« Sur une moyenne de 180 000 bouteilles par an, nous en exportons 60 à 70 000 directement, et près de 20 000 via un distributeur bordelais. » Au final, près de la moitié de la production du domaine du Haut-Surget, son Lalande-Pomerol par exemple, part à l’étranger. « Un quart part vers les Etats-Unis, depuis vingt-cinq ans, un chiffre stable », poursuit Patrick Fourreau, ce samedi 9 novembre 2024 à Brest Expo, lors des « Aux Vignobles ! « . « Même pendant la pandémie de covid, cela ne s’est jamais arrêté, contrairement à d’autres pays. »
“S’il nous le fait par degrés de vin…”
Alors le retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis l’inquiète un peu. « S’il ne surcharge que les produits de luxe, ce n’est pas notre cas, à 25 ou 30 euros la bouteille. S’il nous parle en degrés de vin… Le réchauffement climatique nous a beaucoup aidé sous sa présidence, lorsqu’il taxait les vins en dessous de 14,5°. Nous sommes encore à 14,5 cette année mais nous avons eu une année à 13 ou 13,5. Nous risquons de voir notre importateur sauter un millésime, si la mesure revient.»
“Cela fait deux ou trois ans que nous intensifions les exportations, cela représente un peu moins du quart de notre production et, à terme, nous aimerions atteindre 40%”, confie Vincent Denis, du domaine Petit Clocher (49), vins d’Anjou et du Layon. « Les États-Unis représentent environ 20 % de ces exportations. À la fin du mandat de Trump, il avait imposé une taxe de 25 %. Nous avons baissé nos prix et perdu des volumes. Mais Biden a annulé cela et nous avons rattrapé cela l’année suivante. Il n’y avait plus assez de conteneurs à approvisionner ! « .
Depuis le covid, baisse des exportations vers la Chine
Mais il ne s’agit pas seulement de l’Oncle Sam. «Nous exportons pas mal mais peu vers les Etats-Unis», précise Joël Bonneau, originaire de Saint-Ciers-sur-Gironde (33), appellation Blaye, qui n’a pas manqué une édition de ce salon brestois. « On envoie une dizaine de palettes au Québec, il y a l’Europe du Nord, le Ghana en Afrique, le Japon, la Chine. Mon fils y retourne ces jours-ci, pour des dégustations et voir des professionnels. Depuis le covid, dans ce pays, on a beaucoup réduit ! « .
Il n’est pas le seul. Patrick Fourreau possède des succursales en Afrique de l’Ouest, à l’étranger, au Canada et en Thaïlande. « On commençait à bien vendre en Chine, 7 000 à 8 000 bouteilles par an. Depuis le covid, beaucoup moins ! Le Mexique aussi : nous recommençons cette année, avec deux palettes… ».
Vincent Denis vend peu en Chine, « un marché qu’il faut bien connaître, avec de grandes différences culturelles mais nous exportons dans une vingtaine de pays. Nous essayons de nous diversifier, pour une plus grande durabilité. Là, nous cherchons en Ontario et en Alberta (Canada anglophone), bientôt en Suisse… Nous sommes concernés par la géopolitique mais cela rend le métier encore plus intéressant ! », clame-t-il.
Les vignerons, comme les professionnels d’autres domaines, doivent suivre. « C’est à nous de nous adapter aux clients et non l’inverse », conclut Patrick Fourreau.
Pratique
Salon « Aux Vignobles ! » », encore ce dimanche 10 (de 10h à 19h) et lundi 11 novembre 2024 (de 10h à 18h), à Brest Expo, parc Penfeld, à Guilers. Tarifs : 5 € par adulte, gratuit moins de 18 ans. Billetterie : auxvignobles.fr