Il n’était « ni lié de près ni de loin à cette histoire ». Nicolas Dumas, le jeune rugbyman de 22 ans tué devant une discothèque à Saint-Péray (Ardèche), est une victime collatérale de la “mission” des deux hommes mis en examen, a déclaré Nicolas Bessone, le procureur de la République de Marseille , lors d’une conférence de presse, ce mardi 12 novembre.
Touché d’une balle dans la tête dans la nuit du jeudi 31 octobre au vendredi 1er novembre, Nicolas Dumas est décédé des suites de ses blessures samedi 2 novembre. Deux autres personnes, touchées par balles, ont été plus légèrement blessées, a indiqué Nicolas Bessone, revenu à les événements.
Les deux suspects arrêtés le même jour
Cette nuit-là, vers 2h40 du matin, une Renault Scénic s’est garée sur le parking de la discothèque Le Seven, qui organisait une fête d’Halloween réunissant environ 800 personnes. A bord, un conducteur et un passager, le visage caché sous un capot. Ce dernier sort du véhicule avec une arme à feu, “qui pourrait être un revolver 357 Magnum”, selon Nicolas Bessone. L’homme a ouvert le feu sur l’un des videurs de l’établissement et l’a blessé à la jambe. Un deuxième coup de feu part “en direction d’un client qui se trouvait à proximité”, a précisé le procureur. Les blessures des deux victimes sont « graves, mais elles ne sont pas mortelles », a-t-il précisé.
C’est à ce moment-là que l’homme a tiré sur un groupe, rassemblé à l’entrée de la discothèque, et a touché Nicolas Dumas à la tête. Le jeune rugbyman, atteint de « lésions cérébrales irréversibles », est décédé des suites de ses blessures deux jours plus tard, selon le magistrat. De retour à bord du Renault Scénic, le conducteur et son passager – le tireur présumé – ont pris la fuite. Le véhicule a été retrouvé brûlé à Valence deux jours plus tard. Elle a été volée à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 30 octobre.
Grâce au « travail téléphonique, au renseignement humain et au suivi des véhicules », les deux suspects ont été rapidement identifiés et interpellés, a expliqué Nicolas Bessone, qui a salué « une enquête très rapide et très efficace ». Lundi 4 novembre, vers 18 heures, le tireur présumé, un jeune homme de 19 ans d’origine italienne, a été interpellé à Marseille par des policiers de la BAC Nord (brigade anticriminalité), dans un point deal de la Bricarde. quartier du 15ème arrondissement de la cité phocéenne.
Ce dernier, décrit par le procureur comme « un sans-abri », inconnu des services de police et de justice, est arrivé en France il y a plusieurs mois. “Les magistrats vont interroger les autorités italiennes pour savoir s’il était défavorablement connu”, a précisé Nicolas Bessone. Le deuxième suspect, le conducteur de la Renault Scénic, a été interpellé deux heures plus tard à son domicile de Cavaillon (Vaucluse). Agé de 23 ans, il a déjà été condamné à plusieurs reprises pour des faits liés au trafic de drogue et aux violences conjugales.
La piste de la tentative d’extorsion privilégiée
Si les deux hommes « reconnaissent la matérialité des faits qui leur sont reprochés, c’est-à-dire que le conducteur avoue avoir conduit le tireur à la discothèque et le tireur avoue avoir fait usage d’une arme à feu », leurs versions « divergent », a expliqué le procureur de la République de Marseille.
Devant les enquêteurs, le chauffeur a expliqué avoir été “recruté sur les réseaux sociaux” pour “récupérer un véhicule à Marseille et se rendre dans un point de deal à Valence”, a poursuivi le magistrat. “Ce n’est qu’une fois arrivé là-bas”, à Valence, “qu’on lui a dit que les choses allaient changer”, a-t-il ajouté, affirmant “ne pas connaître le tireur” auparavant.
Le tireur a indiqué qu’il devait se rendre à Valence pour trouver un point de deal, mais que la « mission a changé au dernier moment », a détaillé le procureur. Expliquant qu’on lui avait demandé de « commettre un acte d’intimidation », le suspect a affirmé qu’il « ne voulait prendre la vie de personne », selon Nicolas Bessone.
“Il s’agit d’une action visant à l’intimidation, probablement dirigée contre la discothèque”, a déclaré le procureur, ajoutant que “la question demeure de savoir pourquoi et l’intention de ces manœuvres d’intimidation”. Concernant l’éventualité d’une tentative d’extorsion visant la discothèque, Nicolas Bessone a indiqué qu’il s’agissait d’« une hypothèse de travail privilégiée ».
Le magistrat a rappelé que “le mode opératoire, les éléments du véhicule automobile, le fait que nous ayons retrouvé et interrogé le tireur sur un point deal Bricarde nous ramène naturellement à Marseille”, mais à ce stade, aucun élément “ne laisse penser que cela est une question liée au trafic de drogue » ou « permet de lier cette éventuelle extorsion au groupe mafieux DZ », selon le magistrat.
Le tireur présumé et le conducteur ont été mis en examen pour « assassinat et tentative d’assassinat en bande organisée » et « association de malfaiteurs », jeudi 7 novembre. Ils ont tous deux été placés en détention provisoire.