Pourquoi les Français ont-ils peur de se faire voler leur Doliprane ?
Doliprane vendu aux Américains ? La perspective affole les Français : le médicament en boîte jaune est le plus consommé en France. Que représente cet antidouleur, anti-fièvre dans notre quotidien ? Décryptage avec Mathieu Molimard, pharmacologue au CHU de Bordeaux
Le Dafalgan 2ème des ventes
La deuxième place revient à Dafalgan d’Upsa avec moins de 75 millions de cartons. Le Doliprane comme le Dafalgan sont des produits à base de paracétamol, l’un des analgésiques les plus courants. Le paracétamol est « de loin la première molécule remboursée en volume », souligne l’Assurance maladie. Et « le doliprane représente à lui seul près de 75 % du nombre de boîtes livrées pour cette molécule ».
Avec environ 36 millions de patients, plus de la moitié de la population française s’est vu prescrire du Doliprane, signe du caractère encore emblématique de ce médicament au cœur d’une récente polémique. Sanofi envisage de céder la majorité d’Opella, sa filiale productrice de Doliprane, à un fonds américain, CD&R.
Cette annonce a suscité une forte opposition de la part des syndicats, mais aussi des politiques de tous bords, sur fond d’inquiétudes sur l’emploi et l’approvisionnement en médicaments, même si le paracétamol lui-même n’est pas fabriqué par les usines françaises de Sanofi. L’Etat a imposé de nombreuses garanties à Sanofi et CD&R quant à l’utilisation et à la production du Doliprane sur le sol français, même si elles sont jugées insuffisantes par les opposants à la vente.
Malgré la place prépondérante de Sanofi dans les prescriptions, ce n’est pas le traitement pour lequel le remboursement représente les montants les plus élevés pour l’Assurance Maladie. Il ne se classe qu’au 17ème rang, compte tenu de son faible coût.
Eliquis, l’anticoagulant, à la pointe des remboursements
La première place revient à un anticoagulant, Eliquis – commercialisé conjointement par Bristol-Myers Squibb et Pfizer -, avec plus de 750 millions d’euros remboursés. Cependant, ce médicament n’a guère démontré de bénéfice majeur par rapport aux autres traitements. C’est le cas de nombreux autres soins pris en charge : près d’un tiers des montants remboursés en 2022, selon l’Assurance maladie.
