A Abjat-sur-Bandiat, en Dordogne, la commune a décidé de mettre en lumière l’histoire des hommes tombés au combat lors de la guerre 1914-1918. Dans une exposition gratuite toute la journée, elle retrace le parcours de chacun de ses enfants à quatre pattes.
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Une liste de noms, mais aussi d’histoires et de parcours de vie. A Abjat-sur-Bandiat, petit village de Dordogne de 630 habitants, la mémoire des 64 hommes tombés au front pendant la Première Guerre mondiale prend cette année un visage particulier. Lors de la cérémonie du 11 novembre, Fabrice Château, nouveau maire de la commune, a souhaité marquer un tournant dans cette commémoration.
L’élu a souhaité faire vivre les histoires de ces jeunes hommes arrachés à leur quotidien. « Ce qui nous tenait à cœur, c’était de retracer leur parcours de vie : leurs familles, leur enfance, leur métier, les lieux où ils se sont battus et, malheureusement, où ils sont morts et ont été enterrés. » il explique.
C’est avant tout une émotion et un devoir mémoriel que nous devons aux enfants d’Abjat.
Fabrice Chateaumaire d’Abjat-sur-Bandiat
Traditionnellement, les cérémonies commémoratives des Poilus se résument souvent à un appel aux morts, une énumération de noms. « J’ai trouvé ça un peu bref sachant que ce sont des jeunes qui, du jour au lendemain, ont arrêté leur activité, ont laissé tomber la charrue, le marteau, et sont allés au front en se disant : ‘dans trois mois, on est revenu’, et certains d’entre eux ils n’ont jamais revu leur village », explains Fabrice Chateau.
Pour rendre cet hommage plus vivant, le maire a lancé une recherche biographique, soutenue par Dominique Villeveygoux, coprésidente du Grin, un groupe d’histoire locale. “Au début, il voulait qu’on fasse seulement trois ou quatre feuilles, puis j’ai réalisé l’ampleur du travail et je lui ai dit qu’il fallait toutes les faire”, se souvient l’historien.
Le travail de recherche est long et minutieux. Il fallut six mois pour retrouver les traces de chacun des Poilus de la commune. « La grande majorité sont des agriculteurs, des paysans, explique Dominique Villeveygoux. Mais nous avons aussi un notaire, deux professeurs. “Ce sont tous des destins tragiques.” ajoute Fabrice Château. Chaque voyage, tragique et singulier, est désormais consigné dans un dossier biographique. Le tout est accompagné d’une photographie de l’endroit où l’homme est tombé, image retrouvée dans les archives départementales de la Haute-Vienne.
« C’est impressionnant, parce qu’on se rend compte de la réalité des choses. Si ces photos avaient été montrées aux gens à ce moment-là, ils auraient tous été horrifiés. »
Les histoires découvertes sont déchirantes. Comme celle de deux frères, tous deux prénommés Jean, décédés le même jour, l’un dans la Meuse, l’autre dans la Marne. « L’une m’a aussi particulièrement émuinsiste le maire, Fabrice Château. Un homme parti comme ses camarades le 2 août, qui a passé toute la guerre blessé, mais qui est mort au front dix jours avant l’armistice.
Ce sont des trajectoires bien particulières qui méritent le respect de ceux d’entre nous qui poursuivent cette mémoire.
Fabrice Chateaumaire de la ville d’Abjat-sur-Bandiat
Beaucoup de ces soldats n’ont jamais eu de sépulture digne de ce nom. « Ils ont été tués sur le champ de bataille, enterrés sur place, car ils essayaient de ne pas laisser les corps pourrir sur place et il suffisait qu’un obus tombe dessus pour que rien, ou très peu, ne soit retrouvé. “, précise l’historien.
C’est une population très jeune qui est décimée, car ceux qui sont revenus ne sont pas revenus indemnes.
Dominique Villeveygouxco-président du groupe de recherche historique nontronnais
A l’occasion de la commémoration, une exposition gratuite consacrée aux 64 militaires d’Abjat-sur-Bandiat est ouverte toute la journée du 11 novembre à la mairie. Dominique Villeveygoux animera également une conférence à 15h pour partager le fruit de ses recherches et rendre hommage à ces vies interrompues.