“Elle a abandonné son mari mourant aux rats de la cave”

“Elle a abandonné son mari mourant aux rats de la cave”
“Elle a abandonné son mari mourant aux rats de la cave”

Lorsque l’avocat de la défense a terminé sa plaidoirie lundi, un membre de la famille de l’accusé a applaudi dans les rangs de l’assistance. Un « Ssssh » aigu et le regard sévère d’une policière font rapidement taire les applaudissements. Pendant environ 90 minutes, l’avocat a notamment parlé de psychologie théorique, de la théorie de la connaissance d’Emmanuel Kant et de la littérature de Heinrich von Kleist. Tout cela pour démontrer que son client n’était pas coupable en raison d’une maladie mentale. Au lieu d’être incarcérée, cette femme de 41 ans devrait être internée dans un hôpital psychiatrique.

Depuis la semaine dernière, Catiuscia M. est inculpée de meurtre devant le tribunal de grande instance de Diekirch. Le 13 février 2022, la femme aurait assommé son mari par derrière avec un marteau dans la chambre du domicile conjugal à Heispelt, aurait traîné l’homme grièvement blessé sur une couverture jusqu’aux escaliers de la cave et y aurait poussé. Ce n’est que trois semaines plus tard, le 7 mars 2022, que la police retrouve le corps de l’homme de 56 ans.

La défense contredit l’expert

En effet, le dossier médical de l’accusé est long. En 2013, une psychose aiguë à caractère schizophrénique a été diagnostiquée. Dans les années qui suivent, plusieurs séjours en cliniques s’enchaînent. Chaque jour, Catiuscia M. doit prendre des médicaments. Dans son expertise psychiatrique, un expert a néanmoins conclu que sa capacité de discernement était certainement altérée par un trouble schizo-affectif. Toutefois, l’accusée est responsable de ses actes. En tout cas, les descriptions de Catiuscia M. ne laissent pas penser qu’elle souffrait d’hallucinations au moment des faits.

C’est précisément ce que conteste la défense. Ainsi, l’accusée aurait indiqué par exemple après le crime que son mari lui parlait encore lors des coups de marteau et plus tard, lorsqu’il fut grièvement blessé dans la cave. Selon l’expertise d’un médecin légiste, cela n’est pas plausible. L’expert psychiatre n’avait cependant pas connaissance de cette expertise, ce qui a influencé ses conclusions, selon l’avocat de la défense de l’accusé.

A la barre, le psychiatre indique toutefois que cette circonstance ne change pas ses appréciations. Il juge les déclarations des accusés comme des déclarations de protection et d’embellissement pour ne pas avoir à affronter toute la gravité de leur culpabilité. Pour les mêmes raisons, les violeurs, par exemple, affirment que leurs victimes voulaient avoir des relations sexuelles avec eux.

Crise de pleurs devant le bureau du juge

Devant le tribunal, l’accusée a déclaré regretter son acte. Elle attribue le fait qu’elle n’ait pas simplement quitté la maison à ce moment-là à sa maladie. Elle aurait beaucoup souffert de la part de son mari. Il l’aurait insultée et menacée. La vie à Heispelt était également difficile. Les autres habitants du village l’auraient exclue. Après quelques minutes devant le bureau du juge, elle fondit en larmes et pouvait à peine prononcer un mot.

Immédiatement après la découverte du corps, Catiuscia M. a de nouveau fait des déclarations claires. Aux petites heures du 13 février 2022, une dispute éclate entre les époux. Son mari l’aurait poussée dans la cuisine et l’aurait menacée avec un couteau. Elle a ensuite quitté la pièce. L’alcoolique, qui ne pouvait se déplacer qu’avec des béquilles, n’a pas pu l’arrêter. Dans le débarras, elle aurait trouvé un marteau. Elle a alors demandé à son mari de se rendre dans sa chambre.

Alors qu’il regardait la télévision sur son lit, elle aurait fermé les stores, se serait placée derrière lui et l’aurait frappé. Selon le rapport d’autopsie, elle a frappé la tête de son mari au moins six fois. Elle aurait ensuite déshabillé sa victime pour qu’elle ait froid. Elle aurait ensuite traîné son partenaire grièvement blessé par les pieds sur une couverture jusque dans la cuisine et l’aurait poussé dans les escaliers de la cave. Le jour des faits, elle ouvrait la porte toutes les heures pour vérifier si l’homme de 56 ans était encore en vie. Il n’est mort que le lendemain.

L’accusation y voit un motif financier

“Ce n’est pas ainsi qu’un être vivant doit mourir”, a déclaré le procureur de la République. Cet acte se caractérise par « sa cruauté et son sang-froid ». L’accusée ne montre aucun remords, elle n’a fait preuve « d’aucune humanité » envers sa victime. “Elle a abandonné son mari aux rats de la cave alors qu’il était mourant”, a précisé le parquet. Elle a ensuite continué à vivre son quotidien « comme si de rien n’était ».

Selon le représentant du ministère public, l’accusé doit être reconnu coupable de meurtre. Elle a commis son acte intentionnellement et non par colère. L’homme n’était pas non plus menaçant au moment des faits. Il était enfin assis sur le lit et regardait la télévision. Selon lui, les accusés avaient des motivations financières. L’analyse de son téléphone portable a montré que Catiuscia M. s’intéressait aux objets de luxe et à l’immobilier en Suisse et à l’étranger.

Elle aurait également tenté, alors qu’elle était encore en détention provisoire, d’exécuter le contrat de mariage et de s’approprier, entre autres, la propriété de Heispelt. Ces biens devaient être confisqués. “Il n’est pas possible que le meurtre puisse être payé”, a déclaré l’accusation.

Catiuscia M. aurait réduit sa responsabilité en raison de sa maladie mentale, ce qui devrait avoir pour effet d’alléger sa peine. Au lieu d’une peine à perpétuité, 25 ans de prison ont été requis contre lui. La majeure partie de la peine doit être purgée sans libération conditionnelle. Une suspension de peine devrait également être accompagnée de conditions telles qu’un traitement psychiatrique.

Le jugement sera rendu le 16 janvier 2025.

Cet article a été initialement publié sur le site Internet de Mot luxembourgeois.

Adaptation : Antony Spéciale

 
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