Cette augmentation de près de 12% sur la facture de gaz interviendra le 1er juillet. Cela est dû principalement aux coûts sur le réseau de distribution et au rebond du prix de la molécule sur les marchés.
Mauvaise nouvelle pour les portefeuilles français. Après quelques mois de répit, le prix moyen de la facture de gaz de millions de foyers va augmenter de 11,7% en juillet par rapport à juin, a annoncé lundi la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Cette augmentation intervient par rapport au mois précédent. Heureusement, quand on dézoome, la facture est moins lourde. La tendance est même à la baisse. Par rapport au prix de janvier, le prix du gaz reste cependant inférieur de 3,5% en moyenne, grâce à la baisse des prix du marché. Mais alors pourquoi une augmentation se produit-elle dans cette tendance à la baisse ?
Pour bien comprendre, nous devons examiner les trois composantes du prix du gaz. Viennent d’abord le prix de la molécule sur les marchés, puis viennent les coûts de transport et de distribution, c’est-à-dire la part du réseau, et enfin les taxes. Chacun représente environ un tiers du prix final.
Cette augmentation de près de 12% sur la facture française est en réalité la conséquence d’un rebond des prix et surtout une augmentation du prix des réseaux de distribution.
Les coûts du réseau augmentent
La principale raison de cette augmentation réside dans les coûts de distribution. Cela est principalement dû à un effet mécanique : à mesure que la consommation diminue, le coût d’entretien du réseau devient plus cher au KWh.
Cette part de réseau « augmente un peu puisqu’on répartit des coûts croissants sur des consommations décroissantes », explique Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE.
Au cours de la période 2021-2023, la consommation de gaz du pays a chuté de 20 %. Cependant, les réseaux sont toujours là, et doivent supporter des coûts de maintenance croissants tout en permettant l’intégration progressive du biogaz. “A cet effet mécanique s’ajoute également l’effet de l’inflation et des investissements dans le réseau”, précise Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus auprès de BFM Business.
L’augmentation annoncée ce lundi est donc principalement due à la décision de la CRE (prise en février et appliquée en juillet) de réévaluer pour quatre ans le tarif de transport du gaz qui arrive aux habitations et aux entreprises, autrement dit le péage que GRDF le gestionnaire de réseau facture les fournisseurs.
Cela contribue à expliquer en partie cette hausse de 11,7% des factures. La plupart des offres privées de gaz sont indexées sur le prix de référence, ancêtre du tarif réglementé, qui fait office de boussole des prix. Il varie chaque mois en fonction des prix du marché et des frais de livraison.
En effet, « la grande majorité des consommateurs verront cette augmentation (du tarif du réseau) répercutée sur leur facture », soit la plupart des 10 millions de clients résidentiels raccordés au réseau de distribution de gaz de GRDF, résume le Médiateur de l’énergie.
Une autre explication réside dans le prix du gaz sur les marchés. La tendance générale est certainement à la baisse des prix : le prix baisse depuis le pic de 2022, et baisse plus lentement depuis janvier. Mais le mois de mai fait exception. Ces dernières semaines, la molécule sur les marchés de gros s’est légèrement redressée, et contribue ainsi à la hausse du prix du gaz pour les ménages.
« Il est difficile de trouver une seule explication à ce petit rebond observé ces dernières semaines. Cela peut être lié à l’incertitude du contexte géopolitique, cela peut aussi être dû à une reprise de la consommation», explique Nicolas Goldberg.
En conséquence, l’augmentation sera plus importante que prévu. Dans sa décision de février, la CRE prévoyait une augmentation sur la facture de juillet de 5,5 % (pour les foyers chauffés au gaz) et de 10,4 % (pour les consommateurs de cuisine/eau chaude).
L’impact moyen sur la facture, toutes options confondues, sera à terme de +11,7% pour tenir compte de la « hausse constatée ces dernières semaines » des prix de gros du gaz sur les marchés, selon la CRE, contrastant avec la baisse observée depuis janvier.
Jusqu’ici, la baisse des prix sur les marchés avait permis d’atténuer la précédente hausse de la facture intervenue en janvier et février sous l’effet du renivellement des taxes, après la parenthèse du bouclier tarifaire.
