(Lublin) La cérémonie est brève : un homme s’approche d’un bureau, signe des papiers, puis un soldat lui serre la main et l’accueille dans les forces ukrainiennes.
Magdalena PACIOREK
Agence France-Presse
« Gloire à l’Ukraine ! » », raconte Igor Roussakevitch, un volontaire venu rejoindre la Légion ukrainienne créée en Pologne par Kiev pour les Ukrainiens vivant à l’étranger.
Trois ans après le début de l’invasion russe, l’Ukraine cherche à reconstituer son armée et la Légion a été conçue pour convaincre les hommes en âge de combattre de s’enrôler.
Ouvert le mois dernier dans la ville polonaise de Lublin, à environ 100 kilomètres de la frontière ukrainienne, le bureau de recrutement a jusqu’à présent reçu environ 700 candidatures.
«J’ai une famille ici»
«J’ai dû terminer certaines choses. J’ai une famille ici, un bon travail. Il fallait que je rassemble mes forces», explique Igor Roussakevich, expliquant pourquoi il n’avait pas rejoint le groupe plus tôt.
Ce chef de chantier de 37 ans vit en Pologne depuis plus de trois décennies. Il est marié à une Polonaise et a un fils adolescent.
“Je me sens Polonais mais je suis Ukrainien dans l’âme”, dit-il.
« Je regarde les informations tous les jours. Je vois que nous perdons», ajoute Igor Roussakévitch.
Les forces russes progressent régulièrement dans l’est de l’Ukraine et ont intensifié leurs attaques sur le front sud, tout en poursuivant des attaques massives de drones et de missiles sur les villes ukrainiennes.
« Moi purificateur »
Le ministère ukrainien de la Défense a expliqué que les premiers volontaires ayant signé un contrat à Lublin ont immédiatement suivi une formation militaire de base d’une durée d’environ un mois.
La Légion a été créée dans le cadre d’un accord de sécurité plus large entre Varsovie et Kiev, la Pologne assurant la formation initiale des recrues, avant qu’elles ne soient transférées vers d’autres bases de l’OTAN en Europe.
Un autre volontaire, Dmytro Zdorik, 20 ans, qui vivait en Lituanie, a déclaré qu’il se sentait « attiré » par l’armée depuis son enfance.
Il dit avoir découvert la Légion grâce à son grand-père, lui-même ancien militaire.
«Il m’a envoyé une vidéo. Et je me suis dit : c’est une chance de rejoindre rapidement l’armée », raconte Dmytro Zdorik.
On estime que 300 000 hommes ukrainiens en âge de combattre vivent rien que dans la Pologne voisine.
Grâce à la publicité en ligne, l’Ukraine cherche à toucher ses citoyens dans toute l’Europe.
Yuri Koulious, un ancien prisonnier, a déclaré avoir passé deux ans en Allemagne avant de décider de s’enrôler dans la Légion, une décision qu’il envisageait « depuis longtemps ».
“Je veux juste me purifier […]. J’en ai marre des stigmates du casier judiciaire», souligne cet homme de 45 ans.
« L’essentiel est d’être utile », insiste Yuri Koulious.
Il dit en avoir parlé à sa mère, qui vit toujours en Ukraine. “Elle m’a dit que j’étais un idiot.”
Et d’ajouter en riant : “Eh bien, je ne cherche pas une vie facile.”
