Dans son travail The Double : Voyage dans le monde du miroirNaomi Klein analyse les échecs du Parti républicain américain face à un électorat qui a porté Trump au pouvoir. Pour ce faire, elle plonge au cœur de la dualité qui oppose les deux illustres partis en se livrant à une introspection. En tant qu’essayiste anticapitaliste, l’auteur de Pas de logo incarne symboliquement le Parti démocrate. En face, une autre personnalité publique représente l’Amérique républicaine : celle des théories complotistes anti-vax et des podcasts de Steve Bannon, auxquels adhère une proportion importante d’Américains. Egalement essayiste mais aux idées diamétralement opposées, Naomi Wolf incarne l’alter ego de Naomi Klein.
Dans le monde numérique, les deux Naomi sont souvent confondues, à tel point que Naomi Klein est parfois prise à partie pour les avis de Naomi Wolf. Les opinions que l’on qualifiait de « éveillées » ne cherchent plus à comprendre et refusent même d’entendre. Ce phénomène est amplifié par les algorithmes des réseaux sociaux, qui ont tendance à réconforter leurs utilisateurs dans leur propre réflexion en créant des bulles filtrantes hermétiques pour les opinions divergentes. Face à ce constat, l’auteure tente de comprendre la pensée de ce qu’elle appelle son « double » pour comprendre les travers de la gauche américaine. En refusant d’affronter la contradiction, la gauche américaine a-t-elle cessé d’écouter une société traumatisée par la crise sanitaire ? Et, à l’heure où l’on observe la montée de l’autoritarisme en Italie, en Allemagne ou encore en Argentine, cet échec est-il partagé par les gauchistes du monde entier ?
