Ce mardi 12 novembre 2024, le colonel Dominique Turc, pompiers à la retraite, et le commandant Marc Toulouse, chef du centre d’incendie et de secours de Mende, sont intervenus lors du conseil municipal pour raconter les moments forts de cette triste et célèbre année 1994.
1994 a été une année cauchemardesque pour Mende. De février à novembre, la ville connaît une série de catastrophes sans précédent.
Dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 février, à 00h35, 00h37 et 00h40, une triple attaque à la dynamite a visé le Tribunal de Grande Instance, le bâtiment qui abrite la direction des services fiscaux et le centre départemental d’évaluation ainsi que l’inspection académique. Mercredi 13 juillet, le toit du complexe scolaire est parti en fumée. Samedi 24 septembre et vendredi 4 novembre, deux crues historiques dans le Lot ont inondé de nombreux quartiers.
Réclamation FLNC
Vingt ans plus tard, ce mardi 12 novembre 2024, le colonel Dominique Turc, sapeur-pompier à la retraite, et le commandant Marc Toulouse, chef du centre d’incendie et de secours de Mende, se sont exprimés lors du conseil municipal pour raviver la mémoire des élus. « Les attentats ont été revendiqués par le Front de libération nationale de la Corse. (FLNC), ont-ils rappelé en premier. Les pompiers ont été dispersés sur trois sites. En plus de la propriété, nous avons dû sécuriser le gardien du tribunal et l’inspecteur de l’académie.
Les dégâts ont été particulièrement importants. Selon le Midi libre du 19 février, l’ensemble des travaux de restauration était estimé à 3 millions de francs, soit 738 989 euros en 2023 (Insee) en tenant compte de l’érosion monétaire due à l’inflation.
Une centaine de pompiers dans le groupe scolaire
Pour le groupe scolaire, toute la toiture, jusqu’à la cour, est partie en fumée. « Le toit a été posé sur une dalle, se souvient le commandant Toulouse. Cela a permis d’éviter que le feu ne se propage aux bâtiments. » Au total, une centaine de pompiers de tous les centres de secours du département étaient présents. « L’humidité était très faible et la température était torride. » précise le colonel Turc. Deux mois plus tard, pour la rentrée, tout était réparé.
« Des sauvetages difficiles »
Les deux crues d’intensité similaire furent les plus fortes depuis celle de 1890. Au pont Notre-Dame l’eau atteignit 3,85 m. « Nous avons eu des sauvetages vraiment difficiles, poursuit le colonel Turk. Parfois, la puissance des moteurs des bateaux était juste suffisante pour remonter le courant.
Le témoignage des deux pompiers contribue à entretenir la culture du risque, comme le rappelle Laurent Suau, septième adjoint au maire chargé de la Santé, de l’Aménagement et de la Lutte contre les inondations.
Un nouveau plan municipal de protection
La ville de Mende a invité l’association Cyprès (Centre d’Information pour la Prévention des Risques Majeurs), basée à Martigues (Bouches-du-Rhône), à élaborer un nouveau Plan Communal de Protection (PCS), modalités d’usage à appliquer dans en cas d’événement naturel ou technologique majeur. Lors du conseil municipal du mardi 12 novembre, Nicolas Cathala, chargé des risques majeurs et de la sensibilisation des jeunes, a illustré les grands points.
L’ancien PCS, qui avait été approuvé par arrêté communal du 16 décembre 2021, ne convenait plus. “C’était trop complet et dense, estime le spécialiste. Nous sommes passés de 220 pages à une centaine. Le but n’est pas de perdre quinze minutes à chercher des informations.
Risque industriel éliminé
Cyprès a ensuite passé en revue tous les risques présents à Mende, que ce soit en centre-ville, dans les quartiers résidentiels, dans les zones d’activités et de commerces, ou encore dans les hameaux. La cité préfectorale est donc exposée dans une très faible mesure aux inondations, aux feux de forêts, aux glissements de terrain, aux tremblements de terre, aux événements climatiques et aux transports de matières dangereuses.
“Il n’y a pas d’usine Seveso seuil haut sur la Commune, donc le risque industriel n’a pas été pris en compte”, glisser Nicolas Cathala. Pour le transport de matières dangereuses, ce sont des camions qui traversent la ville chargés d’essence ou de produits nocifs, voire simplement de gazole domestique.»
Un exercice minimum tous les cinq ans
Le PCS définit donc l’organisation de la gestion des situations d’urgence au sein de la Commune. « Précise le rôle du maire, de ses adjoints, des services communautaires pour informer, alerter et assurer la sécurité de la population, poursuit le spécialiste. En cas d’évacuation, comme lors de la crue de 1994, le PCS indique où transporter les habitants et planifie leur ravitaillement.»
Comme le précédent, le nouveau Plan communal de protection devra faire l’objet d’un arrêté municipal pour entrer en vigueur. Pour qu’elle soit efficace, les élus et les différents services concernés devront se prendre en main et assurer des formations régulières. La loi du 25 novembre 2021, dite loi Matras, impose un exercice minimum tous les cinq ans.