – est en hausse et pourrait atteindre 41 millions de tonnes en 2050 contre 25 millions. aujourd’hui. “Il existe une quarantaine de très grosses mines que nous n’avons pas et dont nous avons besoin rapidement car développer un actif cuivreux prend en moyenne 15 ans.», souligne l’expert.

Une histoire de prix

Attention à ne pas vous alarmer trop vite ! Premièrement, l’ampleur de l’augmentation future de la demande de cuivre doit être prise avec précaution. Cela dépend à la fois du rythme réel de la transition énergétique et des technologies de remplacement et d’économie des métaux qui émergeront. Ainsi, la disponibilité physique du cuivre n’est pas menacée à court ou moyen terme. Malgré le déclin des découvertes, « depuis 1960 il y a toujours eu en moyenne 38 ans de réserves » [les ressources identifiées qui sont jugées économiquement exploitables] du cuivre», souligne l’International Copper Studies Group (ICSG), citant les données de l’American Geological Survey.

«Les ressources minérales sont encore abondantes, ce qui pose question, c’est surtout le prix qui affecte la capacité à les extraire», explique Moez Ajmi. Financement difficile, volatilité des prix – la tonne de cuivre est passée de moins de 8 500 $ la tonne début 2024 à près de 11 000 $ en mai et un peu au-dessus de 9 000 $ en novembre – problèmes d’acceptation sociale… Face aux difficultés,les grands opérateurs miniers préfèrent souvent acheter des actifs ou développer des mines existantes plutôt que d’en construire de nouvelles, mais le risque est que ces gisements s’épuisent», juge le consultant EY.

Mines moyennes et extensions de celle existante

C’est cette stratégie qui explique la tentative ratée du géant minier BHP en début d’année d’acquérir AngloAmerican. Cette politique d’investissement prudente est identique à celle de poids lourds du métal rouge comme l’américain Freeport McMoran ou le chilien Codelco. Plus important encore : les mineurs qui disposent de gisements directs – comme BHP avec Oak Dam en Australie ou Glencore avec Mara et El Pachon en Argentine – attendent que les prix augmentent avant de commencer l’exploitation.

«Si l’on compte aujourd’hui tous les projets d’exploitation du cuivre, il est possible de répondre à la demande estimée en 2035. Mais cela nécessitera un ajustement des prix.», juge Xavier Veillard, directeur associé en charge de l’énergie et des matières premières chez McKinsey . Pour le cabinet de conseil, les prix doivent atteindre 12.500 dollars la tonne, pour motiver les grands projets prévus dans la décennie au Chili (premier producteur mondial), mais aussi en Russie, au Pakistan, en Indonésie, en République démocratique du Congo et en Zambie… Ce constat est renforcé par une note récente de la banque d’investissement australienne Macquarie, qui répertorie d’importantes expansions futures ainsi qu’un grand nombre de projets miniers de taille moyenne (entre 50 000 et 150 000 tonnes par an) en cours de développement dans le monde.

Vers plus de recyclage

Au-delà du prix et des gisements déjà identifiés, l’hypothèse que de nouvelles sources pourraient réduire le risque de pénurie ne peut être exclue. En début d’année, la start-up américaine Kobold Metals, qui se targue d’utiliser de nouveaux outils d’intelligence artificielle, a annoncé une découverte majeure à plus de 1 500 mètres sous terre en Zambie. Dans le New York Timesla start-up précise que le gisement serait « probablement la plus grande découverte de cuivre depuis plus d’une décennie » et devrait permettre de produire au moins 300 000 tonnes de cuivre par an. Depuis, elle a levé plus de 500 millions de dollars pour poursuivre ses travaux et vise à entrer en production d’ici la fin de la décennie.

«Les gisements secondaires et notre capacité à recycler davantage de cuivre connaissent également une croissance très forte, avec la mise hors service d’anciennes lignes de télécommunications et de bâtiments.», précise Xavier Veillard. McKinsey estime que le recyclage (qui apporte actuellement un peu plus de 4,5 millions de tonnes de cuivre par an) devrait augmenter de 60 % d’ici 2035. Un jugement partagé par l’expert d’EY Moez Ajmi qui note que «Lorsque les dirigeants miniers sont interrogés sur la transformation de leurs opérations à court terme, le sujet n°1 est l’intégration du recyclage dans la chaîne de valeur.« . En France, le câblodistributeur Nexans a lancé cette tendance en annonçant fin octobre un investissement de 90 millions d’euros pour pouvoir réutiliser 80 000 tonnes de cuivre usagé par an dans sa fonderie de Lens.

 
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