Alors que le gouvernement réfléchit à la création d’une deuxième journée de solidarité pour soutenir la prise en charge des personnes âgées et handicapées, l’idée de supprimer un jour férié refait surface. La mesure, déjà appliquée pour le lundi de Pentecôte, suscite de vives réactions. Explications.
Un nouveau jour férié de moins ?-Darkmoon_Art-pixabay.jpg
Une proposition pour réduire le déficit de l’État
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a récemment salué la proposition d’instaurer une deuxième journée de solidarité. Cette mesure, qui pourrait conduire à la suppression d’un jour férié supplémentaire, est à l’étude alors que la France cherche des solutions pour réduire son déficit, estimé à 6,2% du PIB en 2024. Selon le ministre, cette initiative pourrait contribuer à créer de la richesse en encourageant aux Français de « travailler plus » et de « dépenser moins », un effort collectif destiné à maintenir l’équilibre budgétaire. L’enjeu est de taille : alors que les dépenses sociales augmentent, la solidarité envers les personnes âgées ou handicapées représente un coût croissant pour les finances publiques.
Un modèle inspiré de la journée solidaire du lundi de Pentecôte
Depuis 2004, le lundi de Pentecôte s’est transformé en journée de solidarité. Initialement conçue pour répondre aux besoins de financement liés à la canicule de 2003, cette journée de travail permet aux employeurs de contribuer à la prise en charge des personnes dépendantes. En 2023, cette journée a rapporté 3,2 milliards d’euros à l’État, dont 2,4 milliards provenant de la contribution de solidarité pour l’autonomie des salariés. Selon un rapport sénatorial, l’ajout d’une deuxième journée de solidarité pourrait rapporter autant, soit 2,4 milliards d’euros supplémentaires. Un chiffre qui retient l’attention du gouvernement, dans un contexte où il faut trouver de nouvelles sources de financement pour éviter des coupes budgétaires drastiques.
Réticences des syndicats et des salariés
La proposition de supprimer un autre jour férié pour instaurer un nouveau jour de solidarité ne convainc cependant pas les syndicats et les salariés, qui y voient une perte de pouvoir d’achat. Denis Gravouil, responsable de la CGT, s’est indigné auprès de RMC contre cette mesure, estimant qu’elle ferait perdre aux travailleurs, notamment les plus pauvres, « une journée de salaire ». Pour lui, ce système « fait payer aux salariés le coût de la solidarité » en les obligeant à travailler gratuitement.
Un défi pour le gouvernement
La création d’une deuxième journée de solidarité repose sur un équilibre délicat entre les impératifs économiques de l’État et les attentes des travailleurs. Même si le gouvernement peut espérer des recettes importantes, le défi est de taille pour convaincre les Français de l’utilité d’un tel effort, dans un contexte social déjà tendu. Face aux critiques, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a précisé vouloir « laisser de la flexibilité » quant au choix du jour férié concerné, mais sans donner de date précise. Pour l’instant, le projet reste une idée, mais il reflète clairement le dilemme que doit résoudre le gouvernement pour préserver la solidarité tout en respectant le pouvoir d’achat des citoyens.