Quiconque s’est aventuré en direction du Plan du Pont ces dernières semaines n’a pas pu le manquer. Il s’agit d’un vaste projet qui a débuté juste après le quartier de l’Oratoire entre le Chemin du Plan du Pont et le Gapeau, dans le cadre du Programme d’action en prévention des inondations du Gapeau (PAPI) soutenu par le Syndicat Mixte du bassin versant.
Améliorer le flux
Après les travaux d’ingénierie écologique des berges du fleuve réalisés en 2022, c’est une nouvelle phase qui a débuté il y a quelques semaines et qui se poursuivra jusqu’en mai 2025 avec le détournement du canal de Muât. Objectif final : améliorer les débits et réduire les risques de débordement de la partie nord du lotissement Oratoire – plusieurs fois inondée – en détournant le canal de crue et en rétablissant son lit mineur sur 250 m (lire détails ci-contre).
« L’angle droit de l’ancien canal est mal étayé, avec un débordement frontal dans le lotissement, souligne le responsable du site. Il a été décidé de lui donner un angle, de l’agrandir pour augmenter sa capacité et ainsi répondre à une crue trentenaire. Avec bien sûr des contraintes qui compliquent la mise en œuvre. Comme le passage d’une conduite sous pression du canal de Provence, indispensable à l’irrigation, qu’il faut détourner.
Pour capter les eaux de ruissellement dévalant la colline et préalablement collectées par l’ancien canal, les exutoires pluviaux doivent être agrandis et restaurés.
Le passage à gué également traité
Parallèlement, le passage à gué de la Muât, situé quelques centaines de mètres plus loin, fait également l’objet d’un important ravalement avec renforcement par enrochements sur la rive gauche de la Muât afin de réduire les risques d’érosion des routes.
Présent pour découvrir l’avancée du chantier, le maire Jean-Pierre Giran accompagné du maire de Pierrefeu Patrick Martinelli – également président du syndicat paritaire du bassin versant du Gapeau – et du préfet Philippe Mahé, se sont félicités de cette nouvelle phase qui a débuté, malgré quelques protestations d’habitants sont également présentes (lire ci-contre).
« C’est une étape importante, je suis convaincu que la chaîne est importante. Ce n’est pas suffisant, c’est un long voyage, il va falloir continuer. Nous savons que nous ne pouvons pas tout faire en une journée. Nous sommes là pour amortir les crues décennales et trentenaires. Nous avançons vers le meilleur. a souligné le maire de la ville.
Demande de consultations supplémentaires
Et puis exiger l’organisation « des consultations supplémentaires pour voir comment améliorer, modifier, compléter le projet pour les phases ultérieures » qui doit permettre d’éviter les infiltrations d’eau dans l’ensemble du lotissement de l’Oratoire.
Dialogues animés avec les habitants de l’Oratoire
Présents en grand nombre pour découvrir le chantier et les explications qui l’accompagnent, les riverains n’ont pas hésité à poser des questions et à exprimer leurs inquiétudes voire leur insatisfaction face au PAPI (Programmes d’Actions de Prévention des Inondations) du Gapeau et des travaux en cours, futur, ou annulé. « Sur la liste du premier PAPI, il était précisé la création d’une digue avec une dérivation de 250 m du canal de crue.
Elle a disparu. Rehaussement de la chaussée sur le chemin du Plan du Pont. Le même. Le syndicat ne veut plus entendre parler du bassin de rétention prévu au Plan du Pont. C’est un ouvrage essentiel pour limiter et ralentir la crue. Vous détricotez le PAPI», a dénoncé un résident de l’Oratoire qui a ensuite rappelé les échéanciers des travaux.
« Le PAPI a été certifié en 2020, et la seule intervention que nous avons constatée a été la végétalisation de la berge avec une technique qui n’a donné aucun résultat. L’enrochement s’est arrêté trop tôt à notre goût. Les bâtiments au sommet de la berge continuent de se déverser. Depuis quatre ans, on nous promet des merveilles mais il n’y a rien. »
« Cela fait des années que nous travaillons sur le PAPI 2020, nous avons fait des études, des études complémentaires. Tout est fait pour que vous soyez présenté le plus efficacement possible. Nous nous sommes appuyés sur des bureaux d’études, des gens qui ont des compétences », répète Patrick Martinelli. « Les exigences que nous avons de l’État changent souvent et deviennent plus strictes. Nous ne faisons pas exactement ce que nous voulons. Les gros travaux prennent beaucoup de temps», a ajouté Jean-Pierre Giran.
“Je fais confiance aux bureaux d’études, ils nous ont dit que la digue n’était pas la bonne solution, et que le bassin ne servait à rien, mais j’étais prêt à le faire” a-t-il conclu avant d’appeler au “dialogue et concertation” pour l’avenir.