Les prix des concerts classiques ont-ils augmenté ?

Les prix des concerts classiques ont-ils augmenté ?
Les prix des concerts classiques ont-ils augmenté ?

Les billets de concerts de classique ont-ils augmenté ces dernières années ? Selon un rapport de la Cour des comptes publié le mois dernierle prix moyen d’une place à l’Opéra de Paris est passé de 95 à 102 euros. Une tendance à la hausse que l’on constate également dans d’autres salles.

Autre mastodonte classique concerné par cette hausse : la Philharmonie de Paris. Durant la saison 2020/2021, le prix d’un concert de l’Orchestre de Paris dans la Grande Salle Pierre Boulez s’élève à 62 euros maximum, hors deux événements exceptionnels. Aujourd’hui, il atteint régulièrement 75 voire 85 euros. C’était même monté jusqu’à 110 euros l’année dernière pour un concert avec Lang Lang. Et les petites catégories sont également concernées : les places les moins chères sont passées de 10 à 12 euros.

« Nous sommes dans une période de crise importante »

La Philharmonie et l’Opéra de Paris ne sont pas des cas isolés. Plusieurs orchestres et maisons d’opéra ont récemment augmenté le prix de leurs billets, dans un contexte économique fragile. “Nous sommes dans une période de crise importante depuis un moment en raison de l’érosion des financements, qui n’a pas progressé depuis plusieurs années, conjuguée à une inflation très dynamique avec des charges qui augmentent très rapidement”, nous raconte Claire Roserot de Melin, directrice générale du Capitole et présidente du syndicat Les Forces musicales, qui représente les orchestres, les opéras et les festivals. Le levier billettique existe donc. Mais, dans une maison comme le Capitole, la billetterie représente environ 15 % de l’ensemble de notre budget. C’est donc un levier marginal. Même si nous actionnons ce levier, nous ne faisons pas de miracle par rapport à une érosion des subventions qui, généralement, correspond à 80 % de notre budget. »

La hausse des prix des billets reste inférieure à l’inflation, assure Claire Roserot de Melin, qui insiste sur l’importance de proposer des tarifs accessibles : « Ce qui est sûr c’est qu’il y a un souci constant dans tous nos foyers de maintenir un tarif de service public. Nous sommes également subventionnés pour préserver cela et aujourd’hui, avec la plupart des membres des Forces Musicales, vous disposez de tarifs d’entrée entre 5 et 10 euros pour aller voir le spectacle d’art total qu’est l’opéra, le ballet ou un concert symphonique. »

Redéfinition des plans des salles

Pour augmenter leurs tarifs, certaines salles ont choisi de repenser leur plan de salle et surtout de n’augmenter que les tarifs les plus chers. Le Capitole a par exemple créé cette année une « catégorie or », au balcon. Même procédé à l’Opéra de Rouen qui n’avait pas augmenté ses tarifs depuis plus de 15 ans. ” Nous nous sommes engagés à une refonte complète de notre plan de salle qui ne comptait auparavant que quatre catégories, explique Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen. Nous avons créé une nouvelle catégorie « star » beaucoup plus chère et une catégorie intermédiaire. On a donc une meilleure gradation des prix et, en augmentant certaines places, on stimule les recettes de l’opéra. »

Pour la salle, le résultat est significatif : 40 à 45 000 euros de recettes par soirée d’opéra contre 35 000 auparavant. Et un public qui ne semble pas reculer devant les nouveaux tarifs. ” C’est ça qui est paradoxalunderlines Loïc Lachenal. Souvent, ce sont les billets les plus chers qui se vendent le mieux, notamment dans les opéras. »

Quant à l’Opéra de Paris, ses spectateurs ont reçu davantage d’offres promotionnelles ces dernières années. Les places chères se sont vendues à la dernière minute. C’est ce qu’observe Michelle, spectatrice régulière : « Depuis plusieurs années, je reçois assez régulièrement des offres pour payer mes billets 50 % moins cher. Et j’en profite pour prendre des places chères que je ne pourrais pas me permettre autrement. Ce que je remarque, c’est qu’il y a assez peu de monde autour de moi. Cela signifie que même ces sièges ne peuvent pas remplir la salle. »

Un changement dans les habitudes publiques

Il y a donc un changement de stratégie de la part des théâtres mais aussi un changement dans les habitudes du public. Depuis plusieurs années par exemple, les abonnements attirent de moins en moins de spectateurs. C’est le cas à l’Opéra de Rennes qui les a même supprimés. ” On a décidé de se dire qu’on préférait que les gens viennent un peu moins souvent mais qu’il y ait plus de diversité au sein de notre public, explique Mathieu Ritzler, directeur de l’Opéra de Rennes. En termes de stratégie de billetterie, c’est quand même audacieux car cela implique que pour chaque spectacle, il faut aller chercher des spectateurs sans dépendre des fonds des salles. Et les résultats sont extrêmement significatifs : le profil des personnes qui viennent à l’opéra est beaucoup plus diversifié. »

Du côté de l’Auditorium de Radio , on note un autre type de changement de la part du public. Ces dernières années, les places des catégories intermédiaires ont attiré moins de spectateurs qu’auparavant. C’est ce qu’observe Denis Bretin, secrétaire général du département Musique et Création. ” Ce que l’on a observé, c’est qu’il y a effectivement un écart qui s’est creusé – encore plus ces dernières années – entre une catégorie de spectateurs prêts à payer le prix fort pour être très bien placés et avoir le concert qu’ils souhaitent, et les spectateurs qui recherchent vraiment les places les moins chères. Entre ces deux pôles, il y a une population qui souffre plus particulièrement, dans les catégories intermédiaires, qu’il faut pousser davantage, plus aider car l’écart s’est considérablement creusé entre deux types de mélomanes : d’un côté, ceux qui sont particulièrement à l’aise et de l’autre, un public de mélomanes qui aimeraient sans doute venir encore plus souvent mais qui n’en ont plus les moyens. »

A Radio France, il n’y a pas eu d’augmentation depuis 5 ans, nous raconte Denis Bretin, à l’exception de quelques concerts exceptionnels. Mais globalement, les prix restent bas par rapport à ceux de la musique actuelle, souligne-t-il. On ne peut toutefois pas exclure que les prix augmentent légèrement la saison prochaine. En cause : la hausse du coût de la vie mais aussi des subventions plus fragiles depuis la suppression de la redevance audiovisuelle.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Les enquêtes visant l’association Dialogue franco-russe classées sans suite
NEXT La France a un talent incroyable