EN IMAGES – A Paris, les habitants de la rue de Trévise sont de retour chez eux, près de six ans après l’explosion

Un retour à domicile, rue de Trévise, après presque 6 ans d’absence : après l’explosion qui a ravagé le 9e arrondissement de la capitale en janvier 2019, certaines des victimes ont commencé à rentrer chez elles. Pour l’instant, seuls les habitants du numéro 6 de la rue, soit une vingtaine de familles, sont concernés. Le 12 janvier 2019, une fuite de gaz provoque une grosse explosion rue de Trévise : quatre personnes sont mortes dans la tragédie, dont deux pompiers, et 66 personnes ont été blessées. Au total, l’explosion a fait plus de 200 blessés et 400 victimes. Dans cette affaire, un procès a été demandé contre la ville de Paris et le syndic de copropriété pour homicides et blessures involontaires, et pour plusieurs manquements.

Les numéros 4 et 6 de la rue de Trévise ont été rénovés, fruit de nombreuses années de travaux. Depuis le lundi 4 novembre, certains habitants ont donc réinvesti dans leur ancien appartement, non sans une certaine appréhension de revenir dans ces lieux. “Nous avons commencé à déballer beaucoup de cartons», sourit Vanessa, dans son salon. Meubles, livres, objets de décoration, tout reprend peu à peu sa place.Le plus fou, c’est qu’au début, je voulais changer l’emplacement des meubles, ne pas tout remettre exactement au même endroit, mais quand j’ai sorti les choses des cartons, je me suis retrouvé à tout repositionner au même endroit, comme si tout devait revenir à sa place

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Dans le salon familial de Vanessa, des dizaines de cartons sont en train d’être déballés, près de six ans après l’explosion. © Radio-
Marie Martirossian

Des années de tracas administratifs

Vanessa était à la maison avec son mari, son fils de 12 ans, sa fille de 11 ans et un ami de sa filleau cinquième étage du 6 rue de Trévise, lorsque l’explosion a eu lieu dans la matinée du 12 janvier. »Nous dormions, nous avons été réveillés par l’explosion sans comprendre ce qui se passait. Vous vous mettez immédiatement en ordre de survie : voir les enfants, vérifier que tout va bien, puis nous attendons une heure et demie sur le balcon avant que les pompiers ne viennent nous chercher.», se souvient Vanessa, qui parle des pompiers comme d’elle «anges gardiens» ce jour-là.

L’explosion de janvier 2019 a ravagé une grande partie de la rue de Trévise. © Radio-France
DR / Marie Martirossian

Après le choc de l’explosion, viendront les complications administratives, les dossiers d’assurance, la recherche de logement en attendant les travaux de la rue de Trévise. La famille de Vanessa a déménagé sept fois en près de six ans. “On finit par avoir la phobie des cartons… Pour le moment, nous ne sommes pas encore revenus ici, c’est parce que mon mari et moi souhaitons que l’appartement soit tout à fait prêt à accueillir la famille, avant d’emménager à nouveau.», explique Vanessa.

Certains en revanche ont déjà réinvesti dans leur ancien appartement : c’est le cas d’Odile, aidée par sa fille dans tous ses efforts depuis l’explosion. “Elle m’a aussi beaucoup aidé à réemménager, sans elle je ne serais pas là aujourd’hui.», soupire l’octogénaire. “Après le drame, nous avons emménagé dans un petit appartement meublé, avec mon mari, décédé quelques mois après l’explosion. Tu sais, la crise du covid, tout ça, ça ne m’a presque pas marqué, ça ne m’a pas ému : c’est comme si à ce moment-là, mon esprit était absent, je flottais au dessus de tout.» Aujourd’hui, Odile est ravie d’être de retour chez elle et «même si la première nuit ici a été difficile, ça va aller de mieux en mieux et j’ai hâte de pouvoir à nouveau fêter Noël ici avec toute la famille

Les deux bâtiments touchés par l'explosion ont été entièrement rénovés, une odeur de peinture se dégage encore du bâtiment.
Les deux bâtiments touchés par l’explosion ont été entièrement rénovés, une odeur de peinture se dégage encore du bâtiment. © Radio-France
Marie Martirossian

Situation « aberrante », pour les habitants du numéro 4

Mais tous les habitants de la rue ne sont pas dans la même situation : ceux du numéro 4 ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. En question : l’entreprise qui a réalisé les travaux rue de Trévise réclame 200 000 euros encore impayés et dus, à l’assurance de l’immeuble, qui n’a pas payé, selon les informations obtenues par les riverains. “C’est une situation complètement absurde.», conteste Dominique Paris, résidente du 4 rue de Trévise et présidente de l’association Trévise Ensemble, qui regroupe les résidents de 4 et 6 ans.Tant que l’assurance ne paie pas, nous n’aurons pas le droit d’entrer dans notre propre immeuble, nous n’avons pas nos clés ni notre digicode pour entrer, tout cela pour de l’argent, alors qu’on nous le dit depuis deux ou trois mois que nous rentrerions chez nous début novembre. C’est absurde !

Au numéro 6 de la rue de Trévise, tous les habitants ne sont pas encore rentrés, et certains restent trop touchés par le drame et ne souhaitent pas rentrer.
Au numéro 6 de la rue de Trévise, tous les habitants ne sont pas encore rentrés, et certains restent trop touchés par le drame et ne souhaitent pas rentrer. © Radio-France
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Elle a signalé le problème à la mairie du 9e arrondissement, qui a ouvert une cellule de crise pour gérer la situation – «depuis le début, la maire du 9ème arrondissement et son équipe sont aux petits soins pour nous aider“, adds Dominique Paris. “Et je tiens à dire que sans le soutien de notre association de résidents, il serait vraiment très difficile de tenir dans ces moments-là.Vanessa, co-fondatrice de l’association Trévise Ensemble avec Dominiqueajoute : «Dans toute cette horreur, il y aura quand même eu du positif : les amis que nous avions sont devenus des amis encore plus proches, les liens que nous avions avec les autres habitants, qui n’étaient que voisins avant l’explosion, se sont renforcés.

Les habitants du numéro 4 espèrent rentrer chez eux au plus vite. Les déménagements au numéro 6 se poursuivront tout au long du mois de novembre. En revanche, certains anciens habitants ont déjà affirmé qu’ils ne retourneraient pas vivre dans la rue, trop marqués par l’explosion d’il y a près de six ans.

 
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