Le géant japonais des dépanneurs Seven & i envisage de racheter ses propres actions et de quitter la bourse, dans le but d’échapper à une prise de contrôle par son rival québécois Couche-Tard, selon des articles de presse et un communiqué de l’entreprise publiés mercredi.
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Seven & i Holdings, propriétaire des dépanneurs 7-Eleven, a rejeté début septembre une première proposition de rachat d’Alimentation Couche-Tard (ACT), qu’elle jugeait sous-évaluée. Mais le poids lourd canadien de la distribution a alors présenté une offre améliorée qui valorisait le groupe japonais à 47 milliards de dollars, de quoi attirer certains actionnaires.
Pour échapper à l’avidité, Seven & i « entend donc devenir une société non cotée », a expliqué le quotidien financier Nikkei, citant des sources proches de l’entreprise.
L’enjeu est de taille : avec 85 000 magasins dans une vingtaine de pays, 7-Eleven est la plus grande chaîne de magasins de proximité au monde.
Si l’entreprise japonaise rachète tous les titres disponibles, “elle prévoit que le montant total sera d’une ampleur similaire à ce que prévoyait ACT”, précise le quotidien économique, selon lequel il s’agirait de la plus grande opération de ce type jamais réalisée. au Japon.
Selon l’agence Bloomberg, qui rapporte également l’information, Seven & i pourrait cependant dépenser jusqu’à 9 000 milliards de yens (58 milliards de dollars) dans l’opération, soit bien plus que sa capitalisation boursière actuelle (6 500 milliards de yens mercredi).
Selon l’agence financière, la famille Ito (celle du fondateur du groupe) et la société d’investissement Itochu pourraient s’associer pour financer le rachat des actions, ainsi que trois grandes banques japonaises (Sumitomo Mitsui, MUFJ, Mizuho).
Sans confirmer cette information, Seven & i a indiqué mercredi avoir reçu une « proposition d’acquisition », non juridiquement contraignante, de la part d’Ito-Kogyo, la société familiale Ito qui détient déjà 8% des actions.
Un comité spécial “examine cette proposition attentivement et en profondeur avec ses conseillers financiers et juridiques”, a indiqué le géant japonais de la distribution dans un communiqué.
“Aucune décision n’a été prise quant à savoir s’il fallait poursuivre une transaction avec (…) Ito-Kogyo, Alimentation Couche-Tard ou toute autre partie, il n’y a aucune garantie qu’une telle transaction sera conclue”, insiste toutefois le groupe.
Envolée en Bourse
Avant qu’une radiation ne se concrétise, « de nombreux obstacles devront être surmontés, notamment celui de savoir si d’autres investisseurs, y compris la famille fondatrice, participeront et si les institutions financières accepteront d’accorder les prêts massifs que cela nécessitera », prévient le Nikkei. Le projet “en est à un stade préliminaire”, note-t-il.
Dans l’immédiat, la simple perspective d’un futur rachat d’actions à un prix bien supérieur au cours actuel a provoqué l’euphorie des investisseurs : l’action Seven & i s’est envolée de près de 17% à la Bourse de Tokyo. après une brève suspension des échanges, et a clôturé en hausse de 11,78% à 2 490 yens.
Sous pression pour accroître sa rentabilité après avoir rejeté l’offre de Couche-Tard, Seven & i a assuré en octobre à ses actionnaires qu’elle pourrait presque doubler son chiffre d’affaires d’ici 2030, grâce à une expansion internationale et une restructuration ambitieuse afin de se concentrer sur ses magasins de proximité 7-Eleven, le cœur de son activité.
Un quart des magasins 7-Eleven se trouvent au Japon, où ces magasins de proximité omniprésents vendent des plats à emporter ainsi que des billets de concert et proposent des services (distributeurs automatiques, paiement de factures, photocopieurs, etc.).