Dans les bourses militaires, les prix montent en flèche… «C’est devenu un vrai business»

Dans les bourses militaires, les prix montent en flèche… «C’est devenu un vrai business»
Dans les bourses militaires, les prix montent en flèche… «C’est devenu un vrai business»

De notre envoyé spécial à Sainte-Mère-Eglise (Manche),

Il était d’abord venu chercher « quelques bibelots » pour enrichir sa collection, rien de plus. Mais comme souvent, Patrick a cédé et est reparti les poches vides. Ce Normand, venu en voisin mardi à la bourse militaire de Sainte-Mère-Eglise, a cette fois sorti les tickets pour un objet rare. « C’est un porte-charge américain datant de 1942 », s’enthousiasme-t-il. Il servait à transporter des munitions pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour cette période d’équipement, le retraité a dépensé 300 euros. « Je voulais négocier un peu mais le vendeur n’a rien entendu », rigole-t-il. Ce n’est pas grave, je me suis amusé.

Patrick, un collectionneur normand, a craqué pour un porte-charge américain datant de 1942, acheté 300 euros.– J. Gicquel / 20 Minutes

Sous le grand chapiteau installé pour les 80 ans du Débarquement près de l’église du village normand, des milliers de passionnés d’objets militaires comme Patrick sont venus dénicher la perle rare. Celui qui viendra enrichir leur collection avant d’être remplacé par un autre. « Un collectionneur, c’est comme un toxicomane, il ne sait jamais comment s’arrêter », confie Philippe, originaire d’Annecy. Lui-même « toxicomane », il a cette fois enfilé la casquette de vendeur. Sur son stand, de nombreux couteaux, des uniformes militaires, mais aussi des capsules de soda vintage avec bouchons en liège.

“Une fois, j’ai mis 5 000 euros dans un casque”

Sur les stands à côté, tout l’équipement du soldat américain est en vente avec des casques, des masques à gaz, des gilets et des pelles pour creuser des tranchées. Mais aussi des objets du quotidien comme des articles de toilette, du matériel médical ou encore des bouteilles d’eau, des bols ou des couverts. Des « vieux trucs » selon certains, mais pour lesquels cette communauté kaki est prête à débourser des sommes folles. « J’ai mis un jour 5 000 euros dans un casque porté par un soldat américain de la 1re division d’infanterie à Omaha Beach », assure Patrick.

On retrouve même en vente des articles de toilette ayant appartenu à des soldats américains.– J. Gicquel / 20 Minutes

Ces dernières années, les prix se sont en effet envolés sur ce marché de niche. « Avant, ces objets intéressaient beaucoup moins de monde et il y avait beaucoup moins de professionnels », explique Philippe, collectionneur belge. Il y a aussi de moins en moins d’objets vintage sur le marché, et tout ce qui est rare coûte donc cher. Comme ces casques ou insignes de soldat qui se vendaient autrefois pour une somme dérisoire, et pour lesquels il faut désormais débourser plusieurs centaines, voire milliers d’euros. «C’est n’importe quoi, c’est devenu un vrai business», constate Francis, originaire de Lorraine, qui écume les bourses militaires depuis une vingtaine d’années.

De pâles exemplaires vendus pour des objets d’époque

C’est sans compter les escrocs qui ont flairé la couture, notamment sur Internet, en vendant de pâles copies d’objets d’époque. Avec, pour certains, une technique bien rodée. « Ils les enfouissent dans le sol ou utilisent de l’acide pour les faire vieillir », explique Rémy. Sur son stand, il garantit aux acheteurs que « tout est d’époque », affichant – lorsqu’elle existe – la date gravée sur l’objet pour certifier qu’il a vécu la guerre. « De toute façon, je me méfie de tout ce qui se vend sur Internet », assure Francis. J’ai besoin de voir l’objet et de le toucher pour m’assurer qu’il n’est pas faux.

Le collectionneur lorrain n’a rien contre les copies de militaria, il en possède d’ailleurs. « Bien sûr, il y en a pour tous les goûts », dit-il. Mais dans ce cas, le vendeur doit le préciser pour ne pas tromper l’acheteur. De l’avis des experts, la Bourse de Sainte-Mère-Eglise, l’une des plus importantes de la région, accueille très peu de vendeurs malhonnêtes. Et pas beaucoup d’armes, comme on a pu le constater. Dans les allées, deux gendarmes en civil effectuent des contrôles pour s’assurer que les armes détenues illégalement ou non neutralisées ne soient pas revendues.

Il en est de même des uniformes allemands ou des insignes ornés d’un symbole nazi, dont la vente n’est pourtant pas interdite. « Il ne faut pas les exposer aux regards de tous et peindre la croix gammée par exemple », explique un vendeur qui souhaite garder l’anonymat. En 2014, lors d’un précédent échange militaire à Sainte-Mère-Eglise, une centaine d’objets nazis avaient été saisis par la police.

 
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