Dans le centre-ville d’Odessa, un jeune homme se démène comme il peut : maîtrisé par une dizaine d’hommes en uniforme noir, il est traîné dans une camionnette pour être emmené au centre de recrutement. Ces vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux terrifient Sasha. Pour éviter la mobilisation, le quadragénaire ne sort pratiquement pas de chez lui et scrute les alertes sur la messagerie Telegram qui indiquent en temps réel la localisation des agents de recrutement. “Dans la rue Grouchevsko, il y a une foule de militaires et de policiers, c’est un raid.”
Au pied de son immeuble au sud de la ville, Sasha surveille les allées et venues et nous fait part de sa terreur à l’idée de rejoindre le front. « Je ne veux pas être mobilisé. J’ai deux amis sur le front, ils m’ont dit des choses tellement horribles, je ne peux pas”il s’inquiète. Partout sur le front de l’Est, l’armée recule, faute d’armes et de soldats.
“Ramener les hommes à tout prix”
La loi de mobilisation du 8 mai était censée faciliter le recrutement. Sur le terrain, Dymitri, agent de recrutement, a vu la pression de performance augmenter. « Les ordres étaient de ramener des hommes à tout prix. Au début, nous faisions simplement des patrouilles. Désormais, nous effectuons des descentes dans les centres commerciaux, les restaurants.»
Sur les réseaux sociaux, les scènes d’abordage forcé choquent aussi bien les civils qui ne veulent pas partir que les militaires qui attendent avec impatience des renforts.