est-ce qu’on paie plus cher en France qu’ailleurs en Europe ? – .

est-ce qu’on paie plus cher en France qu’ailleurs en Europe ? – .
est-ce qu’on paie plus cher en France qu’ailleurs en Europe ? – .

La facture de gaz des Français va bondir de 11,7% en moyenne en juillet. Cette augmentation intervient alors que la France fait déjà partie des dix pays européens où le gaz est le plus cher pour les ménages.

La nouvelle était redoutée par les consommateurs de gaz. A compter du 1er juillet, le prix moyen de la facture de gaz augmentera de 11,7%, porté par la hausse des prix et la revalorisation des tarifs des réseaux de distribution. En février, la CRE a décidé de revaloriser pour quatre ans le tarif de transport du gaz arrivant aux habitations et aux entreprises, soit le péage facturé par le gestionnaire de réseau GRDF aux fournisseurs. Le niveau moyen du prix de référence sera à 129,2 euros TTC par mégawattheure (MWh) contre 115,7 euros/MWh en juin, selon les données publiées ce lundi par la régulation de l’énergie (CRE). Il s’agit d’une nouvelle augmentation, puisque en janvier dernier, le gouvernement a mis fin au « Bouclier tarifaire » en augmentant les accises sur le gaz naturel à usage combustible, qui remplace depuis 2022 la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel. Au vu de ces évolutions, la France est-elle en passe de devenir le champion du gaz cher en Europe ? LE Figaro faire le point.

Selon les dernières données d’Eurostat, au deuxième trimestre 2022, la France se classait au dixième rang des pays européens pour le prix du gaz résidentiel. Sur cette période, le prix moyen de 100 kWh de gaz TTC s’est élevé à 11,81 euros dans le pays, soit un peu moins que la moyenne de l’Union, établie à 11,25 euros. Le gaz français est donc moins cher que le gaz italien, portugais, danois ou néerlandais, mais plus cher que celui consommé par les ménages allemands, espagnols ou belges.

Un coût « réseau » particulièrement élevé en France

Trois éléments déterminent le prix moyen du gaz : la composante “fournir”, constitué principalement des frais d’approvisionnement et de commercialisation, ainsi que des frais de stockage et des certificats d’économie d’énergie. Vient ensuite la partie “réseau”, qui correspond au coût d’acheminement, incluant l’utilisation du réseau de distribution, payé via l’accès des tiers aux réseaux de distribution (ATRD) et celui du réseau de transport, payé via l’accès des tiers aux réseaux de transport (ATRT). Arrivent enfin les impôts décidés par l’Etat. En France, le prix de vente au détail du gaz naturel comprend trois taxes et contributions qui s’appliquent de la même manière aux factures des clients aux tarifs réglementés et aux offres de marché : la contribution tarifaire des transports (CTA), la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN) et TVA, appliquée à 5,5% sur la partie fixe (coût d’abonnement incluant CTA) et 20% sur la partie proportionnelle.

La France se démarque des autres pays européens en termes de coûts “réseau” particulièrement élevé. Au second semestre, ceux-ci représentaient 2,64 euros pour 100 kWh, contre un peu plus de 2 euros pour la moyenne de l’Union. L’Allemagne, l’Espagne, la Grèce et l’Italie bénéficient toutes de coûts de distribution et de transport inférieurs à ceux appliqués en France. « Les prix de l’énergie sont, à quelques exceptions près, les mêmes dans toute l’Europe. Ce qui place la France dans le top 10 des pays où la facture de gaz est la plus élevée, c’est le prix du transport et de la distribution, plus élevé qu’ailleurs.explique Thierry Bros, spécialiste de l’énergie et professeur à Sciences Po. « Tous les Européens achètent leur gaz sur le marché international, à peu près au même prix. Seuls les pays producteurs de gaz, comme la Norvège, s’en sortent bien. corrobore Jacques Percebois, professeur émérite à l’Université de Montpellier et directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie (CREDEN). « Ce qui diffère beaucoup selon les pays, c’est d’abord le coût des réseaux. Cela dépend en grande partie de la taille du pays : plus il est grand, plus le coût est élevé. C’est le cas en France, où le réseau est très vaste, très dense, coûteux à entretenir. ajoute l’expert.

La hausse attendue au 1er juillet est justement liée, en grande partie, au réseau. « Cette augmentation s’explique par la nécessité d’entretenir le réseau et le raccordement des producteurs de biogaz aux réseaux de distribution. À mesure que la consommation de gaz diminue, le coût unitaire supporté par chaque ménage augmente. explique Jacques Percebois. Sur la période 2021-2023, la consommation de gaz a baissé de 20 % en France. « De nombreux États européens seront confrontés aux mêmes enjeux de réseaux, dans un contexte de baisse généralisée de la consommation de gaz sur le continent », estime l’économiste. Dans un rapport publié en février, l’IEEFA (Institut d’économie et d’analyse financière de l’énergie) pointait une baisse de la demande européenne de gaz de 20 % depuis le début de l’invasion russe, soit “son niveau le plus bas depuis dix ans”avec des réductions très marquées en Allemagne et en Italie.

Un niveau d’imposition supérieur à la moyenne de l’UE

Les États conservent une marge de manœuvre décisive pour influencer la facture de gaz des ménages : les taxes et prélèvements. Avec 2,75 euros de taxes pour 100 kWh au second semestre 2023, la France se situe au-dessus de la moyenne de l’UE (2,23 euros) et pratique une taxation du gaz supérieure à celle de l’Italie ou de l’Allemagne. La part des taxes (TVA incluse) dans le prix du gaz payée par les ménages atteint 25 % en France, contre 20 % pour la moyenne de l’UE. Le ratio français reste cependant bien inférieur à celui du Danemark, où le total des impôts et taxes correspond à 46,64 % du prix final payé par les ménages au second semestre 2023, ou aux Pays-Bas, où il dépassait également 46 %.

Part des taxes et prélèvements payés par les consommateurs résidentiels pour le gaz naturel, au second semestre 2023 (en pourcentage)
Eurostat

Si la hausse de 11,5% prévue au 1er juillet risque de mettre à mal le porte-monnaie des ménages, elle ne changera pas vraiment la donne à l’échelle européenne. “La France restera dans les dix pays où l’on paie le gaz le plus cher de l’Union”estime Thierry Bros. “Pour autant, la France ne sera pas le pays champion du gaz cher, au point de dépasser la Suède ou les Pays-Bas”, tempère Jacques Percebois. Les montants supportés par les consommateurs européens dépendront principalement des prix mondiaux du gaz. Si ceux-ci oscillent à des niveaux dix fois inférieurs au pic de la crise énergétique de l’été 2022, ils remontent régulièrement : début juin, le contrat à terme néerlandais TTF, considéré comme la référence européenne du gaz naturel, avait bondi de plus de 13% et atteint son plus haut niveau de l’année à 38,70 euros, porté par la fermeture d’un gazoduc reliant la Norvège au Royaume-Uni. Les perturbations ou réductions d’approvisionnement des principaux fournisseurs de gaz de l’Europe exposent le continent à une forte volatilité des prix… qui pèse finalement sur la facture de la grande majorité des consommateurs européens, tous pays confondus.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV 3 raisons de revoir l’anime en streaming
NEXT DIRECT. Emmanuel Macron doit s’exprimer depuis Oradour-sur-Glane, suivre son discours en direct