TÉMOIGNAGES. “Il a compris jusqu’où il pouvait aller”, livre d’or, fresque… Les nombreux hommages à Ben

TÉMOIGNAGES. “Il a compris jusqu’où il pouvait aller”, livre d’or, fresque… Les nombreux hommages à Ben
TÉMOIGNAGES. “Il a compris jusqu’où il pouvait aller”, livre d’or, fresque… Les nombreux hommages à Ben
Publié le 06/06/2024 à 17h50

Écrit par Hélène France

Ben ne supportait pas de vivre sans Annie. Ben, l’artiste par excellence de l’Ecole de Nice, le philosophe poétique et impertinent, le peintre des mots iconoclaste et provocateur, a mis fin à ses jours quelques heures seulement après la mort de sa femme. Depuis, les hommages ne cessent d’affluer.

« Nous étions près d’Aspremont, sur la terrasse, dans le jardin avec Ben et Annie pour la remise des prix de la dictée occitane. J’ai emmené des élèves de CM1 de l’école Saint-Philippe Néri à Antibes avec leurs parents. C C’était le 16 mars. Cristòu Daurore, professeur niçois et président de la République de Nissa se souvient.

>>

Chez Ben et Annie, au son de la vielle, avec les enfants gagnants du concours de dictée occitane « On jouait au paillassou dans le jardin, ils ont adoré ! C’était il y a tout juste 2 mois… » Cristou Daurore

© Nissa Pantai Cristou Daurore

Il fut parmi les premiers à prévoir un hommage à Ben Vautier. Elle aura lieu lundi 17 juin à l’occasion de la Fête nationale occitane, à 18 heures place Garibaldi à Nice.

Car Ben et les langues minoritaires ou opprimées, c’est une longue histoire. “C’était un véritable militant. dit Cristòu Daurore. L’association Nissa Pantai a publié deux livres, dont un en provençal, une pièce de Franc Baldet.

L’autre, une collection d’articles classés par ordre alphabétique. Ben s’est porté volontaire pour couvrir les deux livres.

>
>

Eh bien avec le livre d’Andrieu Abbe, Abecedari et celui de Franc Baldet, Nissa Pantai d’où sont tirées les dictées en occitan.

© Nissa Pantai Cristou Daurore

« À chaque fois, il m’a aidé sur des projets depuis 20 ans que nous nous fréquentons. Quand j’ai créé la radio en 2008, c’est lui qui a écrit le nom NISSA PANTAI… et il suffisait qu’il écrive pour que les gens s’y intéressent ! Cela a été un énorme coup de pouce. D’ailleurs Ben et Annie sont les parrains et marraines de la radio. Lorsque j’ai créé la monnaie locale en décembre 2017, Ben a immédiatement écrit le nom du billet « Nissart ». C’était sa manière de soutenir les causes qu’il défendait, comme la bretonne, la catalane ou le basque. explique Cristòu Daurore.

>Ben a écrit le nom du poste et une phrase qui veut dire que celui qui détient la langue détient la clé, c'est à dire la compréhension des gens. Ce ticket est vendu 10 euros au profit de l'école maternelle niçoise, Calandreta.
>

Ben a écrit le nom du poste et une phrase qui veut dire que celui qui détient la langue détient la clé, c’est à dire la compréhension des gens. Ce ticket est vendu 10 euros au profit de l’école maternelle niçoise, Calandreta.

© Nissa Pantai Cristou Daurore

« Pour Ben, comme pour François Fontan, fondateur du Mouvement Autonomiste Occitan, dont il a acheté la maison dans le Piémont, c’est la langue qui définit une Nation. Ben avait remarqué que lorsqu’il faisait ses « écrits » dans les langues locales, ça ne se vendait pas ! C’est pourquoi il a écrit sur tous les diplômes qu’il a remis aux lauréats du concours de dictée occitane du 16 mars dernier. Et par la suite, il a remis à chacun des articles de papeterie à son nom. les enfants de la classe. Il était vraiment généreux. »

>La remise des diplômes aux lauréats du concours de dictée occitane dans le jardin de la maison de Ben et Annie
>

La remise des diplômes aux lauréats du concours de dictée occitane dans le jardin de la maison de Ben et Annie

© Nissa Pantai Cristou Daurore

Autre hommage, celui des Niçois et de la ville de Nice où un livre d’or est déposé dans la mairie pour quiconque voudrait écrire quelques mots.

Celle d’un collectif d’artistes de Whole Street qui graffaient un mur pendant la nuit. Une fresque monumentale s’étend sur le support à l’extrémité de la voie rapide place du XVᵉ Corps. Le nom de l’artiste, ses dates de naissance et de départ et deux mots : «par amour… »

« Nous étions 6 ou 8 à dessiner cette fresque et nous avons décidé hier après-midi, explique Brian Caddy. « Nous avons été très choqués lorsque nous avons appris le décès de Ben, de sa femme et surtout les circonstances. On s’est dit, on va faire un fond complètement noir et on va écrire en blanc dessus comme Ben l’a fait. C’est important de retranscrire un peu son œuvre à notre manière aussi, pour avoir cet hommage. 1 heure de peinture tout en noir, puis on a décidé de faire un portrait… On a longuement discuté sur le mot qu’on allait mettre, qu’on allait lui laisser… On a trouvé « for love… » For love pour sa femme, par amour de l’art, par amour de l’art.

>Les street artistes du collectif niçois Whole Street souhaitent que l'œuvre soit complétée par d'autres personnes.
>

Les street artistes du collectif niçois Whole Street souhaitent que l’œuvre soit complétée par d’autres personnes.

© France Montagne /FTV

L’Élysée lui a également rendu hommage dans un communiqué qui mentionnait un artiste qui « a sans cesse repoussé les limites pour mieux écrire le désastre, l’insolence et la beauté ».

>Ben et son ami Jean Ferrero
>

Ben et son ami Jean Ferrero « On a fait des bêtises ! J’ai poussé au crime et il aimait faire des spectacles ! dit Jean Ferrero

© Photo Ferrero

Enfin, l’hommage le plus vibrant est celui de son ami, photographe, marchand d’art Jean Ferrero : « Nous nous connaissons depuis l’époque portuaire, dans les années 50 et 60. Son talent était l’ordre du désordre. Tout était rangé dans des cahiers et il savait toujours où tout se trouvait. C’était quelqu’un de très intelligent. Il a compris jusqu’où il pouvait aller. Il a provoqué, mais il a su s’arrêter. Il est venu me voir il y a quelques jours et il devait venir avec Annie, mais elle n’allait vraiment pas bien. Il a dû revenir avec elle et nous avons discuté de la possibilité de faire une petite exposition.

Je n’ai pas été surpris par ce qui s’est passé. Annie était affaiblie et Ben me dit : le jour où elle disparaît, je disparais dans l’heure. Il avait des armes et de temps en temps, il se réveillait la nuit et pour embêter les voisins, il tirait avec des fusils… On a fait des bêtises, mais on ne peut pas anticiper la douleur. On commence sur une réplique et ça finit en larmes… !

Le dernier hommage aux époux Vautier sera rendu la semaine prochaine à Nice.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Prix ​​du gaz, démarque inconnue, nouveau plan d’économies… Ce qui change au 1er juillet