Les craintes de dérives se sont renforcées après les graves incidents qui ont suivi le match de Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv, dans la nuit du 7 au 8 novembre à Amsterdam. Des supporters israéliens ont été pourchassés et battus dans les rues de la capitale néerlandaise, attaques qui ont fait entre 20 et 30 blessés et suscité l’indignation dans de nombreuses capitales occidentales. Les supporters du Maccabi se sont également fait remarquer avant le match en chantant des chants anti-arabes et en brûlant un drapeau palestinien sur la place centrale du Dam.
Mais pas question pour les autorités françaises de renoncer à organiser le match. Au lendemain des événements d’Amsterdam, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a écarté cette possibilité, prenant le contre-pied de la Belgique qui avait refusé d’accueillir Israël le 6 septembre à Bruxelles, et avait décidé d’affronter son adversaire à Debrecen en Hongrie. « Certains réclament que le match France-Israël soit délocalisé. Je ne l’accepte pas : la France ne recule pas car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et à l’antisémitisme », a-t-il écrit vendredi sur X.
4 000 forces de l’ordre mobilisées
Au total, 4 000 policiers et gendarmes seront déployés autour et, rarement, dans le stade, ainsi que dans les transports en commun et dans tout Paris. Environ 1.600 agents de sécurité seront également mobilisés au Stade de France et le Raid, l’unité d’élite de la police nationale, s’engage à assurer la sécurité de l’équipe d’Israël, enfermée dans une bulle depuis son arrivée en France lundi. “Ce sera une tolérance zéro”, a promis mercredi le chef de la police Laurent Nuñez sur la radio RTL, précisant que seuls les drapeaux français et israéliens seront autorisés dans le stade. Les banderoles palestiniennes ainsi que les « messages à caractère politique » seront interdits, a-t-il précisé.
Israël a toutefois appelé dimanche ses supporters à éviter de se rendre au Stade de France jeudi. La salle de Saint-Denis, en banlieue parisienne, sonnera de toute façon particulièrement creuse puisque seulement 12 000 à 25 000 spectateurs sont attendus. On se dirige donc vers la plus faible affluence de l’histoire de ce stade (36 842 spectateurs pour France-Nouvelle-Zélande en 2003).
Une tribune bien remplie
Le président de la République Emmanuel Macron sera présent, pour “envoyer un message de fraternité et de solidarité après les actes antisémites intolérables qui ont suivi le match à Amsterdam”, selon son entourage. Ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ainsi que le Premier ministre Michel Barnier seront également présents, selon plusieurs médias.
Sur le terrain, les Bleus de Didier Deschamps, privés pour le deuxième mois consécutif de leur capitaine et superstar Kylian Mbappé, tenteront de décrocher leur ticket pour les quarts de finale de la Ligue des nations. Deuxièmes de leur groupe, il leur suffit d’un match nul pour se qualifier.
Même sans Mbappé, la tâche ne devrait pas être insurmontable, un mois après un facile succès contre les mêmes Israéliens à Budapest (4-1). Au-delà de l’aspect sécuritaire, l’ombre de l’attaquant, qui accumule les déboires (échec de l’Euro 2024, conflit financier avec le PSG, intégration laborieuse au Real Madrid, accusations de viol émanant de la presse suédoise), se profilera forcément à Saint-Denis. En octobre, la défection de Mbappé n’a pas eu trop d’impact sur la prestation des vice-champions du monde, victorieux d’Israël et de la Belgique à Bruxelles (2-1).